Les évêques catholiques américains s’en mêlent

*Le rapport de la CENCO en bandoulière, le Révérend David Malloy, Evêque de Rockford et président de la Commission pour la justice internationale et la paix de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis, a fait part à Anthony Blinken de la crainte de l’épiscopat américain de voir le scrutin de décembre déboucher sur un fiasco.

La Conférence épiscopale des Etats-Unis apporte son soutien aux évêques congolais dans leur lutte pour des élections inclusives et transparentes. Dans une correspondance adressée au secrétariat d’État américain, Antony Blinken, le révérend David Malloy, actuel évêque de Rockford et président du Comité de la justice internationale et de la paix de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a exprimé son inquiétude  » accrue  » suite à la  » détérioration  » de la situation en RDC.

« Vous vous souviendrez de la visite de la délégation CENCO-ECC à Washington en avril et de la lettre de suivi que je vous ai adressée à la mi-mai« , rappelle-t-il, tout en joignant pour examen à Antony Blinken, le dernier message de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

Le révérend David  Malloy explique que le gouvernement congolais a échoué à endiguer la violence dans l’Est du pays en général ; assurer un audit indépendant des listes électorales ; ainsi que mettre fin à la violence politique perpétrée contre les candidats politiques de l’opposition, y compris certains incidents menés par le parti.

« Je suis également alarmé par le rapport de la CENCO sur la répression gouvernementale des manifestations de l’opposition, les restrictions à la liberté de circulation des opposants, les tentatives d’adopter des projets de loi discriminatoires, la manipulation du système judiciaire et les arrestations arbitraires« , détaille l’évêque de Rockford.

« Agir rapidement pour assurer une élection libre… »

Il ne s’arrête pas là. Toujours dans son courrier au secrétaire d’État américain, le révérend David Malloy met en lumière le fait que la CENCO a rappelé au peuple congolais que « l’article 64 de la Constitution lui donne le droit et le devoir de défendre pacifiquement l’intégrité des urnes« . Il s’agit là, selon l’épiscopat américain, d’un « appel clair » à une action « non violente pour contrecarrer » ce que l’église craint être une élection « ratée« .

Ce n’est pas tout. « En réponse au message de CENCO, le président de la République aurait fustigé directement l’Église. Je vous exhorte à prendre ces signes avant-coureurs au sérieux et à agir rapidement pour assurer une élection libre, équitable et crédible. J’espère que vous travaillerez publiquement avec CENCO-ECC et d’autres organisations de la société civile pour défendre les valeurs démocratiques qui sont chères à notre pays« , écrit l’évêque de Rockford.

Ce dernier fait savoir qu’en ce qui concerne son comité constitué avec les évêques congolais, ils sont « prêts à travailler avec Antony Blinken, pour atteindre cet objectif« .

La Cenco pour un rôle d’observateur électoral

À l’issue de cinq jours des travaux de la 60e session plénière, tenue au mois de juin dernier à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, les évêques avaient déclaré que l’Église catholique allait jouer le rôle d’observation électorale à condition qu’il y ait des garanties de transparence. Pour cela, une commission a été mise en place afin d’assurer le suivi du processus électoral.

 « Pour des élections crédibles, peuple congolais, réveille-toi de ton sommeil« , était le message de la CENCO rendu public à l’issue du conclave de la capitale du cuivre.

La Cenco demandait avant tout la mise en place d’un cadre tripartite de concertation qui comprend la majorité au pouvoir, l’opposition et la société civile. Elle exigeait aussi un audit externe du fichier électoral, autrement, elle se retire du processus.

« Si elle n’a rien à cacher, la Céni ne devrait pas hésiter pour cette contre-expertise qui ne va pas déranger les délais. Mais si la Cenco et l’ECC concluent que nous ne sommes pas dans les conditions d’observer des élections, donc ce qui se prépare ne sont pas des élections que nous pouvons recommander à la population« , avait expliqué Mgr Donatien Nshole, le porte-parole de la Cenco.

Dans leur message, les évêques s’étaient montrés assez durs vis-à-vis des candidats qui ne servent que leurs propres intérêts, des « opportunistes qui changent de camp, simplement pour des questions d’intérêt« . Ainsi, les évêques « déconseillent de voter pour ceux qui viennent avec comme suppléants leurs membres de famille, de voter pour les tribalistes et les népotistes, et ceux qui achètent les consciences« .

Enfin, la Cenco recommande à la population de rester vigilante au cas où les résultats ne refléteraient pas la vérité des urnes. Elle annonce déjà qu’elle userait des voix pacifiques.

A quatre mois des prochaines élections de décembre prochain, les violons sont loin de s’accorder  entre la CENI et la paire CENCO-ECC, cette dernière accusant la Centrale électorale de préparer une « fraude électorale« , en refusant entre autres un audit indépendant des listes électorales. Dans ce jeu de ping-pong, la CENI accuse le duo CENCO-ECC de vouloir « bloquer la machine électorale« . Didier KEBONGO

Lettre du président du Comité pour la justice internationale et la paix de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis au Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken

Je vous écris pour exprimer mon niveau accru de préoccupation face à la détérioration de la situation en RDC. Vous vous souviendrez de la visite de la délégation CENCO-ECC à Washington en avril et de la lettre de suivi que je vous ai adressée à la mi-mai.

 Je joins à votre attention le dernier message de la Conférence des évêques catholiques congolais (CENCO). Je partage les préoccupations de mes frères évêques congolais face à la longue liste d’échecs du gouvernement à :

1. endiguer la violence dans l’est de la RDC en général,

2. assurer un audit indépendant des listes électorales et

3. arrêter la violence politique perpétrée contre des candidats politiques de l’opposition, y compris certains incidents menés par le parti politique du président.

 Je suis également alarmé par le rapport de la CENCO sur la répression gouvernementale des manifestations de l’opposition, les restrictions à la liberté de mouvement des opposants, les tentatives d’adoption de projets de loi discriminatoires, la manipulation du système judiciaire et les arrestations arbitraires.

La CENCO a rappelé au peuple congolais que l’article 64 de la Constitution leur donne le droit et le devoir de défendre pacifiquement l’intégrité des urnes. Il s’agit d’un appel clair à une action non violente pour contrecarrer ce que l’Église craint d’être une élection ratée.

 En réponse au message de la CENCO, le président de la République aurait fustigé directement l’Église.

 Je vous exhorte à prendre ces signes avant-coureurs au sérieux et à agir rapidement pour garantir des élections libres, équitables et crédibles.

Le Très Révérend

David J. Malloy

Evêque de Rockford

Président de la Commission pour la justice internationale et la paix

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