Les femmes issues des communautés rurales à faible revenu estiment que la vaccination de leurs enfants n’est pas une priorité. Elles doivent d’abord nourrir leur famille. La course à la recherche du gagne-pain les obligent simplement à accorder une moindre importance aux différentes phases de vaccination prévues pour leurs enfants ou carrément à manquer d’y participer au début à la fin. Et c’est par manque de temps de pouvoir accompagner les enfants dans les sites de vaccinations qui sont aussi parfois très éloignés des habitations de populations. Conséquence, l’existence du phénomène enfants «zéro dose». C’est-à-dire ceux qui n’ont pas reçu la première dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la ditscoqueluche (DTC1). Il y a aussi ceux qui ont reçu la première dose (DTC1) mais pas la troisième (DTC3). Ce sont des enfants «insuffisamment vaccinés», renseigne le site en ligne Actualité.cd.
C’est le cas de Mujinga et Kabamba. Chacune mère d’un enfant. Leurs enfants, Kalenda a un an, et Julien a trois ans, tous deux n’ont jamais reçu de vaccin depuis leur naissance. Originaires de la ville de Kamina dans la province du Haut-Lomami, ces deux femmes sont arrivées à Kolwezi dans la province du Lualaba à la recherche d’un avenir meilleur dans la ville minière.
«Ma sœur et moi venons de Kamina, la vie y devenue difficile. Ici, au Lualaba, il y a beaucoup d’opportunités. Nous venons nous y installer pour vendre de la nourriture aux creuseurs. Cela nous permettra de joindre les deux bouts de chaque mois», a raconté Mukaji. «Nous sommes souvent occupées et nous n’avons pas le temps d’aller au centre de santé pour faire vacciner les enfants, mais ils sont en bonne santé», s’est défendue Kabamba.
Comme ces deux parents, plusieurs autres souvent accompagnés de leurs enfants aussi quittent le Haute-Lomami, le Kasaï, le Tanganyika et l’espace Est du pays pour s’installer dans la ville minière de Kolwezi dans la province du Lualaba. Bon nombre de ces enfants n’ont rarement voire jamais reçu une seule dose de vaccin. Et ceux qui l’ont administré ne l’ont pas reçu de manière régulière. Ce catégorie d’enfants ne sont pas protégés contre les maladies évitables par la vaccination, qui font des ravages dans certaines provinces de la République démocratique du Congo.
‘LES ENFANT «ZÉROS DOSE» ONT MOINS DE CHANCES DE S’ÉPANOUIR, ETC…’
Selon l’antenne du Programme élargi de vaccination (PEV) du ministère de la Santé publique, l’Hygiène et la Prévention, des dizaines d’enfants au Lualaba sont issus des communautés les plus pauvres, les plus éloignées des centres de santé et les plus marginalisées économiquement. Ces enfants sous ou pas vaccinés vivent sur des sites miniers, dans des villages ruraux isolés et dans des zones affectées par des conflits ou un afflux de populations en provenance d’autres provinces.
«Les enfants non vaccinés ont moins de chances de s’épanouir, d’apprendre et de vivre en bonne santé. Sur le parking de Nguba, ce sont ces enfants que nous trouvons», a expliqué le docteur Jacques Mukende, médecin-chef de zone de Fungurume. «Nous avons mis en place une équipe permanente de vaccinateurs pour informer les familles, vacciner les enfants et assurer le suivi du calendrier vaccinal. Nous comptons également installer des équipes sur les sites miniers pour rattraper les enfants qui auraient échappé à la vigilance de nos vaccinateurs», a-t-il ajouté en substance.
Des multiples efforts encore sont à fournir
Rappelons que le Lualaba a atteint une couverture vaccinale de plus de 90 % en 2022 et a été l’une des meilleures provinces couronnées lors du dernier forum national sur la vaccination et l’éradication de la polio après le Haut-Lomami. Cet exploit évident a témoigné l’engagement de la RDC par le ministère de la Sante publique, l’Hygiène et la Prévention de mettre fin à ces inégalités, en faisant de la vaccination des enfants «zéro dose» une priorité de ses priorités pour les cinq prochaines années.
Des efforts importants sont encore nécessaires pour rattraper un nombre de plus de 32 mille d’enfants identifiés par la province comme étant non vaccinés et insuffisamment vaccinés malgré ces progrès. Des protocoles d’accord ont été signés en 2018, entre la Fondation Bill et Melinda Gates (FBMG) et les provinces du Tanganyika et du Haut-Lomami, qui se sont engagées à renforcer la vaccination de routine et à stopper l’épidémie de polio. Elles ont été rejointes par le Lualaba en juin 2021. Abondance MASAKA, Stagiaire