« Supu na tolo », « Lotoko », « Agene »… ces liqueurs qui tuent à petit feu la jeunesse congolaise !

Les liqueurs fortement alcoolisées de fabrication locale (« Lotoko« , « Zododo« , « Agene« ) ou industrielle, vulgairement appelées « Supu na tolo »,  se consomment  beaucoup dans les rues de Kinshasa et dans la plupart des villes du pays. Les marques les plus en vue sont: Boss simple, Mokonzi, Splendeur simple, Pastis, Xxl Power, Boss café, Splendeur Tangawisi… la liste est longue. Les consommateurs se recrutent parmi les jeunes dont l’âge varie entre 15 ans et 30 ans, qui se tuent à petit feu.

La consommation des substances fortement alcoolisées par la jeunesse congolaise fait débat. Rencontrés sur le terrain, plusieurs parents et jeunes ont donné différents points de vue, aussi bien pour ceux qui consomment lesdits produits qualifiés dangereux que ceux qui s’en abstiennent.

Pour certains parents interrogés, ces produits compromettants vulgairement appelés « Supu na tolo, Lotoko, Agene… » détruisent lentement, mais sûrement la vie des jeunes qui devraient, en principe, servir les familles, les communautés, la nation en général.

Ces substances contenant un taux élevé d’alcool ont la capacité insidieuse d’affaiblir toutes les facultés mentales, physiques et cognitives des consommateurs. A en croire cette première source, il est hors de question qu’un parent sérieux et soucieux du bel avenir de son enfant puisse lui permettre de s’adonner à la consommation desdites boissons.

Plusieurs jeunes abordés à ce sujet ont souligné que bon nombre de liqueurs fortement alcoolisées sont bon marché et aussi de qualité douteuse. C’est ce qui est à la base de leur  consommation.

Outre la mauvaise qualité des boissons alcooliques bon marché, il y a également l’allure inquiétante à laquelle des jeunes prennent ces substances dangereuses.

Ces derniers n’ont pas pour l’habitude de manger suffisamment ni mettre de petits glaçons dans les boissons avant de les consommer, a indiqué un de nos interlocuteurs. Ce qui est encore plus dangereux pour les jeunes, soutiennent des personnes interrogées, c’est que la plupart d’entre eux prennent ces boissons fortement alcoolisées à la régalade.   

ALCOOL, EST-CE UN BON ALLIER ?

Interrogés, des jeunes abonnés à l’alcool fort, ont, par ailleurs, précisé qu’ils le prennent au besoin, en vertu des bienfaits qu’il peut procurer dans leur corps. C’est, entre autres, pour combattre le froid, surtout en cette période de la saison sèche. Seulement, il faudrait consommer en responsable et avec modération.

Certains parmi eux ont déclaré qu’ils s’adonnent à la consommation de l’alcool, l’Agene, le Zododo, etc., en raison du prix moins onéreux auquel il est vendu par rapport aux bières blondes et brunes issues de deux brasseries de la place.

D’autres encore ont avoué se livrer à l’alcool dans le seul souci de surmonter nombre de problèmes de la vie, afin d’éviter de faire de la dépression. Il s’avère que la plupart de ces jeunes n’ont pas de travail rémunérateur, le chômage battant son plein dans le pays.

« C’est le fait d’avoir beaucoup de problèmes à résoudre qui  me pousse à vouloir consommer de l’alcool, de préférence Boss, mélangé à Pastis pour 500 FC seulement, dans le but d’éloigner de moi tous les soucis qui m’accablent« , avoue Apo Nguamusu, la quarantaine révolue et père de quatre enfants.

DU SANG FRAIS DE CHAT OU DE CHIEN CONSOMME COMME BOISSON

Malheureusement, bien d’autres jeunes poussent plus loin leur comportement en consommant du sang frais soit de chat ou de chien mélangé avec de la liqueur. Ce breuvage à première vue inconsommable par un être humain normal, amène son consommateur à des actes criminels. C’est le cas de tristement célèbres bandits urbains surnommés « Kuluna » qui n’hésitent pas à blesser ou à tuer leurs victimes au moyen des machettes ou autres instruments.

Nombre de jeunes rencontrés ont justifié la consommation des boissons fortes par manque de moyens de se payer une bouteille de bière blonde ou brune. Ils ne peuvent ainsi se procurer ce dont ils ont besoin. Ils prennent, dès lors, le raccourci en consommant la boisson, fortement alcoolisée, question de prendre une cuite. Faute de grives, on mange des merles, enseigne un adage français.

Pour John Mbete, jeune chauffeur, « Il faut débourser plus, entre 8.000FC et 12.000FC dans les bars et terrasses au choix pour arriver à étancher sa soif. Les bières fabriquées par les sociétés brassicoles locales coûtent plus cher que les boissons de la fabrication locale. Bien que d’un dosage douteux, les boissons locales donnent une satisfaction particulière à moindre coût« , a-t-il évoqué en substance.

UNE AUBAINE POUR LES VENDEURS DE CUITE

Aux dires de Moïse, jeune débrouillard, surnommé « Moteki ya Cuite » par son aimante clientèle, « chaque boisson alcoolisée notamment Mokonzi, Spendeur, Boss, Pastis, etc, est achetée et consommée à sa juste valeur par son acheteur. J’en vends à partir de 200FC et plus. C’est une aubaine pour moi surtout pendant cette saison où nous observons qu’il fait très froid de temps à autre. Et cette réalité n’épargne personne, aussi bien des enfants que des adultes. Il faut bien se couvrir, manger, boire, etc. Ainsi donc, un peu d’alcool fait du bien au corps, réjouit le cœur et détend l’esprit« . Il révèle qu’il travaille 6/7 jours, plus de 20/24 heures et qu’il n’a plus le temps de se reposer comme il faut.

Vu les conséquences évidentes de la consommation des liqueurs à forte dose d’alcool sur la vie de la jeunesse congolaise, pourquoi l’Etat congolais tarde-t-il à mettre de l’ordre dans ce secteur ? Les « Kuluna« , dont les Congolais se plaignent ne procèdent-ils pas de la consommation de ces boissons pour commettre des actes criminels ? Des questions qui méritent des réponses pour sauver la jeunesse. Abondance MASAKA/Stagiaire

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