Nord Kivu : l’ONG Heal Africa prend en charge des soins obstétricaux de 204 femmes

L’ONG Heal Africa a mené, avec succès, la campagne de réparation gratuite des fistules, prolapsus génitaux et autres complications gynécologiques à l’Hôpital général de référence (HGR) de Beni. Cette campagne  s’est clôturée à l’Hôpital général de référence de Lubero, au Nord-Kivu, fin février 2023. «Près de 204 femmes qui ont été délivrées et soulagées de diverses pathologies gynécologiques qu’elles n’ont que «trop longtemps portées», se dit Jeremy Katsavara, médecin directeur de l’Hôpital général de Beni.

Mme Kahambu (non d’emprunt) n’en revient pas de cette guérison après quatre ans de souffrance, seule avec ses trois enfants, un mari kidnappé par un groupe armé dans la région de Beni. Déplacée de guerre à Beni ville après avoir fui la cité de Erengeti, elle a vécu sous les affres d’une incontinence urinaire doublée d’un prolapsus génital qui lui ont rendu la vie dure dans sa situation de déplacée de guerre.

«A Beni, j’étais accueillie par une femme soignée dans les années passées, d’une fistule par une équipe médicale de l’hôpital Heal Africa en campagne chirurgicale pour femmes dans la ville. Consciente de la souffrance de cette catégorie des femmes, elle m’a soutenue en m’octroyant un travail de ménagère pendant que les autres me rejetaient à cause des odeurs nauséabondes que je dégageais. J’ai pu nourrir ma famille grâce à cette occupation », témoigne-t-elle à son arrivée à l’Hôpital général de référence de Beni où elle a vu sa pathologie réparée.

Prévenir et répondre aux VBG

«Dans notre milieu, chaque grossesse apporte son lot de stress quant aux problèmes de santé qui pourraient en découler», a indiqué un mari ayant accompagné son épouse aux soins à l’HGR de Lubero. Le besoin des soins obstétricaux spécialisés demeure donc très ressenti dans la communauté rurale en RDC.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale 2021, l’UNFPA a estimé entre 5000 et 7000 nouveaux cas de fistules obstétricales par an en RDC. L’agence des Nations unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive que l’incidence pourrait être plus élevée dans le contexte où l’accès aux services des soins obstétricaux d’urgence est faible, pouvant atteindre  deux cas de fistule obstétricale pour 1000 accouchements. Les soins spécialisés demeurent un besoin communautaire pour la femme vivant dans la partie Est de la République démocratique du Congo. C’est, en tout cas, ce qui ressort le plus à chaque descente en milieu rural dans les provinces de l’Est et toutes les autres régions enclavées du pays.

Pour prévenir ces cas de maladie et y répondre, l’ONG Heal Africa met en œuvre le Projet de prévention et réponse aux violences basées sur le genre, (PRVBG), un projet du Gouvernement congolais exécuté par le Fonds social de la République sous financement de la Banque mondiale.

Heal Africa s’emploie à mener des campagnes gratuites de chirurgie mobile pour la réparation des fistules, prolapsus génitaux, déchirures de périnée et bien d’autres complications gynéco-obstétricales dans la province du Nord-Kivu.

Les conflits armés exacerbent la vulnérabilité des femmes

Les conflits armés et guerres à répétition dans la partie orientale de la RDC ont rendu la femme encore plus vulnérable, dans un contexte culturel qui n’est déjà pas à son avantage en matière de santé de la reproduction. Dans les zones rurales, la mauvaise pratique obstétricale et la pauvreté, maintiennent la femme dans le développement de complications de l’accouchement.

Vu l’activisme des groupes armés dans la région, l’épreuve qu’a endurée Mme Kahambu ne constitue pas un cas isolé. C’est ce qui peut potentiellement arriver à chaque femme vivant dans le contexte de guerre et des conflits armés qui caractérisent la partie Est de la RDC. En proie à la pauvreté résultant de la guerre, la femme perd ses ressources, ses rêves et son espoir dans un avenir meilleur. Du coup, elle ne sait pas accéder aux soins spécialisés dont elle a besoin, et cela résulte de la survenue de complications de l’accouchement. La femme vivant dans la région a donc désespérément besoin de soins réparateurs. Pepe MIKWA/CP

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