DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, CHEF DE L’ÉTAT, PRÉSIDENT EN EXERCICE DE LA SADC LORS DE L’ÉCHANGE DES VŒUX AVEC LE CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Kinshasa – RD Congo, Lundi 30 Janvier 2023

Honorables Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ; Monsieur le Premier Ministre ;

Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères ; Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Membres du Corps Diplomatique et Consulaire ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations internationales accrédités en République Démocratique du Congo ;

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ; Mesdames et Messieurs ;

Je vous remercie tous pour votre présence à la cérémonie de ce jour, et particulièrement, Vous, Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique, pour les vœux de nouvel an 2023 que vous venez de formuler à mon endroit, à ma famille et ainsi qu’au peuple Congolais, au nom du Corps Diplomatique et Consulaire, ainsi que des Organisations Internationales accréditées en République Démocratique du Congo.

Monsieur le Doyen du Corps diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

L’année 2022 dont nous venons de tourner la page a été marquée, sur le plan international, essentiellement par la diminution très sensible de la propagation de la pandémie de coronavirus, COVID-19, l’éclatement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et par la tenue de la COP27 à Sharm El Sheikh, en Égypte.

Si nous nous réjouissons de l’arrêt quasi-total de la propagation exponentielle du COVID-19 grâce aux progrès de la science médicale et à la solidarité internationale, force est, cependant, de constater que la guerre russo-ukrainienne nous ramène à une époque de l’histoire de l’humanité révolue, en vidant de leur substance les fondamentaux sur lesquels reposent les relations entre les nations, à savoir notamment le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.

Elle met à nue l’obsolescence du principe de l’équilibre des forces issu de la dernière guerre mondiale, de même que les faiblesses des mécanismes de règlement des conflits internationaux en vigueur fondés sur la puissance de feu des États, mieux la capacité destructive des belligérants. De même, l’accentuation de la crise énergétique et alimentaire que la guerre russo-ukrainienne a provoquée particulièrement dans les pays en développement appelle à la réflexion sur la pertinence du modèle de coopération Nord-Sud dans ces domaines.

La position de la République Démocratique du Congo sur ce conflit reste ancrée sur le respect du droit international et le dialogue pour une solution négociée de la crise comme l’a préconisée l’Union Africaine. Aussi, lance-t-elle, un appel pressant aux protagonistes de suivre la voie de la sagesse proposée par les africains en lieu et place de se lancer dans une escalade militaire comme nous l’observons, aujourd’hui, impuissants. Une telle escalade n’incite pas à l’optimisme et plante le décor d’une conflagration qui risque de reproduire les tragédies du passé.

Quant à la 27ième Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, COP-27, elle a offert à la République Démocratique du Congo l’opportunité d’affirmer sa participation active au leadership dans la lutte contre les changements climatiques tant au niveau africain que mondial.

Mon pays a atteint cet objectif global, d’abord, par l’organisation, en collaboration avec la République Arabe d’Égypte et en partenariat avec les États du Bassin du Congo, des travaux préparatoires de la COP 27 (la pré-COP27) successivement à Yangambi, du 05 au 07 septembre 2022 pour le segment scientifique et à Kinshasa, du 03 au 05 octobre de la même année pour le segment ministériel.

Ensuite, au cours des travaux proprement dits de la COP27, la République Démocratique du Congo a contribué, notamment, à renforcer l’intérêt de la communauté climatique internationale sur le Bassin du Congo et tissé des partenariats utiles pour matérialiser notre rôle naturel de pays-solution à la crise climatique.

À  cet effet, elle a obtenu notamment, la création d’un fonds spécial pour les pertes et préjudices en synergie avec les pays du G77 et la République Populaire de Chine ainsi que le financement du Projet de l’Initiative- Mobilité sur les changements climatiques pour l’année 2023, ce qui permettra à l’Etat congolais d’anticiper sur les mesures d’atténuation de catastrophes liées au changement climatique. Je salue ici également la signature entre la République Démocratique du Congo, le Brésil et l’Indonésie, d’un accord de mutualisation des stratégies face aux enjeux mondiaux sur le climat.

