HARARE, 18 novembre (Xinhua) — Les pays africains doivent mobiliser des financements nationaux pour améliorer la capacité des laboratoires à lutter contre la résistance aux antimicrobiens (RAM), a déclaré samedi Yewande Alimi, coordinatrice du programme RAM du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique).
S’exprimant lors d’une réunion de sensibilisation des médias à Harare, la capitale du Zimbabwe, Mme Alimi a indiqué que l’Afrique, le continent plus durement touché par la RAM, devrait s’efforcer d’améliorer ses capacités bactériologiques et de tirer parti de la capacité de séquençage génomique de la COVID-19 déjà établie.
Selon une étude réalisée par le Partenariat pour la cartographie de la résistance aux antimicrobiens et de l’utilisation des antimicrobiens (PCRAM) dans 14 pays africains entre 2016 et 2019, seule une infime partie des laboratoires peut effectuer des tests de RAM.
« L’étude a révélé que seulement 1,3% des 50.000 laboratoires médicaux des pays participants peuvent effectivement effectuer des tests de RAM, ce qui est nécessaire pour fournir des données susceptibles d’orienter les politiques et les interventions. Ces résultats sont préoccupants et, au niveau du CDC, l’une des choses que nous défendons vraiment est le financement national« , a-t-elle affirmé.
La responsable du CDC Afrique a exhorté les gouvernements africains à commencer à investir dans l’approvisionnement en matériel bactériologique, afin de mettre en place les infrastructures adéquates.
Mme Alimi a estimé que l’amélioration des diagnostics était un autre domaine prioritaire pour l’Afrique dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, notant que grâce à l’Institut africain de génomique des agents pathogènes (Africa PGI), un travail remarquable était effectué pour améliorer le séquençage génomique de la RAM.
S’exprimant à la même occasion, Walter Fuller, expert de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a affirmé qu’une approche collaborative était nécessaire entre les Etats membres pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens.
M. Fuller a signalé qu’au vu des études récentes soulignant l’impact socio-économique croissant de la RAM, il était temps d’agir en Afrique.
Il a rappelé qu’une étude réalisée en 2022 par des scientifiques du projet Global Research on Antimicrobial Resistance montrait que l’Afrique subsaharienne était la plus touchée, avec 24 décès pour 100.000 causés directement par la RAM et 99 décès pour 100.000 à des causes associées.
La réunion de sensibilisation des médias s’est tenue au début de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (WAAW), accueillie par le Zimbabwe de samedi à vendredi.
Cet événement mondial annuel est organisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’OMS et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
La WAAW vise à renforcer la sensibilisation et la compréhension des défis posés par la RAM, tout en s’efforçant de promouvoir les meilleures pratiques en matière de gestion des antimicrobiens dans les domaines de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement.