Echangeant avec le Vice-président pour l’Afrique de la SFI : Le Gouverneur de la BCC plaide pour plus d’inclusion financière des femmes

Mme le Gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Malangu Kabedi Mbuyi, s’investit pour accroître la faible inclusion financière des femmes qui reste à ce jour un des défis majeurs de la société Rd congolaise.  Elle a fait un plaidoyer  à ce sujet au cours d’un entretien avec le Vice-président pour l’Afrique de la SFI, Sergio Pimenta, en marge des travaux des assemblées du printemps du FMI et de la Banque Mondiale tenues  à Washington.

 « Ça reste un défi important, que ce soit au niveau africain ou celui de la RDC.  C’est un défi malgré des progrès qu’il y a eu au cours des dernières années. Il y en a eu à des degrés divers selon les pays. Si on regarde la question d’inclusion financière de la femme comme une question clé par rapport au développement du pays, il y a encore beaucoup à faire Si je prends le cas de mon pays pour illustrer, je prends deux secteurs où il y a une forte participation des femmes, les secteurs du commerce et de l’agriculture où l’esprit d’entreprenariat, la vigueur, la motivation de la femme n’est plus à démontrer, on voit aussi que c’est des secteurs où l’accès au service financier est soit insuffisant soit inadéquat« ,  explique la première gestionnaire de la plus grande institution financière du pays.

Au niveau du commerce par exemple, fait-elle observer,  » on peut dire que c’est en tête des secteurs bénéficiaires des crédits dans mon pays, mais c’est des crédits à court terme, et donc qui ne peuvent pas véritablement supporter l’expansion ou la diversification des activités. Si on prend le secteur de l’agriculture où il y a quand même une très forte proportion féminine, c’est un secteur où lorsque l’on regarde les données les plus récentes, 2021, je pense c’est 1% du crédit total. Donc c’est vraiment un défi important qu’on ne peut pas isoler du défi du développement du secteur financier de l’intermédiation de l’accès au service financier en général « , affirme Madame le Gouverneur  de la BCC.

Plaidoyer pour l’appui des institutions internationales partenaires

« La question de l’accès au service financier pour les femmes, c’est une question qui va demander l’engagement de tout le monde. Aussi bien au niveau des pays, la Banque centrale, les banques, les décideurs politiques mais aussi au niveau de ceux qui accompagnent les efforts des pays : le Fonds monétaire, la SFI. Lorsque nous mettons ces actions en œuvre, nous regardons toujours qu’est-ce que les autres peuvent faire pour nous accompagner. Je serai aussi intéressée à savoir au niveau de la SFI quels sont les instruments que vous mettez en place, quelles sont les actions que vous mettez en place pour pouvoir nous accompagner plus efficacement. Parce que ce défi, quel  que soit le pays que vous prenez en Afrique, c’est un défi très important, il est au cœur des problèmes de développement de notre pays« , dit la patronne de la banque des banques, s’adressant  au vice-président en charge de l’Afrique de SFI, entièrement d’accord avec elle.

Avoir une approche volontariste

Sergio Pimenta : « C’est vraiment un sujet que vous avez bien décrit, qui demande le soutien de tout le monde, de tous les partenaires de développement, les pays, le secteur privé, le secteur public, nous devons tous faire un effort. De notre côté nous avons bien réalisé qu’il fallait prendre une approche volontariste, pas simplement de faire quelques opérations ici ou là, mais de rendre beaucoup plus systématique notre approche de la question du genre. Par exemple nous faisons beaucoup pour les petites et moyennes entreprises africaines à travers des lignes de crédits, des banques où nous mettons à la disposition des lignes de crédits avec le travail de conseils qui va à l’appui pour justement les encourager à prêter plus aux petites et moyennes entreprises. Ce que nous avons fait, nous avons dit à tous nos partenaires banques et institutions financières, nous voulons que ce programme ait une composante genre. Est-ce que vous allez faire 50 %, 60 % voire  70% pour les femmes. l faut avoir une approche volontariste « , déclare le Vice-président pour l’Afrique de la SFI.

Sergio Pimenta estime que cela permet de « cibler des entreprises détenues  et gérées par les femmes, et à travers elles, d’avoir les effets de développement économiques beaucoup plus forts. Nous avons également renforcé nos opérations de micro finance, les clients sont à majorité des femmes. Donc nous avons essayé d’accroître nos opérations dans ce domaine-là « , assure-t-il.

Madame le Gouverneur de la BCC en a profité pour informer son interlocuteur  des actions menées par le gouvernement en synergie avec l’institution qu’elle dirige pour stimuler le taux d’inclusion financière des femmes. Parmi ces actions, elle cite entre autres « la modernisation du système national de paiement  avec l’avènement de la monnaie électronique dit mobile money, la sensibilisation régulière de la population à la culture de l’épargne, la promulgation de la loi sur le code numérique, l’adoption, au conseil des ministres, de la stratégie nationale d’inclusion financière à travers la réglementation, l’éducation financière et la protection des consommateurs. « 

A l’occasion, Madame Malangu Kabedi Mbuyi  a passé un message aux jeunes femmes, aux femmes africaines en général  par rapport à ce qu’elles peuvent faire pour leur autonomisation. «  Je leur dirai d’abord d’être ambitieuses, déterminées et de ne pas être complexées. Il faut se fixer des objectifs, se lancer, chercher les moyens d’atteindre ces objectifs,  avoir une très forte motivation, un sens élevé du devoir, d’intégrité, de responsabilité. Et C’est seulement comme ça qu’on va regarder le monde en se disant je veux conquérir ce monde, je veux y aller, rien ne va m’empêcher… « , a-t-elle souligné. Didier KEBONGO

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