Cependant, en dépit de ses résultats encourageants, nos inquiétudes demeurent quant à la mise en œuvre effective des belles résolutions adoptées et des promesses faites lors des différents fora internationaux sur les changements climatiques particulièrement dans le cadre des Conférences des Parties à la Conventions des Nations Unies sur ces changements.

À ce sujet, mon pays ne cesse de stigmatiser le manque de volonté politique et la mauvaise foi des pays du G20, responsables de près de 80% de la pollution atmosphérique et de la destruction de la biodiversité, qui n’honorent pas leurs engagements particulièrement envers les pays les moins avancés pour encourager leurs efforts de préservation de l’écosystème. La conséquence logique de ce comportement du G20 est que le niveau de réchauffement climatique ne baisse pas en dépit des multiples proclamations de foi, des annonces des contributions et des nombreuses résolutions prises.

Pour la République Démocratique du Congo, le combat contre les changements climatiques ne peut être gagné que s’il est collectif, c’est-à-dire, impliquant la mutualisation des efforts, la justice et la solidarité internationale.

C’est pourquoi, mon pays reste ouvert à la coopération et au partenariat constructif en la matière, notamment, dans la transition énergétique et l’optimisation de l’exploitation de ses ressources naturelles pour booster son économie et améliorer les conditions de vie de ses populations, tout en sauvegardant sa riche biodiversité dans l’intérêt de l’humanité tout entière. C’est ici le lieu de mentionner spécialement la création du Groupe de travail conjoint « États-Unis d’Amérique-République Démocratique du Congo » sur les énergies renouvelables, la conservation et la gestion des forêts congolaises ainsi que l’Accord signé avec la Zambie sur le projet d’implantation de l’industrie de fabrication des batteries électriques, projet appuyé par les États-Unis d’Amérique.

Monsieur le Doyen du Corps diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

L’Afrique a aussi vécue l’année 2022 au rythme du Sommet Union Européenne-Union Africaine, tenu à Bruxelles du 17 au 18 février, de la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD), à Tunis du 27 au 28 août 2022, et du Sommet États-Unis d’Amérique-Afrique, organisée à Washington du 13 au 15 décembre dernier. Ces différentes rencontres internationales de haut niveau entre les leaders africains et ceux des pays d’autres continents, témoignent de l’intérêt de plus en plus croissant porté sur l’Afrique comme terre d’avenir et du rôle stratégique qu’elle doit jouer sur la scène internationale.

Cependant, notre continent ne peut efficacement assumer ce destin et optimiser sa position actuelle que si les africains sont unis et adoptent le même langage sur base d’une ambition commune. Ceci suppose moins de dissensions internes et plus de capacité d’autorégulation.

C’est pourquoi, la République Démocratique du Congo se réjouit du règlement pacifique de la crise politico-militaire en Éthiopie et en félicite le Gouvernement éthiopien, le Front de libération du peuple du Tigré ainsi que tous ceux qui ont contribué à cette solution. Elle a noté, avec satisfaction, la perspective du règlement du conflit qui oppose depuis plus de 10 ans, d’un côté l’Éthiopie, à l’Égypte et le Soudan ; de l’autre, la perspective ouverte, il y a quelques jours, par les Gouvernements de l’Éthiopie et du Soudan. Nous encourageons les dirigeants de ces deux pays frères dans ce sens.

Mon pays se félicite, aussi, de l’élargissement de la Communauté d’Afrique de l’Est dont il est devenu membre depuis le mois d’avril de l’année écoulée ; adhésion, également, appréciée par d’autres pays de la région.

Néanmoins, la République Démocratique du Congo déplore la persistance des changements anticonstitutionnels des gouvernements en Afrique, changements qui, du reste, n’apportent aucune solution ni à la problématique de la gouvernance dans les pays concernés ni au terrorisme qui les déstabilisent et tuent leurs populations.

Dans le même sens, le Peuple congolais refuse d’admettre que l’Union africaine et les Communautés régionales peinent souvent à éteindre les foyers de tensions en Afrique, se limitant à des déclarations et formules alambiquées peu suivies d’effets ou, dans le pires des cas, se font aphones sinon indifférentes là où il demeure d’œuvrer rapidement pour faire avancer le développement du continent. Nous, africains, réduisons nos chances de progrès et d’intégration si nous ne nous libérons pas de telles pesanteurs qui nous privent des capacités d’émancipation collectives et nous maintiennent dans la dépendance extérieure.

C’est pourquoi, la République Démocratique du Congo insiste sur la nécessité d’accélérer la réalisation de la Zone de Libre Échange Continental Africaine,

« ZLECAF » en sigle, et des projets intégrateurs inscrits dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.

Nous appelons aussi l’Union africaine et les Communautés régionales à œuvrer sans relâche à l’éradication des groupes armés et du terrorisme dans les pays africains. Ce fléau, est un véritable cancer qui ruine nos efforts de développement national, détruisent nos populations et les relations entre nos États.

Monsieur le Doyen du Corps diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

Depuis l’année dernière, j’ai eu le privilège d’être porté par mes pairs de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale, «CEEAC» en sigle, et ceux de la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe, en sigle «SADC», successivement à la tête de ces deux Organisations régionales. Je leur en sais très gré.

En ma qualité de Président en exercice, ma préoccupation majeure demeure de contribuer autant que je le peux à la réalisation des idéaux et objectifs de la CEEAC et de la SADC.

Bientôt, je passerai le témoin au nouveau Président de la CEEAC qui trouvera certainement sur la table le dossier de la crise politique au Tchad. Avec le concours de la Commission de la CEEAC, je m’emploie à créer les conditions de la solution de cette crise fort regrettable. J’appelle d’ores et déjà mes frères tchadiens de faciliter la tâche au médiateur et de travailler avec lui pour une véritable réconciliation nationale et la restauration de l’ordre démocratique républicain. Quoiqu’il en soit l’avenir du Tchad relève d’abord de la responsabilité des Tchadiens eux-mêmes. Nul ne peut leur imposer une solution quelconque.

C’est également sur cette note que j’ai l’honneur de vous annoncer que depuis ce 1er janvier 2023, la République Démocratique du Congo a pris la tête de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, en sigle OHADA, dont j’assume la Présidence de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement tandis que le Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux de la République Démocratique du Congo assure la Présidence du Conseil des Ministres de cette Organisation.

Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

S’agissant de la République Démocratique du Congo, le Gouvernement a poursuivi les efforts de réalisation de son programme d’action pendant l’année qui vient de s’écouler sur les axes prioritaires suivant : la restauration de la paix et de la sécurité, le renforcement de l’autorité de l’Etat, la relance de l’économie nationale, l’assainissement de la gestion des finances publiques, la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, la construction d’infrastructures, la protection de l’environnement, l’amélioration des conditions de vie des populations, la Couverture santé universelle, la gratuité de l’enseignement de base, l’autonomisation de la femme, la promotion de l’entreprenariat des jeunes, la réhabilitation de 145 Territoires administratifs du pays et la relance de la diplomatie congolaise.

Dans mon discours sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, j’ai dressé le bilan de l’action gouvernementale pour l’exercice 2022. Point n’est besoin d’y revenir. Tout observateur de bonne foi, ne peut que reconnaître les avancées significatives réalisées dans la quasi-totalité des secteurs ciblés.

J’exprime toute la gratitude du Peuple congolais aux partenaires multilatéraux et bilatéraux qui ont contribué à ces avancées.

