La construction d’une station-service Engen dans l’enceinte du stade Vélodrome de Kintambo, en diagonale de l’école primaire Saint Georges, ne cesse d’alimenter une vive polémique au sein des natifs et ressortissants de cette municipalité. Des voix s’élèvent tant dans le milieu des amoureux du football que dans le landerneau des citoyens épris de justice. Un seul maître mot à l’instar de la décision finale de l’arbitre central estampillé l’État: l’arrêt non pas provisoire mais définitif des travaux entrepris. Ce, après la descente sur le terrain des ministres des Affaires foncières, Acacia Bandubola et son collègue de l’Urbanisme et Habitat, Crispin Mbadu, le mercredi 27 novembre, ont suspendu jusqu’ici l’érection de cet ouvrage.
Les Kintarois sont vent debout contre le projet d’érection de la station-service sur la direction Lukengo au niveau de l’avenue Bangala. Coachs, joueurs ainsi que leaders affiliés aux mouvements de jeunes et indépendants dont Esdras Wandja, ont dénoncé, il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux et surtout sur le terrain, la construction de cet ouvrage à un jet de pierre de l’aire de jeu, dans un air de frustration.
«Le stade Vélodrome est un haut lieu pour la pratique du football. Le championnat de l’Eufkin Lukunga se joue et des matches de loisirs le week-end. À côté, il y a l’école Saint Georges primaire, des habitations sur l’avenue Bangala. On ne peut pas ériger une station-service dans ce rayon de périmètre, c’est inconcevable. Le faire, c’est exposer la population à des problèmes liés à la sécurité, à l’environnement et à des désastres», a-t-il fustigé.
La voix féminine n’est pas restée aphone. Elle s’est invitée au débat pour dénoncer cette façon de faire.
«Certains de nos dirigeants doivent stopper cette éventuelle folie de grandeur en recevant des pots-de-vin auprès des opérateurs économiques. Cette prolifération des stations est un danger permanent. Coup de chapeau à la population pour cette action sur le terrain raison pour laquelle les ministres de tutelle ont réagi. En effet, le changement de ces mauvaises pratiques ne viendra pas sur la toile mais sur terrain», a indiqué Winnie Kamwanya, encadreure au groupe Kizito Anuarite au clan Saint François de Sales.
Même son de cloche pour sa collègue qui habite sur Budjala au quartier Wenze dans l’ex-Léo II, Hyacinthe Olowa: «Il faudrait un arrêt définitif et non provisoire. C’est du n’importe quoi. On se connait dans ce pays, il faudrait ouvrir l’œil et le bon pour que cette suspension des travaux soit définitive. Sinon, ces nantis vont rebondir pour que ce projet soit matérialisé», a-t-elle souligné.
«Je l’ai appris hier sur les réseaux sociaux. C’est triste. Les prêtres sont devenus cupides. C’est anormal, comment peut-on construire une station dans un stade et en plus à cet emplacement. Dans toute chose anormale qui est autorisée sachez qu’il y a intérêt privé des dirigeants», a dénoncé un entraîneur d’un club de 1ère Division et ancien sociétaire du DCMP, Lodi.
UN CONTRAT DE LOCATION DE L’ESPACE MAIS AUCUN AVIS URBANISTIQUE ET UNE AUTORISATION D’OCCUPATION
Selon un communiqué rendu public par la Cellule de communication du ministère de l’Urbanisme et Habitat, en dépit d’un contrat de location de l’espace qui lie le promoteur de ce projet et l’Eglise catholique, il se dégage qu’il n’a obtenu aucun avis urbanistique, ni une autorisation d’occupation temporairement du domaine public de l’État. D’où l’arrêt des travaux du moins jusqu’ici.
«Le ministère de l’Urbanisme et Habitat porte à la connaissance du public qu’un projet de construction d’une station-privée est en cours dans l’enceinte du stade Vélodrome, dans le commune Kintambo. Cette initiative enfreint les normes d’urbanisme régissant l’occupation du sol, en particulier l’implantation des pompes de distribution des carburants. Après investigation, il est établi que, malgré l’existence d’un contrat de location de l’espace qui lie l’église catholique, le Promoteur n’a obtenu ni un avis urbanistique, ni une autorisation d’occupation temporairement du domaine public de l’État. Par conséquent, le ministère de l’Urbanisme et Habitat a pris la décision de la suspension des travaux depuis 3 jours pour des raisons de conformité aux normes urbanistiques, environnementales et sécuritaires. Le ministre d’État, ministre des Affaires foncières, Acacia Bandubola et le ministre de l’Urbanisme et Habitat, Crispin Mbadu, ont fait une descente sur le terrain pour constater l’effectivité de l’arrêt du chantier ce mercredi 27 novembre 2024 » renseigne ledit communiqué.
HALTE À LA PROLIFÉRATION DES STATIONS SERVICES À KINSHASA
La prolifération des stations-services dans la ville de Kinshasa devient de plus en plus récurrente. D’aucuns pense que cela fait suite notamment à la mauvaise gouvernance de la part des gestionnaires de la ville de Kinshasa.
Sur l’avenue OUA en diagonale de l’hôpital de Kintambo, il y a également une station. C’est le cas également du tronçon de l’avenue des Universités qui dispose à lui seul de plus d’une dizaine de stations-services dont les emplacements sont à quelques mètres des parcelles d’habitation ce qui constitue également un danger.
En 2022, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi avait, dans sa communication lors d’un Conseil des ministres, déploré le phénomène croissant de construction des stations-services qui s’observe dans la capitale et qui gagne progressivement l’intérieur du pays.
«Face à cette menace qui pèse sur la sécurité de nos compatriotes et dans le soucis de prévenir les situations désastreuses, le ministre des Hydrocarbures et les autres membres du Gouvernement concernés par cette question ont été chargés de présenter dans un prochain conseil des ministres un état des lieux ainsi que des propositions des mesures afin de s’assurer que les opérateurs économiques évoluant dans ce secteur respectent les normes établies et que les données y relatives soient bien tenues», avait dit Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement, dans un compte-rendu le vendredi 15 juillet 2022.
Cependant, jusqu’à ce jour, force est de constater que même les quelques stations-service fermées ont depuis repris leurs activités au vu et au su de la population abandonnée à son triste sort par ses dirigeants qui sont censés défendre leur cause.
Gloire BATOMENE