Félix Tshisekedi face à la jurisprudence Malonda !

Le Chef de l’Etat, qui avait refusé d’investir Ronsard Malonda en juillet 2020, va-t-il acter l’entérinement de Denis Kadima, désigné sans consensus au sein des confessions religieuses ?

Secret de polichinelle. La Chambre  a finalement approuvé, au cours de sa plénière du vendredi 15 octobre, le rapport des six confessions religieuses désignant Denis Kadima à la présidence de la nouvelle CENI (Commission électorale nationale indépendante). Ce, malgré la contestation persistante des catholiques et des protestants qui, sans cesse, ont dénoncé de nombreuses irrégularités qui ont entaché le processus de désignation du successeur de Corneille Nangaa à la tête de la Centrale électorale.

C’est donc dans une ambiance empreinte de fortes tensions dans la salle des Congrès, que la Représentation nationale a auditionné le rapport de la fameuse commission paritaire sur la CENI, présenté par le député UDPS, André Mbata. Même si le micro lui avait été arraché et la tribune renversée par un groupe de députés de l’opposition ayant désapprouvé l’ordre du jour de la plénière, André Mbata a quand même pu lire ledit rapport dans un capharnaüm indescriptible et sous une très haute protection des agents de sécurité commis à l’Assemblée nationale.

Aussitôt après la présentation du rapport de la Commission, la nouvelle majorité parlementaire (Union sacrée de la nation), l’a adopté à l’unanimité. A en juger par le triomphalisme des députés USN observé pendant cette plénière, l’entérinement de Denis Kadima a été sans surprise. Nombreux ont été des Congolais qui savaient que la messe était déjà dite, malgré l’absence du consensus au sein des huit confessions religieuses.

TSHISEKEDI SEUL DEVANT SA CONSCIENCE

Pour avoir entériné la candidature de Denis Kadima en l’absence d’un procès-verbal de compromis au sein de la plateforme confessions religieuses, doit-on dès lors déduire que la Chambre a opéré un passage en force ? Poser la question, c’est à la fois y répondre.

Toutefois, le processus de désignation du président de la nouvelle Ceni n’est pas encore à sa fin. Après le choix de Denis Kadima, par les six confessions religieuses autres que les catholiques et les protestants, et à l’issue de l’entérinement de la candidature de ce dernier par l’Assemblée nationale, il reste une dernière étape. Il s’agit de l’ordonnance présidentielle portant investiture de nouveaux membres de la Commission électorale nationale indépendante. Même si un « lapsus » a fait dire à Christophe Mboso, président de la chambre, que la Centrale électorale était non indépendante.

Ainsi, après le « théâtre » du samedi 16 octobre dans la salle des Congrès, les Congolais ont désormais, leur regard tourné vers le Palais de la Nation ou la Cité de l’Union africaine. Seul devant sa conscience, Félix Tshisekedi fait face, dorénavant, à la jurisprudence Kadima.

En attendant, la question qui se pose est celle de savoir si le Président congolais signera son « Ordonnance couperet« , malgré les dénonciations faites par les Catholiques et les Protestants, des irrégularités qui ont caractérisé le processus de désignation de Denis Kadima.

Ce n’est donc pas un scoop de « Forum des As ». Le Choix de Denis Kadima a été fait sur fond de menaces, d’intimidations et de corruption. C’est ce qu’avaient déclaré, plus d’une fois, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC). La situation actuelle du processus de désignation de nouveaux animateurs de la Ceni, rappelle à bien des égards, celle de juillet 2020 la même question.

DENIS KADIMA COMME RONSARD MALONDA

Il y a donc plus d’une année, six confessions religieuses-les mêmes qui ont désigné Denis Kadima-avait choisi Ronsard Malonda pour remplacer Corneille Nangaa. Ancien secrétaire exécutif national de la Ceni, l’intéressé fut plébiscité dans des conditions qu’avait dénoncées le secrétaire général de la Cenco. A l’époque, l’abbé Donatien N’shole, avait déclaré que le vote de Ronsard Malonda avait  été entaché d’irrégularités et que l’Église catholique ne devrait jamais accepter  ce choix.

