Les combattants de l’UDPS vent debout contre Augustin Kabuya

* Entretemps, le président de la CDP, Victor Wakwenda, promet de dévoiler ce samedi 19 novembre, le nom du nouveau Secrétaire général du parti présidentiel.

Frustrations au sein de principaux partis et regroupements de l’Union sacrée de la Nation (USN). A la base, les ordonnances du Président Félix Tshisekedi du 11 novembre courant, portant nomination à la tête de plus d’une vingtaine d’entreprises publiques.

A l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), parti présidentiel, c’est la totale ! Mécontents à la suite de ces nominations, les combattants sont désormais vent debout contre Augustin Kabuya, Secrétaire général du parti. Pas plus tard que dans l’après-midi d’hier jeudi 17 novembre, deux factions rivales des combattants UDPS (des pros et des anti-Kabuya), munis d’armes blanches (machettes, barres de fer et gourdins), se sont échangé des projectiles. On se croirait à une séquence de film Western. Pourtant !    

Remontés et imparables, les anti-Kabuya ont brulé des pneus. Juste à côté du portail bleu, entrée principale de la parcelle abritant le siège national du parti, sur la 11ème rue Limete, quartier résidentiel de la commune de Limete. En plein boulevard Lumumba. Sur cette principale artère de forte affluence, qui relie l’Est à l’Ouest de la très vaste capitale rd congolaise, la panique est généralisée. La circulation perturbée. Les passants et autres automobilistes pris en tenaille, ont droit à un cocktail Molotov servi par des manifestants. Non sans déplorer quelques cas de dommages sur des véhicules des particuliers.

Aussitôt alertés, des éléments de l’unité d’Intervention de la Police nationale congolaise (PNC), sont arrivés sur place pour disperser les manifestants et rétablir l’ordre public. C’est donc grâce à cette action policière que la situation s’est normalisée, aussi bien sur le boulevard Lumumba que dans les parages du siège national du parti cher à feu Etienne Tshisekedi.

KABUYA SUR LES TRACES DE KABUND ?

Après l’exclusion définitive de Jean-Marc Kabund de la présidence de l’UDPS en janvier dernier, voici un autre haut cadre du parti présidentiel ciblé. Augustin Kabuya, considéré par ceux qui le combattent comme l’un des hommes forts du régime actuel, est accusé de clientélisme politique, de népotisme, de favoritisme et de tribalisme. Il aurait érigé en système, ces antivaleurs tant décriées.

« Trop, c’est trop ! Nous avons assez attendu et nous sommes arrivés à bout de patience. Depuis que le parti est au pouvoir au sommet de l’Etat, la base ne se retrouve toujours pas. Bien au contraire. En lieu et place des militants qui ont enduré un véritable martyre pendant des décennies, ce sont des personnes inconnues que le parti choisit pour de nominations aux différentes fonctions. Tout ça, c’est la faute du SG du parti, Augustin Kabuya atteint de folie de grandeur. Il doit partir« , déclare sur ton de colère, un combattant de l’UDPS qui dit être parmi les responsables de la Jeunesse du parti.

Selon un autre combattant du parti présidentiel, leur déception collective à la suite des nominations évoquées ci-dessus, est donc la fameuse goutte qui a fait déborder le vase. « C’en est trop ! jusques à quand devons-nous continuer à servir de marchepieds pour les autres ? A ce jour, nous disons non à cette mauvaise pratique de voir accéder au bonheur, des personnes qui n’ont pas souffert pour l’UDPS. Augustin Kabuya les choisit à sa guise et pour ses intérêts personnels. Dans l’entre-temps, les véritables militants du parti qui, durant des décennies, ont servi la cause du parti parfois au prix du sacrifice suprême, continuent d’être considérés comme le dindon de la farce. C’est insupportable« , hurle un autre combattant qui s’apprêtait à bruler un vieux pneu sur la voie publique.

Entretemps, Victor Wakwenda, président de la CDP (Convention démocratique du parti), promet de communiquer  ce samedi 19 novembre, aux combattants et autres sympathisants de l’UDPS, le nom du successeur d’Augustin Kabuya. C’est-à-dire, le nouveau SG  du parti présidentiel.

D’ores et déjà, d’aucuns estiment que face à cette nouvelle crise qui secoue l’UDPS, l’arbitrage de Fatshi, non pas comme Chef de l’Etat, mais en tant qu’Autorité morale du parti,  est de mise pour sauver les meubles. A priori, l’exercice semble ne pas du tout facile pour ce dernier. Soit qu’il devra se rallier à la volonté de la base, soit  protéger Augustin Kabuya. Dilemme tout de même.

LE POUVOIR TUE LE POUVOIR

« Le triomphe momentané obtenu en haussant le ton n’est qu’une victoire à la Pyrrhus » : le ressentiment, la rancœur que l’on suscite sont plus forts et plus durables que la docilité de l’interlocuteur », conseille Robert Greene, à la 9ème loi de son ouvrage « Power : Les 48 Lois du Pouvoir ».

A la lumière du malaise à l’UDPS, après les nominations dans les entreprises publiques, d’aucuns pensent que la gestion des ambitions en soit la principale cause. Question, cependant, que devraient faire les responsables du parti pour anticiper ou mieux, prévenir ce qui est arrivé ? Pour des analystes avertis, la meilleure façon de faire aurait été de trouver des candidats du consensus. C’est-à-dire, les différentes candidatures à présenter à des postes nominatifs, devraient d’abord être présentées et débattues en interne, au niveau des structures compétentes du parti aux fins d’un accord commun.

L’expérience d’ailleurs montre que cette recette est expérimentée dans des démocraties qui recourent aux primaires. A l’inverse, dans des « démocraties aux conciliabules« , où tous les dossiers du parti sont traités  dans la discrétion totale, surtout lorsqu’il s’agit de présenter des candidats à nommer aux différentes fonctions publiques, la tenue à l’écart des autres cadres du parti est généralement source de conflits internes.

Tout bien considéré, l’ennemi du pouvoir n’est pas tant celui ou ceux que l’on considère comme opposant naturel, à cause de ses actes ou ses différents discours contraires à l’agir de ceux qui sont aux affaires. Le véritable ennemi du pouvoir, est le pouvoir lui-même, en ce qu’il porte les germes de déstabilisation du parti politique qui le détient. Dit autrement, le pouvoir est un couteau à double tranchant. Soit qu’Il sécurise, selon qu’il est utilisé avec efficience. Au cas contraire, on devrait s’attendre à une blessure parfois difficile à soigner. Quoi que l’on dise, il reste que la meilleure façon de tuer un parti de masse, consiste à lui donner le pouvoir. Grevisse KABREL

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter