« Congolité »: les députés de « Ensemble » jugent inopportune la « proposition de loi » Tshiani

Les députés de « Ensemble pour le changement » de Moïse Katumbi jugent inopportune, l’initiative de la loi de l’ancien fonctionnaire international Noël Tshiani Muadiamvita, déposée le 8 juillet courant au bureau de l’Assemblée nationale par le député national Nsingi Pululu. Les élus de « Ensemble » l’ont fait savoir par la voix du président du groupe parlementaire MS-G7,  Jean-Claude Kibala, au cours d’une conférence de presse hier mercredi 14 juillet à Kinshasa. 

« La congolité est un sujet qui nous détourne des débats prioritaires, à savoir la misère de la population congolaise. Celle-ci a besoin d’eau courante, d’électricité, de manger à satiété… « , juge Jean-Claude Kibala. 

Personnellement, l’élu du Sud-Kivu, comme ses camarades de « Ensemble« , affirme ne pas considérer  la question des conditions particulières d’accès aux fonctions de Président de la République et d’autres aussi sensibles comme tabou. « Dans l’absolu, elle mérite un débat au niveau du pays« , pense Jean-Claude Kibala qui se dit simplement écœuré par  le timing choisi – 2 ans et demi avant les élections- et le soupçon d’une motivation personnalisée.  « Ne pourrons-nous pas trouver un moment plus propice et des conditions plus solennelles pour la trancher ensemble ? », se demande-t-il.

Pour les députés de « Ensemble« , la démarche de Noël Tshiani est loin d’être propice à la cohésion nationale.  « Cette initiative est, à nos yeux, dangereuse et risque, si on n’y prend garde, de diviser la nation congolaise, car consacrant l’exclusion de certains compatriotes aux différents postes de responsabilité d’Etat, dont la Présidence de la République« , déclarent-ils.

Le but de la manœuvre, accusent les élus de « Ensemble« , est d’empêcher leur champion, Moïse Katumbi, de se présenter à la prochaine présidentielle. Jean-Claude Kibala indique que  » tout ce qui est métis sera bientôt discriminé car traité de demi-dakar (Justine Kasavubu), il suffit d’avoir une peau légèrement claire« , dit-il. « Comment pourra-t-on déterminer la paternité d’un Congolais à peau noire 100%?« , s’interroge l’élu du Sud-Kivu.

On rappelle que le député national Nsingi Pululu, élu de Kinshasa, a déposé, le 8 juillet, au bureau de l’Assemblée nationale, la proposition de loi initiée par l’ancien candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre 2018.

Dans une déclaration préliminaire, ce dernier a laissé entendre que cette proposition de loi « vise à verrouiller l’accès à la fonction de Président de la République qui doit être réservée exclusivement aux candidats nés de père et de mère congolais« . Ce n’est pas tout. Le texte propose également le verrouillage de « certaines fonctions essentielles de souveraineté pour protéger et promouvoir l’intérêt général« . 

Selon  Nsingi Pululu qui a endossé ce texte, plus de 200 députés nationaux sur les 500 que compte l’Assemblée nationale voteraient « Pour« , y compris des députés de « Ensemble » de Moïse Katumbi. Ce à quoi ces derniers ont opposé un souverain démenti.

Dans leur déclaration, les députés nationaux de « Ensemble » rappellent que la Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour, adoptée par Référendum, ainsi que la loi sur la nationalité congolaise en vigueur, sont les résultats d’un laborieux processus et d’un pacte républicain conclus par les Congolais à Sun-City à l’issue des guerres et conflits armés qui ont endeuillé et ensanglanté le pays.

Ils se demandent, dès lors, si les initiateurs de cette proposition de loi « discriminatoire » ainsi que leurs « complices et commanditaires« , ne  sont pas en train de vouloir chiffonner la Constitution par une remise en cause de ses fondements et pousser, consciemment par ce fait même la nation congolaise dans l’abîme.

Aussi, en appellent-ils au sens de responsabilité des tireurs de ficelle tapis derrière cette proposition de loi » discriminatoire et de nature à polluer  le climat politique dans le pays » à retrouver la voie de la raison et de la sagesse, « au nom de l’intérêt supérieur de la Nation « .

Ce n’est pas tout. Les élus nationaux de « Ensemble » invitent le Bureau de l’Assemblée nationale à « s’abstenir d’inscrire cette proposition de loi discriminatoire au calendrier des travaux de notre chambre, étant donné qu’elle viole intentionnellement la constitution tout en modifiant certaines de ses dispositions, notamment les articles 10 et 72 « .

Il se trouve cependant, que le président de l’Assemblée  semble ne pas l’entendre de cette oreille. Christophe Mboso n’exclut pas une éventuelle inscription de ce sujet sur la liste des prochaines matières à traiter à la session ordinaire de septembre.

« Elle ne peut, à ce titre, museler l’expression de ses membres…Ce serait dans le cadre du débat démocratique et républicain qui caractérise notre chambre, que les élus devraient s’interroger sur l’opportunité et le bien-fondé d’une telle initiative. C’est dire que l’Assemblée nationale, en tant que chambre législative et de représentation nationale, dans le respect de la procédure législative, se posera la question le moment venu sur l’utilité, l’opportunité et le bienfondé de cette initiative« , a déclaré Mboso lors de la plénière de mardi 13 juillet.

Les pro Katumbi demandent « au peuple de rester vigilant et prêt à répondre à l’appel de mobilisation  générale  afin de barrer la route à toute tentative  ayant pour effet non seulement de réduire les droits et libertés des Congolais, mais aussi et surtout de diviser notre peuple.« 

Didier KEBONGO

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