Et donc, pour ce premier cas, l’Église catholique et ‘Église protestante s’étaient farouchement opposées à la candidature de Ronsard Malonda du fait de son appartenance à l’ancienne équipe de la Ceni. Pour les deux confessions deux confessions religieuses, l’équipe sortante de la Centrale électorale avait été caractérisée par des anti-valeurs.

Il faut rappeler que, pour avoir dénoncé publiquement les irrégularités sur le processus de désignation de Ronsard Malonda, l’Eglise catholique et l’ECC avaient été soutenues par des combattants et des partisans de l’UDPS, actuel parti au pouvoir. Dire aussi que certaines ONG comme l’Asadho et l’Acaj, s’appuyant sur les mêmes dénonciations de la CENCO et de l’ECC sur le cas Malonda, avaient soutenu que ce choix était une tricherie qu’il fallait à tout prix combattre. Et donc, pour avoir dénoncé en juillet 2020, les irrégularités dans la désignation de Ronsard Malonda, par les mêmes confessions religieuses, l’Eglise catholique et l’ECC avaient pleinement joué leur rôle d’Eglise au milieu du village.                         Mais aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, quand les deux églises décrient les impairs qui ont caractérisé le choix de Denis Kadima par le G6, elles s’attirent toutes les foudres  de ceux-là même qui les avaient applaudies, pour s’être s’opposées à toute tentative d’entérinement  de la candidature de Malonda par l’Assemblée nationale, alors dirigée par le FCC Jeanine Mabunda.

LES MEMES CAUSES PRODUISANT LES MEMES EFFETS…

« Espérons que le chef de l’État ne prêtera foi à cette démarche irrégulière« , exhortait l’abbé Donatien N’shole, lorsque les Catholiques et les Protestants s’étaient opposés à la candidature de Ronsard Malonda, portée par les six confessions religieuses (les mêmes).

Dire que par rapport à ce premier cas, Félix Tshisekedi n’avait pas réservé une suite favorable à la correspondance de la présidente de l’Assemblée nationale, lui demandant d’investir Ronsard Malonda comme prochain président de la CENI. Pour le chef de l’État, la demande de Jeannine Mabunda n’avait pas de soubassement.

 » Votre lettre n’est accompagnée d’aucun soubassement, notamment les procès verbaux de désignation et d’entérinement et tous autres documents y relatifs « , avait écrit Félix Tshisekedi à Mabunda. Ce, avant de soulever  le fait que « le processus de désignation de Ronsard Malonda était fortement contestée en fait comme en droit par certains membres de cette composante (NDLR : Les confessions religieuses) « . En l’occurrence, l’Église catholique et l’Église du Christ au Congo.

Toujours dans sa même lettre adressée à l’époque à Jeanine Mabunda, Félix Tshisekedi avait également fait allusion aux différentes contestations nées de l’entérinement de Ronsard Malonda, et que par voie de conséquence, il n’était pas en l’état de l’investir. « En considération de ces éléments, l’information me donnée en l’état, ne me met pas dans les conditions de disposer conformément à la loi  » et d’investir Ronsard Malonda comme président de la CENI« .

A ce jour, des observateurs opposent au Chef de l’Etat le cas Malonda. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Félix Tshisekedi procédera-t-il à l’investiture de Denis Kadima, entériné par l’Assemblée nationale, sans le PV de consensus, dûment signé par l’Eglise catholique et l’ECC, respectivement présidente et vice-présidente de la plateforme Confessions religieuses ?

Dès lors que le cas Kadima présente les mêmes problèmes de forme que Ronsard Malonda, comment le Président de la république s’y prendra-t-il, lui qui est constitutionnellement le symbole de l’unité nationale et garant du bon fonctionnement des institutions ?

Subsidiairement, face à la crise qui guette le pays, le chef de l’Etat va-t-il cautionner le travail fait à l’Assemblée nationale, dès lors que la fameuse commission paritaire a travaillé sans les députés du FCC ? Trêve de questionnement! Grevisse KABREL

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