Le monde du basketball perd une légende. Jean-Jacques Mutombo Dikembe, l’un des plus grands défenseurs de l’histoire de la NBA, est décédé hier lundi 30 septembre, à l’âge de 58 ans, des suites d’une tumeur au cerveau. Son héritage, tant sur le terrain que dans ses actions humanitaires, laisse une empreinte indélébile et immense.
Né à Kinshasa, le 25 juin 1966, Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba Jean-Jacques Wamutombo, de l’ethnie Luba, aurait pu devenir médecin. C’est d’ailleurs ce qu’il envisageait en quittant la RDC pour les États-Unis en 1987 grâce à une bourse universitaire. Mais son destin allait changer grâce à sa taille impressionnante de 2,18 m, qui ne passa pas inaperçue. À l’université de Georgetown, l’entraîneur, John Thompson repère rapidement son potentiel et le convainc de rejoindre l’équipe de basket.
Bien qu’il fût inscrit en médecine, Mutombo choisit finalement le basketball, et cette décision allait marquer le début d’une carrière exceptionnelle. Dès ses débuts en NBA, le jeune Congolais fait sensation en tant que pivot, se distinguant par sa défense redoutable et ses contres spectaculaires. En 1991, il est sélectionné par les Denver Nuggets, devenant ainsi le troisième joueur africain à rejoindre la Ligue nord-américaine de basketball (National basket association).
Le roi des contres et de la défense
Mutombo s’impose comme l’un des meilleurs défenseurs de la ligue, et son nom devient synonyme de solidité défensive. Son fameux geste, le «Mutombo Finger Wave» secouer l’index après un contre est devenu une signature, une manière pour lui de signifier à ses adversaires que «ce n’est pas chez moi».Cette attitude, associée à son palmarès de quatre titres de Meilleur défenseur de l’année (1995, 1997, 1998, 2001), fait de lui une figure incontournable de la NBA. Son engagement sur le terrain et son charisme lui permettent de récolter huit sélections au All-Star Game et d’entrer au Hall of Fame de la NBA en 2015.
Outre ses talents défensifs, ce défenseur colossal laisse un héritage immense en termes de chiffres. Avec 3 289 contres, il est l’un des joueurs les plus prolifiques de l’histoire de la ligue. Son maillot a été retiré par les Atlanta Hawks et les Denver Nuggets. Ce geste témoigne le respect et de l’admiration que lui portaient ses coéquipiers et ses adversaires.
Un homme de cœur : L’engagement humanitaire
Dikembe Mutombo n’était pas qu’un géant sur les parquets. En dehors du sport, il s’est toujours montré très impliqué dans des initiatives humanitaires. Animé par un profond désir d’aider son pays et son continent, il a utilisé sa notoriété et sa fortune pour améliorer les conditions de vie en RDC et en Afrique.
En 1997, il crée la Fondation «Dikembe Mutombo», et en 2007, il finance la construction de l’hôpital Biamba Marie Mutombo à Kinshasa, dédié à sa mère. Cet établissement a soigné des centaines de milliers de Congolais et demeure l’un des plus grands accomplissements de l’ancien basketteur dans le domaine de la santé.
Il a également contribué à l’éducation en RDC. En 2021, il inaugure l’Institut Samuel Mutombo des Sciences et de l’Entrepreneuriat à Mbuji-Mayi, portant le nom de son père. L’école offre des bourses à plus de 400 élèves, permettant à des jeunes talents de recevoir une éducation de qualité, notamment dans les domaines de l’entrepreneuriat et des sciences.
Un modèle pour l’Afrique
Le décès de Mutombo laisse un vide immense. La NBA perd l’un de ses plus grands défenseurs, la RDC et l’Afrique perdent un modèle d’engagement et de philanthropie. Son mentor, John Thompson, résumait bien son héritage : «Dikembe utilise les talents que Dieu lui a donnés pour s’assurer qu’il prenne soin des gens. » Cette philosophie, Mutombo l’a portée toute sa vie, sur le terrain ou en dehors. En ce jour triste, le monde du basketball et la RDC pleurent un géant.
Dikembe Mutombo ne sera pas seulement rappelé pour ses performances sur les parquets, mais aussi pour son cœur immense et sa volonté de changer les vies des autres à travers ses actions humanitaires.
Christian-Timothée MAMPUYA