Alors que le gouvernement ne s’est pas encore officiellement prononcé sur l’avenir de l’actuelle constitution, le microcosme politique est déjà en ébullition. Faut-il élaborer une nouvelle constitution à présenter au peuple pour un référendum ou faut-il modifier certaines dispositions de l’actuelle loi suprême du pays ? L’UDPS et sa mosaïque ont déjà pris position pour la première hypothèse. tandis que Lamuka de Martin Fayulu et Ensemble de Moïse Katumbi ne veulent pas entendre parler d’une quelconque retouche de la loi des lois. « Touche pas à ma constitution » : tel est leur cri de guerre.
Le secrétaire général (?) de l’UDPS, Augustin Kabuya, qui est actuellement contesté par une frange importante de ce parti, a laissé entendre dernièrement que sur les 5 ans du mandat présidentiel, le président élu n’exerce effectivement ses fonctions que durant 3 ans, les deux autres étant consommés par les tractations politiques pour asseoir les institutions issues des élections.. L’opposition balaie d’un revers de la main cet argument. Elle estime que si retard il y a, la faute incombe aux acteurs politiques qui tiennent mordicus à occuper des postes dans les institutions, et non à la constitution. Celle-ci a défini les règles du jeu que les politiciens ne veulent pas respecter.
Pour rappel, la plupart des personnes qui sont aujourd’hui au pouvoir s’étaient farouchement opposées à Joseph Kabila et sa famille politique lorsqu’ils ont voulu modifier l’actuelle constitution dans le but d’accorder un troisième mandat au leader du Front commun pour le Congo (FCC). Les manifestations qui ont été organisées pour dire non à cette révision constitutionnelle ont provoqué, nous nous en souvenons, de nombreuses victimes comme les Rossy Mukendi et d’autres anonymes massacrées au siège de l’UDPS. Aujourd’hui, pour des raisons de s’éterniser au pouvoir, certains veulent oublier cette étape de l’histoire de notre pays. S’il y en a qui tiennent à faire le forcing pour assouvir leurs appétits politiques, ils assumeront dans l’avenir les conséquences de leur acte.
Concernant la situation socio-économique précaire des Congolais, nous devons reconnaître que la constitution en soi n’en est pour rien. Les nombreux cas de corruption dénoncés ci et là ne sont pas facilités par la constitution. Il revient plutôt aux cours et tribunaux de réprimer leurs auteurs. Mais malheureusement, comme l’a reconnu publiquement le chef de l’Etat lui-même, notre justice étant malade, elle ne peut pas dire le vrai droit. Les arrêts sont prononcés suivant la poche des justiciables. Selon qu’on est pauvre ou riche, la justice vous rendra blanc ou noir.
Cet exemple pris dans le domaine de droit prouve à suffisance que le problème des Congolais se trouve au niveau mental. Tant que leur mentalité ne change pas, et tant que l’impunité vis-à-vis des criminels de tous genres est de mise, rien ne changera quand bien-même que les Congolais restent dans la logique des inciviques qui n’aiment pas leur pays.
Le rôle néfaste des juristes professeurs
Depuis la mémorable Conférence nationale souveraine (CNS), nous avons connu une race des juristes professeurs qui ont persécuté la science au profit de leur positionnement politique. L’un d’eux, de surcroît constitutionnalité, ne s’est nullement gêné d’affirmer, du haut de la tribune de la CNS, que le peuple belge n’était pas souverain. Il a prononcé ces turpitudes pour s’arranger derrière la thèse de Mobutu qui ne voulait pas d’une conférence qui soit souveraine. Malheureusement, jusqu’à sa mort l’Aigle de Kawele ne l’avait pas nommé ministre, en récompense de son insolence scientifique.
À présent que le camp au pouvoir tient à mettre en place une nouvelle constitution, des sources dignes de foi nous apprennent qu’un prof de droit, constitutionnaliste de son état, ferait partie de la commission créée par le président de la République pour élaborer le nouveau texte de la loi suprême. Pourtant, il n’y a pas longtemps, il faisait savoir à la population que la constitution en vigueur était la meilleure que la RDC ait connue depuis son accession à la souveraineté nationale et internationale. Qu’est-ce qui a changé dans ce texte pour que notre prof se retrouve aujourd’hui dans le camp de ceux qui le diabolisent et réclament son remplacement ? Si le ridicule tuait, ce membre actuellement dans le camp du pouvoir se serait enterré lui-même.
À l’époque de la kabilie, un autre prof qui avait même dirigé la chambre du parlement, ne jurait que par la révision constitutionnelle. Dans le cas contraire, a-t-il soutenu avec force, la RDC connaîtrait «l’inanition». Il a été démenti par la situation sur le terrain.
Nous risquons de connaître le même scénario avec les juristes profs de l’Union sacrée de la nation (USN). À force des flatteries et du fanatisme, ils vont conduire le pays dans le gouffre d’où personne ne sera à mesure de le faire sortir.
Le changement de constitution est la ligne rouge à ne pas franchir. Les tenants du pouvoir devraient le savoir.
Muke MUKE