Le chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en RDC a profité de son passage au Palais des Nations Unies à Genève pour parler aux médias de la situation au Nord-Kivu d’où il revenait d’une mission de terrain.
Aujourd’hui, l’épuisement, la colère et le désarroi gagnent du terrain dans l’Est de la République démocratique du Congo. La population est épuisée car elle paie à nouveau un lourd tribut depuis la reprise des affrontements entre les Forces armées de la RDC et alliés (Wazalendo) et le groupe armé M23 en octobre 2023.
Depuis la reprise des hostilités, on dénombre 450 000 personnes déplacées supplémentaires au Nord-Kivu, alors que le total de déplacés atteint le chiffre record de 6,9 millions dans le pays. Pour vous donner un ordre de comparaison, 450.000 représente le double de la population de Genève.
Ces derniers mois, la vie des populations est ballotée entre les combats et les courts moments d’accalmie. Des centaines de milliers de personnes s’entassent dans des camps où les conditions de vie sont extrêmement précaires. La majeure partie de l’assistance humanitaire déployée par les organisations se concentre dans ces camps; elle reste toutefois en-deçà de l’ampleur des besoins.
Mais certaines zones rurales plus éloignées ou enclavées, notamment dans les territoires de Masisi et Rutshuru, sont hors de portée, et ne bénéficient d’aucune assistance, ou très peu. Si les déplacements répétés sont un cauchemar pour les familles, ils mettent aussi à rude épreuve les capacités logistiques du CICR. Ce, après avoir travaresé les lignes de front. A chaque nouveau déplacement de populations, les équipes du CICR et les autres organisations humanitaires doivent renouveler les évaluations des besoins humanitaires et adapter leur réponse.
Bien que le CICR entretienne un dialogue privilégié avec les différents porteurs d’armes, l’espace humanitaire et l’acheminement de l’aide sont difficiles en raison de l’intensité et la persistance des combats.
Le danger est réel car les messages de haine contribuent directement ou indirectement à menacer la sécurité ou la dignité des populations civiles. Ces messages de haine entrainent des dommages psychologiques et sociaux et mettent également en péril l’espace humanitaire, dont les principes sont de plus en plus remis en question.
Autre triste constat : l’augmentation significative du recrutement de mineurs au sein des communautés de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Les adolescents sont les plus à risque, en particulier les jeunes garçons, alors que les jeunes filles sont plus exposées aux violences sexuelles.
Grâce à l’obtention de garanties sécuritaires, la semaine dernière, les populations les plus enclavées qui n’avaient (pour certaines) reçu aucune assistance depuis le début des combats, ont pu obtenir des secours d’urgence.
Dans le Bwito en territoire de Rutshuru, les équipes du CICR ont distribué de la nourriture et des bâches à plus de 22’000 personnes. Grâce à des donations de médicaments et de matériel médical, près de 150.000 personnes, y compris des blessés, pourront être soignées dans les centres de santé de cette région.
Les personnes bénéficiaires ont exprimé leur satisfaction avec joie. « Si vous êtes venus jusqu’à nous, cela nous rassure que nous ne sommes pas des populations oubliées « .
Partout où les équipes du CICR ont travaillé, elles ont soutenu toutes les communautés dans le besoin.
Cette opération n’est qu’une première étape. Même si le désarroi gagne du terrain, le CICR promet de continuer sans relâche son dialogue avec les parties au conflit pour garantir le respect des règles de la guerre. En coordination avec la Croix-Rouge de la RDC, nous travaillons avec persistance pour assurer une assistance neutre, impartiale et indépendante aux personnes les plus vulnérables. Mbangu MAMIYOUND