Les éleveurs du territoire de Luozi se mobilisent pour chercher des solutions à leurs nombreux problèmes qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs activités, frein à leur développement, avant de proposer des solutions, en vue d’une ère nouvelle pour un décollage tant attendu.
Divagation des bêtes, destruction des cultures, conflits entre eux et les cultivateurs, tracasseries dues aux nombreuses taxes à payer à l’État, manque de pharmacie des produits vétérinaires, vols, maladies et mortalité de bêtes, absence de pâturages améliorés, destruction et vols des fils barbelés, absence de soutien et encadrement de l’État, jalousie, convoitise et sorcellerie des propriétaires fonciers, leur goût exagéré de profits, manque criant d’équipements appropriés, difficultés d’acquérir de terrain pour installer les kraals, mauvais état des routes, goût exagéré des propriétaires de terre, leur attribution malhonnête des lopins de terre, aux détenteurs de vaches…
Non exhaustive est cette liste de difficultés évoquées par les éleveurs au cours de la plénière d’hier jeudi 05 jeudi décembre Elles étaient d’ordre politique, économique et socioculturel.
Les chefs de secteur se sont également exprimés, présentant l’essentiel des plaintes qu’ils ont habitude de recevoir. Le plus saillant de ces problèmes est celui de la divagation des bêtes et la destruction des cultures. Cette contrainte est à la base de la cohabitation en dents de scie entre éleveurs et cultivateurs, et entre éleveurs ayants droits. Ils ont relevé également l’absence de kraals dans les secteurs, l’absence de documents légalisés au parquet : parmi les éleveurs, deux seulement en disposent.
Par dessus tout, les patrons des secteurs ont appelé les détenteurs des élevages de gros bétail à collaborer avec eux en évitant de les prendre pour des ennemis. Ils doivent cultiver des relations de complémentarité d’autant plus les uns ont besoin des autres. Ils doivent éviter les préjugés.
ANALYSE DES PROBLEMES
Dans l’analyse des problèmes inhérents à l’exercice du métier d’élevage, les participants ont relevé l’absence de médecin vétérinaire dans tout le territoire. Comment un territoire potentiellement à vocation agro-pastorale peut ambitionner de le devenir sans un technicien en la matière de haut niveau? peut-on s’interroger.
QUID DES TAXES ?
Cette séance a été précédée par les interventions de deux panelistes en matière des taxes : le chef d’antenne de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD) Luozi, Raymond Kialungila mu Nza et le chef d’antenne de la Direction générale des recettes du Kongo Central (DGRKC), Marcel Nzau.
Le premier a spécifié les taxes nationales, provinciales et celles des entités déconcentrées, tout en présentant les documents qui les reprennent dans le détail. Les premières sont versées à la DGRAD, les deuxièmes es à la DGRKC, tandis que les troisièmes au territoire.
L’intervention de ces deux responsables visait à dissiper le malentendu consécutif à la multiplicité des taxes que paient les éleveurs à l’État et qui les pousse à parler de « tracasseries que le patron de la DGRAD a surnommée » chanson » qu’il a rencontrée à Luozi.
Il a relevé le fait que les assujettis qu’ils sont, les éleveurs ont le devoir de payer les taxes à qui de droit. Il les a exhortés à payer ces taxes car un devoir civique et à lire les lois. Il a déploré le fait qu’ils ont l’habitude de fuir la DGRAD et la DGRKC car ils les qualifient de « M. Taxes »
Des précisions ont été présentées en ce qui concerne les taxes à payer et à qui pour un kraal de moins de 50 bêtes et celui à partir de 50 têtes.
DOCUMENTS REQUIS
Raymond Kialungila a évoqué également le problème de documents dont les professionnels des vaches doivent disposer : le permis d’exploitation et le montant à payer pour son acquisition, la durée de sa validité, la déclaration à faire pour son cheptel, la date du paiement des taxes ( au plus tard le 30 juin), faute de quoi il y a des pénalités à payer…
Il les a par ailleurs encouragés à s’associer et à s’organiser en évoquant la possibilité de bénéficier des financements dans lev cadre de la classe des millionnaires que le président de la République envis age de créer. Il les a préparés à attendre l’équipe chargée de ce dossier qui est déjà sur la voie Kinshasa-Matadi et qui sera sans doute dans le territoire de Luozi.
Le patron de la DGRKC a renchéri en précisant davantage les taxes qui reviennent à son service.
SENSIBILISATION DES ELEVEURS
La journée d’hier a été très enrichissante et d’une importance capitale car ayant balisée la voie à l’ouverture d’une nouvelle ère marquée par le souci de s’organiser, la création d’une structure des éleveurs devant les réunir, forts d’avoir acquis des connaissances sur les taxes à payer et leurs destinataires.
Pour les motiver, le directeur de Crafod, Willy Bongolo, l’organisateur desdites assises, exhorte les éleveurs par quelques pensées de grands hommes : « Ne demande pas te es droits, prends-les et ne laisse personne te les donner. Un droit qui test donné comme cela pour rien a quelque chose de suspect. Il ya de grandes chances pour que ce soit une chaussette percée que l’on retourne » (M. Dooley); « Le changement vient du pouvoir et le pouvoir vient de l’organisation. Pour agir, les gens doivent se mettre ensemble « . Le boulot de l’organisateur est de commencer par amener les gens à mettre leur confiance et leur expérience dans l’organisation, c’est-à-dire en eux-mêmes » (Saul Alinsky).
Le mot « tactique « evoque l’idée de faire ce que l’on peut avec ce que l’on a. Les tactiques, sont ces actes, choisis en connaissance de cause, qui permettent aux êtres de vivre ensemble et de traiter avec ce qui les entoure. N’oubliez jamais la première règle de la tactique du pouvoir : le pouvoir n’est pas seulement ce que vous avez, mais également ce que l’ennemi croit que vous avez.
Oui, les éleveurs de Luozi ont un pouvoir qu’eux-mêmes ignorent. Ils doivent s’organiser pour arracher leurs droits.
De Kléber Kungu, envoyé spécial à Luozi.