Comparaissant devant la Cour militaire de Kinshasa-Gombe hier : Salomon Kalonda dénonce un « procès de la honte »

*Pour ses avocats,  » le dossier est vide, il s’agit d’une affaire politique. »

La deuxième audience du procès de Salomon Idi Kalonda, conseiller spécial de Moïse Katumbi, s’est tenue hier lundi 18 septembre à la Cour militaire de Kinshasa-Gombe. Arrivé sur les lieux en ambulance, un cathéter perceptible sur la main gauche, Salomon Kalonda tenait à assister à cette séquence de son procès pour « trahison ».  Sur demande du ministère public, le tribunal a renvoyé le dossier au 25 septembre.

C’est un Salomon Kalonda malade qui s’est présenté devant la Cour militaire de Kinshasa-Gombe, hier lundi, pour sa deuxième audience.  « Monsieur le président, je me présente ici devant vous, malade, contre l’avis de mes médecins. Je ne devais pas me présenter ici, parce que mes médecins ont voulu me maintenir. Autant, la mort peut m’emporter par la maladie, autant cette situation que je vis, aujourd’hui, avec ce procès de la honte peut également m’emporter« , a déclaré le conseiller spécial de Moïse Katumbi, écroué depuis  113 jours à la prison militaire de Ndolo.

L’expression du « procès de la honte » a été reprise plusieurs fois par la défense qui demande que la cour reconnaisse son incompétence à juger un civil dans cette affaire.

« Nous sommes venus démontrer que Salomon Kalonda ne devrait pas être jugé devant une juridiction militaire parce que parce que sa qualité de civil au regard de la législation liée aux compétences des juridictions militaires, au regard des prescrits constitutionnels, est incompatible avec une procédure judiciaire menée à son encontre par une juridiction militaire. »

Elle ne s’arrête pas là. Les avocats de SK Della ont également introduit une demande en nullité de tous les procès-verbaux des auditions de leur client au niveau des renseignements militaires, « obtenus en violation de la loi ».

Me Hervé Diakiese, rapporteur du Collectif d’avocats de Salomon Kalonda, dénonce par ailleurs un  » procès politique  » et un complot contre son client. Me Hervé Diakiese dit, à haute et intelligible voix, « il y a un procès-verbal dans cette affaire, qui est maintenant public, qui démontre qu’un agent de l’ANR en fonction, Mr. Patrick Nyundo Wabaluba, a reconnu avoir reçu des instructions de l’ambassadeur Dany Banza pour envoyer des messages compromettants à Mr. Salomon Kalonda, qui pourraient être utilisés à son encontre pour dire qu’il est en train de mener des actions hostiles au régime. « 

Selon Me Diakiese, Patrick Nyundo a révélé qu’il était chargé, depuis 2018, par l’ambassadeur itinérant du Chef de l’Etat, Dany Banza Maloba, de « filer Salomon Idi Kalonda Della et de lui tendre des pièges par des messages insidieux. C’est le cas des vidéos lui transférée dans lesquelles des insultes avaient été proférées à l’endroit du Chef de l’Etat, dont la dernière le 29 mai, soit la veille de son arrestation. Quel hasard de calendrier ! « 

L’avocat poursuit en expliquant que c’est dans ce cadre qu’il (Patrick Nyundo)  « avait envoyé sur le téléphone de Salomon Kalonda Idi Della, à partir d’Istanbul, la fameuse photo des tenues et bottines militaires pour laquelle  Salomon est poursuivi aujourd’hui alors que, faute d’intérêt, il n’avait même pas visionné l’image… « .  

Moïse Katumbi visé indirectement

Ce n’est pas tout. Dans son exposé, Me Hervé Diakiese dénonce également la « tentative de raccordement frauduleux entre Salomon Kalonda et Moïse Katumbi« . D’après la défense, le 6 juin 2023, l’ex-Demiap a écrit à l’Auditeur Général pour solliciter « l’interdiction de sortie du territoire national de Moïse Katumbi Chapwe« .

Face aux manques d’éléments des preuves, le ministère public obligé pour une deuxième fois  de demander le report. Ainsi la Cour a renvoyé, à la demande du ministère public, le dossier au 25 septembre courant. Aux yeux des avocats de la défense, c’est un indice que « le dossier est vide » et qu’il s’agit d’ « une affaire politique. Un procès de la honte. »

Trois principaux chefs d’accusation visent ce bras droit de Katumbi, à savoir : « incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, atteinte à la sûreté de l’Etat et détention illégale d’armes« .

Du côté de son parti, Ensemble pour la République,  Olivier Kamitatu, qui s’exprimait sur la Deutsche Welle, estime que  » tout ce procès est un mauvais spectacle.  » Le porte-parole de Moïse Katumbi  regrette que « le politique ait pris le pas sur la justice.  » Selon Kamitatu, le Chairman d’Ensemble pour la République, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 20 décembre prochain, « est la principale cible derrière ce procès« . Didier KEBONGO

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