Réforme du franc CFA : le Pr Chico Eboué plaide pour une monnaie unique pour les Africains

C’est dans l’amphithéâtre de l’université Mapon à  Kindu, que le Professeur Chico Eboué a animé une conférence de presse, sous le thème : Franc CFA, monnaie régionale en zone CEEAC et monnaie unique en Afrique.

Devant un parterre d’étudiants de la faculté de sciences économiques et de gestion FASEG, les professeurs, le corps scientifique ont tous été conviés à cet échange.

Matata Ponyo Mapon qui, 24 heures plus tôt, a présenté son programme d’action et/ou offre politique en tant que candidat à la présidentielle n’a pas dérogé à la règle.

Professeur de renom à  l’université de Lorraine, Nancy en France, le professeur Chico Eboué macroéconomiste du développement, spécialisé en macroéconomie quantitative et financière a à son actif formé 92 professeurs dont 60 Camerounais, 6 Gabonais, 6 Ivoiriens, 3 Burkinabés, 6 Français, 2 Tchadiens et deux Centrafricains. Dans son actif, il a dirigé la thèse de doctorat du sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon qu’il a défendu avec brio et dont il est fier.

Pourquoi de ce sujet, s’est-il interrogé? Pour lui, le candidat Matata Ponyo Mapon a montré à la face du monde qu’il faut transformer les pays africains. Ceci implique le choix d’avoir une monnaie pilotée seul en ce qu’il est un élément de la souveraineté, l’un des attributs de la souveraineté, a-t-il fait savoir.

La France qui se fait chasser est l’anachronisme de six pays au centre de l’Afrique et 8 États de l’Afrique de l’Ouest sous l’emprise du franc CFA, une monnaie coloniale pour certains.

La dévaluation en permanence du franc CFA par rapport au dollar américain pendant une longue période ainsi que le coût en importation qui est dévalué à 10% est l’élément déclencheur de la réforme du franc CFA.

Au titre des accords entre ces 14 pays sous l’emprise du franc CFA et la France, ces pays ne constituent pas la totalité de réserves d’échange qui est l’indicateur permanent du taux de change. Ce qui lui rappelle les propos du sénateur Matata Ponyo: le taux de change est l’enfer permanent pour le gouvernement actuel. De 910 franc congolais le dollar à 2250 francs congolais, le dollar actuellement, il y a eu la dévaluation de près de 400% de la monnaie locale. La question que se pose le Pr Eboué : Comment Matata Ponyo, ministre des Finances et Matata Ponyo, Premier ministre avait pu stabiliser le franc congolais? S’interroge le Professeur Chico Eboué.

La souveraineté de la République démocratique du Congo repose sur sa monnaie et lui permet d’avoir sa totalité de réserves, malheureusement avec le franc CFA, les 14 pays n’ont pas la totalité de ses richesses d’où la nécessité de la réforme, se libérer de la soumission absolue à la France vers l’autonomie monétaire c’est à dire annuler le franc CFA au rattachement à la France comme Matata Ponyo Mapon a piloté l’inflation jusqu’à 1%. Et donc, les facteurs de stabilité des franc congolais à l’époque a été la monnaie de réserve en Zambie et Angola.

D’où le questionnement: quel est le rôle de la monnaie? C’est quoi la monnaie? Quelle est la nature de la monnaie? Est-ce les Africains sont-ils capables de gérer leur propre monnaie? Garantir sa stabilité? En produisant la même chose, à quoi va servir l’échange alors?

Toutes les questions convergent sur la nécessité d’avoir une économie intermédiaire; une Afrique industrielle et une monnaie unique.

Comment y parvenir?

Pour le Professeur Chico Eboué, la réforme du franc CFA c’est à dire la nécessité pour les pays d’Afrique Centrale (Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Équatoriale, Cameroun, Centrafrique et le Tchad) d’envisager un chronogramme en vue de l’indépendance monétaire vis-à-vis de la France. C’est-à-dire que désormais le franc CFA d’Afrique centrale ne soit plus encré à l’euro via le compte d’opération où la moitié des réserves d’échange c’est-à-dire les revenus d’exportation soient localisés dans un compte à la Banque de France. Cela implique une souveraineté monétaire restaurée, évidemment que le rapatriement de réserves soit utile à quelque chose notamment à élever le niveau de production domestique. Ce qui implique un crédit interne et un endettement interne structurant. Sur cette question dit le Professeur Chico Eboué, les chefs d’Etat africains sont réticents tandis que les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest sous l’autorité ou l’impulsion de Alasane Dramane Ouatara veulent aller vers une monnaie unique éco dans toute la Cedeao, incluant les pays anglophones. « Pour l’instant, le projet est différé dans son calendrier à 2025. Entre-temps Macron a accepté de libérer la contrainte sur le franc CFA.

« Désormais, la BCEAO depuis 2 ans peut disposer de ses réserves d’échange« , a-t-il souligné, conseillant aux chefs d’Etat d’Afrique centrale de demander la même chose, c’est-à-dire la liberté d’utiliser leurs réserves de change et que celles -ci soient rapatriées en zone en première étape vers une souveraineté nouvelle restaurée.

Bien que cette question nécessite la motivation des rapports et de discussions, elle a été mise sur la table de débats plusieurs années et beaucoup de jeunes veulent une souveraineté monétaire totale, une indépendance vis-à-vis de la France, mouvement qui va de pair avec le mouvement des chefs d’Etat de ceux qui arrivent nouvellement via les coups d’Etat de l’Afrique de l’Ouest qui s’accompagnent d’un rejet total de la France.

Ceci justifie cela, toute cette réalité, la Nation africaine veut désormais son autonomie, donc la revendication d’une souveraineté monétaire restaurée qui participe de ce mouvement de revendication d’une liberté nouvelle, d’une souveraineté nouvelle et les africains veulent désormais cheminer eux-mêmes en assumant leurs erreurs le cas échéant.

Malgré les guerres et divisions entre Africains, il est nécessaire d’enterrer la hache de guerre à l’instar de l’Europe qui se fait la guerre pendant 6 siècles et au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe a compris qu’il ne faut plus se faire la guerre, il faut faire l’économie ensemble, d’où la communauté économique monétaire à partir de 1960 ce, après le Traité de 1956, tandis que entre 1960-1992 l’économie européenne a été intégrée et à partir de 1992, l’Europe a décidé de faire une monnaie unique, l’euro. Et donc, les Européens ont compris ce processus, a dit le Professeur Chico Eboué à savoir, si on a de quoi être ensemble, un de liens forts qui obligent les Africains d’être ensemble, c’est le prélude à la guerre, donc l’économie est un lien mais qui doit être accompagnée du lien monétaire puisque le lien monétaire est très fort. Ce qui signifie que les Africains partagent les mêmes valeurs nominales, les mêmes représentations de valeur c’est à dire valeur de biens de patrimoine.

C’est pourquoi les européens ont fait la monnaie unique. Ce qui implique aux Africains le même parcours s’il y a peu de choses qui nous réunissent malgré que nous sentons différents malgré le fait que la même culture, il nous faut une économie intégrée, une économie africaine et éventuellement une monnaie unique africaine par région, donc une monnaie régionale (Afrique de l’Ouest, le Maghreb, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe). C’est pourquoi le Professeur Chico Eboué plaide pour une monnaie régionale en zone de la Communauté des États. Pour lui, la République démocratique du Congo est le pivot de cette communauté des Pays des Grands Lacs. « Il faudrait que la RDC se réveille, s’organise, s’industrialise, ce géant au pied d’argile se mette debout ce qui va permettre d’être le moteur de toutes ces zones. Et donc, la monnaie unique par zone donne de la visibilité aux Africains entre eux.

Partant, « il faut rechanter l’économie congolaise », a-t-il conseillé à Matata Ponyo Mapon une fois élu à la magistrature suprême. Depuis Kindu, au Maniema, Pius Romain Rolland/CP

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