Lors d’un sit-in organisé devant le palais de justice à Kinshasa : L’Opposition et la société civile accusent Tshisekedi d’étouffer les voix critiques via la Justice et la Sécurité

Les abords du Palais de justice ont été le théâtre d’un sit-in, organisé par les partis politiques de l’opposition, en synergie avec plusieurs mouvements citoyens, hier mercredi 25 septembre.Cette mobilisation vise à dénoncer ce que les manifestants qualifient de dérive autoritaire du gouvernement en place, tout en exigeant la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers politiques.

Banderoles, chants, slogans et cris de colère ont rythmé cette journée de mobilisation. Parmi les prisonniers politiques dont la libération est réclamée figurent Jean-Marc Kabund, président de l’Alliance pour le changement, ainsi que des figures comme Seth Kikuni, Mike Mukebayi et d’autres. Ces personnalités politiques sont, selon les manifestants, victimes d’arrestations arbitraires orchestrées par le régime pour étouffer la dissidence.

Les organisateurs du sit-in dénoncent également la recrudescence des arrestations de militants des droits de l’homme, notamment ceux de la Lucha et de Véranda Mutsanga (Un groupe de pression).

Un mémorandum pour dénoncer les violations des droits fondamentaux

Les forces de l’opposition et les organisations de la société civile ont remis un mémorandum au ministre de la Justice, qui se chargera de le transmettre à la Première ministre. Ce document détaille les différentes atteintes aux droits fondamentaux perpétrées par le régime en place, accusé d’installer un climat de terreur et de restreindre les libertés publiques.

 » Ces mesures liberticides qui criminalisent l’activité politique dissidente sont inacceptables « , peut-on lire dans le mémorandum. Les signataires dénoncent également l’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité, comme la Demiap et l’ANR, pour étouffer les voix critiques à l’encontre du régime de Félix Tshisekedi. Ils rappellent que de nombreuses arrestations se font sans motifs légaux, violant les droits consacrés par la Constitution congolaise et les traités internationaux signés par la RDC.

Des violences sexuelles dénoncées en prison

Le document dénonce également des cas de violence sexuelle infligée aux détenus politiques dans les lieux de détention clandestins. Ces actes, qualifiés de traitements inhumains et dégradants, sont en violation flagrante de la Convention contre la torture ratifiée par la RDC en 1996. Les protestataires exigent que,  des enquêtes sérieuses soient diligentées pour faire la lumière sur ces accusations et que justice soit rendue.

Les massacres de Makala et de Goma en ligne de mire

Outre la dénonciation des arrestations arbitraires, les manifestants ont également réclamé des enquêtes sur les massacres de Makala, où des centaines de détenus ont trouvé la mort, et sur les événements tragiques de Goma en août 2023, où plus de 250 membres de la secte wazalendo ont été tués. Ils accusent le gouvernement de Félix Tshisekedi de complicité par son silence et son inaction face à ces crimes, soulignant l’impunité qui règne parmi les auteurs des violences.

Le mémorandum exhorte le gouvernement à mettre fin à ces pratiques répressives et à respecter les libertés fondamentales inscrites dans la Constitution de la RDC. Les partis d’opposition rappellent que «  l’opposition politique est un droit fondamental et son exercice ne doit en aucun cas conduire à des arrestations ou intimidations « . Ils préviennent que si ces pratiques ne cessent pas, ils useront de tous les moyens légaux pour défendre la démocratie en péril.

Une situation intenable pour l’opposition

Wina Lokondo, cadre du parti Ensemble pour la République,a exprimé sa frustration face à ce qu’il considère comme une manipulation politique de la justice.

 » Nous sommes venus ici pour dénoncer cette vague d’arrestations et de détentions arbitraires. Il est inadmissible de voir des citoyens arrêtés pour des raisons purement politiques, tandis que les véritables criminels, responsables des détournements des deniers publics, sont laissés en liberté.« 

Il a appelé à la fin des pratiques répressives du gouvernement et exhorté les autorités à cesser de créer un climat d’insécurité dans le pays, tout en plaidant pour le dialogue et la réconciliation.

D’autres manifestants ont insisté sur la nécessité de prioriser la lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics, estimant que les véritables criminels ne sont pas ceux qui s’opposent au pouvoir, mais ceux qui pillent les ressources du pays.

La journée s’est conclue dans une ambiance tendue, les manifestants promettant de continuer leur lutte tant que leurs revendications ne seront pas entendues. Le sort des prisonniers politiques, en particulier celui de Jean-Marc Kabund et de Seth Kikuni, semble être devenu un enjeu majeur de la scène politique congolaise, opposant de manière frontale l’exécutif à une opposition déterminée à défendre ses droits.

Christian-Timothée MAMPUYA

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