Nous apprenons des sources dignes de foi que les députés nationaux qui ont signé la motion de défiance contre le ministre d’Etat, ministre des Infrastructures et Travaux publics (ITPR), Alexis Gisaro, viennent de retirer leurs signatures du document dans lequel ils ont librement apposées. Ils invoquent comme motif les intimidations dont ils seraient l’objet de la part des autorités morales de leurs partis politiques, tous membres de l’Union sacrée de la nation (USN).
Ce spectacle est tout simplement indigeste quand bien même il n’est pas le premier que nous offrent ceux qui prétendent être au Palais du peuple pour défendre les intérêts de la population qui les y a envoyés pour défendre ses intérêts. Il est supposé qu’avant d’apposer leurs signatures sur ce document, ces députés, élus ou désignés, c’est selon, ont eu le temps nécessaire de s’imprégner de son contenu. Signer une pétition c’est s’engager, et lorsqu’un responsable s’engage il doit aller jusqu’au bout de sa logique. Malheureusement, nous nous trouvons en face des personnages qui n’ont aucun idéal, qui naviguent à vue selon leurs propres intérêts.
En tout état de cause, les Congolais ne doivent pas s’en offusquer étant donné que ce n’est pas la première fois qu’ils vivent pareille scène. Lors de la précédente mandature, des motions à caractère « alimentaire » ont été dénoncées, c’est-à-dire celles dont l’objet était tout simplement d’intimider le ministre visé, pour conditionner le retrait au versement des espèces sonnantes et trébuchantes. Quelle honte pour une classe politique décriée partout au monde!
Cependant, il importe de souligner que cette fois-ci, quelques-uns des signataires sont restés fermes dans leur position. Ils ne veulent pas vendre leur conscience. Face au diktat de leurs autorités morales, ils opposent le règlement d’ordre intérieur dont une disposition stipule que le mandat d’un élu n’est pas impératif. Cela veut dire clairement que si quelqu’un est élu député, il n’est pas obligé de se soumettre à la position de son parti ou regroupement politique. Seule sa conscience joue. Il n’est guidé que par son libre arbitrage. C’est ce à quoi ces frondeurs s’en tiennent. Reste à savoir s’ils auront gain de cause dans un hémicycle aussi monocolore que celui-là.
Kamerhe entre le marteau et l’enclume
Les analystes de la scène politique rd congolaise s’accordent à dire que cette situation embarrasse au plus haut point le speaker de la Chambre basse du Parlement, Vital Kamerhe, lui qui a déclaré haut et fort que durant cette législature le contrôle parlementaire allait être renforcé. Comment va-t-il respecter cet engagement vis-à-vis de la population dès lors qu’il y a des pesanteurs qui s’érigent sur son chemin? Et la situation se complique parce que ces obstacles proviennent de sa propre famille politique, l’Union sacrée de la nation.
Les pétitionnaires arguent que les infrastructures routières dans le pays se trouvent dans un état de délabrement très avancé. Dire le cas contraire c’est aller à contre courant de la réalité. Mais s’il se trouve des responsables des partis ou regroupements politiques qui menacent les leurs parce qu’ils ont interpellé le ministre qui a en charge ce secteur parce qu’ils veulent voir clair, il y a là de quoi pleurer.
Que fera Vital Kamerhe dans le cas précis ? D’aucuns se souviendront que lors de son premier mandat à la tête de l’Assemblée nationale, il avait été contraint à la démission pour avoir fait une déclaration qui n’avait pas plu aux faucons du PPRD. Va-t-il laisser à la géhenne ses collègues qui tiennent à revaloriser le contrôle parlementaire dont il veut se faire le chantre ? Personne ne saura répondre à la question tant nous connaissons la fébrilité de nos acteurs politiques.
Si nos députés étaient redevables à leurs électeurs, les signataires de la motion se seraient tournés vers eux pour une quelconque décision finale. Mais malheureusement, tel n’est pas le cas. Le cordon ombilical entre les deux partenaires est coupé après la proclamation des résultats par la Ceni. Les députés ne regardent que là où les intérêts pécuniaires les amènent. Il est fort probable que ceux qui résistent aujourd’hui tombent demain armes à la main. On les reverra en 2028 avec képis et T-shirts pour tromper les malnutris et mal vêtus. Et la roue va continuer ainsi à tourner, au grand dam de la majorité silencieuse.
Pour revenir au Palais du peuple, contrairement à la décision prise d’organiser chaque mercredi une plénière consacrée à des débats sur les sujets d’actualité, hier la salle de congrès est restée vide. Est-ce pour éviter que la motion de défiance contre le ministre d’Etat en charge des infrastructures ne soit pas traitée ? Wait and see comme disent les Anglais. La vérité finira par être connue.
Muke MUKE