Après près d’un mois de perturbations dans le secteur éducatif de la République démocratique du Congo, une lueur d’espoir apparaît enfin pour l’année scolaire 2024-2025. Les principales organisations syndicales des enseignants ont annoncé dimanche 6 octobre la fin du mouvement de grève qui paralysait les écoles publiques dans plusieurs régions du pays.
Cette décision fait suite à un dialogue constructif entre les représentants syndicaux et la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté, Raïssa Malu. Lors d’une réunion tenue le 5 octobre, la ministre a réaffirmé l’engagement du Gouvernement à améliorer les conditions de travail des enseignants. Elle a rappelé que près de 70% des promesses faites lors des accords de Bibwa en août dernier avaient déjà été tenues.
Le secrétaire général intérimaire du Syndicat national des enseignants catholiques (Synecat), Jean-Denis Nzeza, a confirmé le paiement effectif de l’augmentation salariale promise à Bibwa, ainsi que le versement des primes de gratuité pour les enseignants du primaire pour les mois de juillet, août et septembre. Ainsi, a-t-il appelé tous les enseignants à reprendre le travail, tout en s’engageant à poursuivre les négociations avec le Gouvernement.
«Le secrétariat général du Synecat s’est réuni le 6 octobre dernier pour évaluer la situation qui prévaut dans les écoles catholiques. A l’issue des échanges avec les autorités du ministère de l’Education, il a constaté le paiement effectif de l’ajout au salaire promis à tous les enseignants à Bibwa, au mois d’août, le paiement effectif des primes de gratuité aux enseignants du primaire. Et par conséquent, nous demandons aux enseignants n’ayant pas encore repris le travail d’emboiter les pas à leurs collègues qui prestent déjà», a déclaré Jean-Denis Nzeza.
Par contre, de son côté, le porte-parole de l’Intersyndicale de l’Éducation nationale, Godefroid Matondo, a souligné que des tensions persistaient dans certaines provinces en raison de retards de paiement et d’inégalités dans la distribution des primes.
«Après évaluation du premier mois de l’année scolaire en cours, il se constate ce qui suit : la paie complémentaire telle que convenue à Bibwa avec le Gouvernement n’est pas effective dans certaines provinces, aussi le non-paiement des salaires par certaines banques payeuses notamment IFOD (Ex Caritas) alors que le Gouvernement avait déjà libéré les fonds, l’inégalité dans la paie de la prime de la gratuité, le non-paiement de la prime pour fonction spéciale en faveur des inspecteurs dans 54 provinces éducationnelles», a-t-il fait remarquer.
Par conséquent, il a exhorté le Gouvernement à résoudre rapidement ces problèmes et à encourager les enseignants à reprendre leurs fonctions dès le lundi 7 octobre.
«De ce constat, il s’observe plusieurs foyers de tensions dans certaines provinces éducationnelles. Au vu de ce qui précède, l’intersyndicale recommande au Gouvernement de la République de résoudre en toute urgence les problèmes ci-haut soulevés et aux enseignants et inspecteurs qui hésitent encore à rejoindre leurs postes de travail dès ce lundi 7 octobre», a-t-il recommandé dans une déclaration faite dernièrement.
Malgré ces avancées, les syndicats restent vigilants. Ils estiment que les augmentations salariales accordées à la faveur des accords de Bibwa sont encore insuffisantes et continuent d’exiger des efforts supplémentaires au gouvernement.
Un début d’année scolaire mouvementé
Les enseignants des établissements publics étaient en grève depuis le 2 septembre, date marquant la rentrée scolaire. Ils revendiquaient une revalorisation salariale et une amélioration de leurs conditions de travail, reprochant au Gouvernement de ne pas tenir ses engagements pris lors des négociations antérieures. Cette situation avait donné lieu à un début d’année scolaire mouvementé, où certaines écoles avaient décidé de rouvrir malgré la grève, tandis que d’autres durcissaient leur position.
Toutefois, les négociations menées ces derniers jours semblent avoir apaisé la situation. Les syndicats ont annoncé qu’ils poursuivraient le dialogue avec le Gouvernement pour garantir une résolution.
Entre-temps, le défi reste de taille pour concilier les attentes des enseignants et les contraintes budgétaires de l’État. L’année scolaire 2024-2025, qui a officiellement débuté le 2 septembre, peut enfin prendre son envol, avec l’espoir d’un dialogue social continu pour garantir une éducation de qualité à tous les enfants de la RDC.
Dina BUHAKE Tshionza