Je m’en voudrais si je ne rappelais pas ici deux évènements historiques qui ont donné un relief particulier aux relations entre le Royaume de Belgique et la République Démocratique du Congo. Il s’agit, d’abord, de la restitution, le 21 juin dernier, de la relique du Feu Patrice Emery LUMUMBA, Héros national et premier Premier Ministre de la République Démocratique du Congo ; ce qui a permis au Peuple congolais de lever définitivement son deuil conformément à nos traditions, et de lui ériger un mémorial digne de son sacrifice suprême. Ensuite, la visite officielle au Congo de sa Majesté le Roi PHILIPPE de Belgique et de son épouse la Reine Mathilde, du 07 au 14 juillet. Cette visite a scellé davantage l’amitié belgo-congolaise et relancé la coopération entre les deux pays gelée depuis 2015. La République Démocratique du Congo reste attachée à cette coopération et s’emploiera à réaliser tous les engagements pris.

Dans le même registre, le Peuple congolais se souvient aussi de la visite officielle effectuée par le Président de la République de Türkiye, Son Excellence Monsieur RECEP TAYYIP ERDOGAN à Kinshasa, du 20 au 21 février. Plusieurs accords de coopération ont été signée à cette occasion dont certains sont déjà en exécution. Elle l’en remercie sincèrement.

Cependant, en dépit des progrès incontestables relevés, ci-dessus, l’année dernière a été jalonnée, par des épreuves douloureuses dans les relations entre la République Démocratique du Congo et certains pays voisins, en particulier le Rwanda qui, depuis 23 ans, s’est toujours octroyé le droit de nous agresser et de commanditer des crimes abominables sur son territoire national au mépris du droit international, de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union Africaine.

Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Membres du Corps Diplomatique et Consulaire ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations internationales accrédités en République Démocratique du Congo ;

M’adressant à vous qui partagez avec nous le quotidien et, de ce fait, témoins de l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda, de son soutien au groupe terroriste du M23 et des crimes perpétrés contre la population congolaise, j’aimerais vous rappeler quelques faits.

Le Gouvernement congolais a publié en novembre dernier un Livre Blanc qui établit, preuves à l’appui, les faits ainsi que leur qualification en droit international.

Après le rapport mapping d’il y a plus de 5 ans déjà, celui du Groupe d’experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU du mois de septembre dernier, a bien documenté le fait d’agression ainsi que l’implication active des Forces de Défense du Rwanda, « RDF » en sigle, dans les crimes de guerre et contre l’humanité commis par le M23 au Nord-Kivu. Les pays et organisations internationales que vous représentez en République Démocratique du Congo et vous-mêmes êtes désormais bien au fait de toute la vérité sur la crise et l’insécurité rencontrées à l’Est de notre pays.

Certains de vos pays ont reconnu la vérité des faits et pris le courage de dénoncer les interventions du Rwanda en République Démocratique du Congo et son soutien au M23. Ils ont demandé, sans ambages, la cessation de ce soutien et le retrait du M23 des territoires occupés.

Dans ce cadre, le Peuple congolais salue les positions prises le 20 décembre 2022 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies à travers ses résolutions 2666, qui a renouvelé le mandat de la MONUSCO pour un an ; et 2667, levant l’obligation de notification d’achats d’armes par la République Démocratique du Congo ; positions soutenues en amont par certains partenaires, notamment : la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, et la Chine tout en réaffirmant leur attachement à la souveraineté ainsi qu’à l’intégrité territoriale des pays de la Région des Grands Lacs.

Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

La solution à la crise sécuritaire qui réunit un très large consensus, sinon, l’unanimité de la communauté internationale est connue. Elle s’articule autour des actions prévues par le processus de Nairobi, la feuille de route de Luanda et le Communiqué final du Mini-Sommet de Luanda du 23 novembre 2022 soutenu par le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’UA, l’EAC et la SADC.

