*En 2023, la diaspora africaine a envoyé 90 milliards de dollars dans les pays d’origine, renseigne la Banque mondiale.
Le Fonds international de développement agricole (Fida) a publié dernièrement deux nouveaux rapports. Ces derniers mettent en lumière le rôle transformateur des envois de fonds des travailleurs migrants vers leur pays d’origine. Ces fonds envoyés par des travailleurs migrants sont essentiels aux familles d’Afrique subsaharienne face aux changements climatiques, rapporte un communiqué de cette agence spécialisée des Nations unies.
Le Responsable du Mécanisme de financement pour l’envoi de fonds au Fida, Pedro de Vasconcelos, souligne qu’il ne faut pas voir ce phénomène comme un simple envoi d’argent au pays. « Les familles des migrants utilisent les fonds reçus pour améliorer leur sécurité alimentaire, diversifier leurs revenus et adopter des pratiques agricoles durables telles que la culture de variétés résistantes à la sécheresse ou l’agroforesterie« .
Les deux rapports s’intitulent : « Migrant Remittances and Diaspora Finance for Climate Resilience (Envois de fonds par les migrants et financements issus de la diaspora au service de la résilience face aux changements climatiques) et Remittances for Climate Change Adaptation in Mali (Envois de fonds pour l’adaptation aux changements climatiques au Mali) ». Ils illustrent l’importance de cet instrument financier, essentiel pour permettre aux communautés rurales de faire face à des chocs tels que les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations.
Grâce aux transferts d’argent, les familles d’exploitants agricoles pauvres acquièrent la sécurité financière. Et par ricoche, ils peuvent adopter des stratégies à long terme telles que la fertilisation naturelle des sols, la lutte antiparasite et les investissements dans des techniques agricoles climato-compatibles. L’étude conduite par le Fida a montré que les ménages qui reçoivent des fonds investissaient plus que les autres familles dans des activités et des produits résilients face aux changements climatiques.
Appel aux dirigeants pour une action concertée
Par ailleurs, les rapports révèlent que « l’adaptation aux changements climatiques nécessite davantage de ressources et un soutien plus massif ». C’est dans ce cadre que faisant écho à l’appel qu’il a lancé lors de la COP28, à Dubaï, le Fida exhorte les dirigeants à une action concertée pour évaluer plus en profondeur l’impact des investissements issus de la diaspora sur la résilience face aux changements climatiques. Pour répondre aux besoins des pays africains en matière d’adaptation aux changements climatiques, cette agence spécialisée des Nations unies estime à 400 milliards d’USD par an d’ici 2030.
» Il est crucial de collecter des données et de réaliser des évaluations d’impact pour garantir des approches fructueuses à plus grande échelle, tout en s’assurant que les envois de fonds et les investissements émanant de la diaspora contribuent le plus possible à combler le déficit du financement de l’adaptation en Afrique subsaharienne. Si nous employons des solutions innovantes et menons des actions coordonnées, tant les envois de fonds que les investissements de la diaspora pourront aider à préserver l’avenir de millions de personnes dans la région. Leur potentiel au service de l’adaptation est immense dans les communautés vulnérables d’Afrique subsaharienne « , a déclaré Pedro de de Vasconcelos.
Des envois de fonds équivalent à l’aide publique au développement
D’après la Banque mondiale, les envois de fonds de la diaspora africaine se sont élevés à 90 milliards d’USD en 2023. Ces chiffres en augmentation » équivalent à l’aide publique au développement (APD) et deux fois supérieur aux investissements directs étrangers destinés au continent ». L’étude du Fida permet de mieux appréhender la contribution potentielle de cet instrument financier à l’adaptation et à la résilience climatiques. Les rapports sont illustrés par des exemples portant sur des pays d’Afrique ou d’Amérique latine. Ces pays montrent comment les envois de fonds stimulent l’économie locale, favorisent l’agriculture durable et contribuent à une meilleure gestion des ressources naturelles. « Leur impact est toutefois limité par le manque d’information des migrants en matière d’investissements » verts » et de produits financiers adaptés à leur situation », fait savoir les rapports.
Les deux rapports ont été produits par le Fida en collaboration avec la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse ou la désertification, en particulier en Afrique.
Dina BUHAKE Tshionza