Pour rappel, tous les instruments de sortie de crise exigent :

1. La cessation des hostilités et le dépôt des armes par les terroristes du M23 ;

2. Le retrait du M23 des zones occupées sur le territoire congolais ;

3. Le retour des déplacés de guerre à leurs domiciles ;

4. La cessation de tout soutien du Rwanda au M23 ;

5. La neutralisation de tous les groupes armés nationaux et étrangers opérant en République Démocratique du Congo par la Force régionale de l’Afrique de l’Est et les FARDC avec l’appui de la MONUSCO ;

6.     Le désarmement et le cantonnement des éléments du M23 en territoire congolais ;

7.     La poursuite du dialogue politique entre les groupes armés et leurs gouvernements respectifs ;

8.     Le retour des réfugiés dans leurs pays d’origine ;

9.     Le dialogue entre les pays de la région des Grands Lacs pour la normalisation des relations entre eux ; et enfin,

10.  La mise en œuvre dans chaque pays du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation.

Il ne reste plus qu’à appliquer cette feuille de route pour que la paix et la sécurité soient restaurées à l’Est de notre pays et dans la Région des Grands Lacs.

Les autorités rwandaises et leurs affidés du M23 ne cessent de s’employer à mettre en échec toutes tentatives de mise en œuvre des actions, ci-dessus. Avec la même arrogance et le mépris des instances internationales, ils poursuivent leur entreprise criminelle au Nord-Kivu. L’expiration de l’échéance du 15 janvier et les attaques des RDF ainsi que des M23 de la semaine dernière à Kitchanga ne laissent plus aucun doute quant à ce.

Toujours la même rengaine ressassée à souhait par les dirigeants rwandais, à              savoir : « FDLR » et discours de haine contre les rwandophones. Certains s’autoproclament mêmes « incontournables » pour mettre fin à l’insécurité qu’ils ont créée à l’Est de notre territoire. D’autres allèguent le caractère « superficiel » des frontières entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda qui les autoriserait à intervenir au Nord-Kivu pour « sauver leurs compatriotes soi-disant maltraités ».

Maintenant que la Force régionale de l’Afrique de l’Est est présente au Nord-Kivu et un Mécanisme ad hoc de vérification dirigé par un Officier angolais, le Général João Naconne est opérationnel aux côtés du Mécanisme de vérification élargi de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs, aucun crédit ne peut être accordé à ces allégations qui ne sont étayées par aucune preuve irréfutable ; preuve que, du reste, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo attend toujours des autorités rwandaises et de la communauté internationale.

Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs ;

De tout ce qui précède, je voudrais souligner, à l’attention de l’opinion nationale et internationale que les vrais enjeux de l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda et de la crise sécuritaire à l’Est de mon pays sont économiques et hégémonistes. Aucun Congolais n’est dupe ni naïf sur cette évidence.

Que tout le monde sache, hier, aujourd’hui et demain, aucune génération de mes compatriotes ne cèdera ni n’aliénera un centimètre carré du territoire national à quiconque, pour y établir une colonie de peuplement ou d’exploitation.

Comme je l’ai dit à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies, nous défendrons l’intégrité de notre territoire, la souveraineté et l’indépendance de notre pays quoi qu’il en coûte.

Je voudrais particulièrement mettre l’accent sur la solidarité exprimée envers le peuple congolais aux travers des efforts considérables investis par les Chefs d’Etats des pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est dans le cadre du processus de Nairobi, facilité par le Président Honoraire du Kenya, Son Excellence Uhuru Kenyatta, en vue d’une solution durable au phénomène des groupes armés locaux et étrangers dans cette partie de notre pays dont le M23.

Dans le même registre, je salue également les bons offices du Président Joao Lourenço de la République sœur d’Angola, mandaté par l’Union Africaine avec l’appui de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs.

Toujours sur ce chapitre, je voudrais remercier tous les pays qui nous ont soutenu dans nos efforts pour pacifier notre pays, notamment les pays contributeurs de troupes au sein de la MONUSCO, ainsi que tous les autres acteurs humanitaires. Je réitère la demande du Gouvernement congolais introduite, depuis septembre dernier, auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies, d’examiner le rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire à l’Est, du reste déjà distribué aux États-membres ; et d’infliger des sanctions individuelles et collectives aux autorités rwandaises, aux terroristes du M23 ainsi qu’à l’État rwandais qui bafouent le droit international et commettent des crimes ainsi que des violations graves des droits de l’Homme au Nord-Kivu. Continuer à cacher la vérité déjà connue de tous et refuser de débattre de ce rapport pour couvrir les auteurs de ces crimes abominables, c’est encourager l’impunité.

Sans naïveté ni faiblesse, la République Démocratique du Congo demeure attachée aux processus de paix de Nairobi et de Luanda et réitère sa confiance aux Médiateurs désignés.

Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique,

Mesdames et Messieurs,

En dépit de préoccupations d’ordre sécuritaire ici exprimées, comme vous le savez, le peuple congolais est appelé à se rendre aux urnes, en cette année 2023, afin de se choisir des représentants dans les institutions républicaines à mandat électif ; ceci, à tous les niveaux, et conformément au calendrier électoral publié par la Commission Électorale Nationale Indépendante, « CENI ».

Les élections de 2023, revêtiront un caractère inédit par la participation, pour la première fois et à titre expérimental, des citoyens congolais installés en France, en Belgique, au Canada, en Afrique du Sud ainsi qu’aux États-Unis d’Amérique.

À cet effet, nous comptons sur la solidarité et le concours de tous les pays cités pour accompagner et appuyer la CENI sur leurs territoires respectifs afin que le processus ainsi entamé puisse, en toute transparence, aboutir aux résultats crédibles attendus de tous.

Aussi, je suis en mesure d’annoncer avec certitude le début effectif des opérations d’enregistrement et d’enrôlement sur toute l’étendue du territoire national ; ceci, nonobstant le retard qui pourrait être observé dans certaines zones de la partie Est de notre République encore en proie à l’insécurité créée délibérément et entretenue par des groupes armés. La machine a été lancée et rien ne pourra l’arrêter.

S’agissant des moyens à utiliser pour le meilleur déroulement et aboutissement de toutes les opérations y afférentes, je voudrais vous rassurer que notre gouvernement ne ménage aucun effort afin que soit mise à la disposition de la CENI les ressources nécessaires prévues à cet effet.

Honorables Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ; Monsieur le Premier Ministre ;

Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères ; Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique ;

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Membres du Corps Diplomatique et Consulaire ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations internationales accrédités en République Démocratique du Congo ;

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ; Mesdames et Messieurs ;

Je ne saurais terminer mon adresse de ce jour, sans porter un accent sur un grand évènement qui, en ce début de l’an 2023, marquera la République Démocratique du Congo de son empreinte indélébile.

Il s’agit bien entendu, de la visite en terre congolaise du Souverain Pontife, le Pape François qui quatre décennies après la double visite du Pape Jean-Paul II, foulera, le 31 janvier 2023, le sol de notre pays en signe de compassion avec l’ensemble du peuple congolais et plus particulièrement avec les populations meurtries de la partie Est du pays, en proie aux actes de violence et d’intolérance dont vous êtes témoins.

Mon vœu le plus ardent est que cette visite du Saint Père soit le signe annonciateur d’une année 2023, charnière entre deux législatures, pleine de succès tant dans l’organisation des prochaines élections que nous voulons transparentes, crédibles et inclusives, que dans la promotion de la coopération fructueuse entre la République Démocratique du Congo et ses partenaires extérieurs.

Vive l’amitié entre les Nations et la coopération internationale ;

Bonne et heureuse année 2023 à tous.

Je vous remercie.

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