Les multiples guerres que la RDC connait depuis plus de trois décennies, sont à l’origine de la dégradation de la situation humanitaire dans le pays. La principale est la malnutrition sous ses diverses formes notamment chez les enfants de moins de 5 ans. La plus grave est la malnutrition chronique car elle affecte la croissance de l’enfant. Pour faire face à cette situation dramatique, l’Unicef travaille avec le Programme national de nutrition (Pronanut) pour apporter tant soit peu la solution à ce problème. C’est ainsi que l’Unicef qui travaille avec le Pronanut a développé 21 recettes locales améliorées, afin de lutter contre la malnutrition chez les enfants. Pour vulgariser ces recettes améliorées, le Pronanut recourt à l’expertise des médias.
En collaboration avec l’Unicef, le Pronanut a mené des études pour voir comment améliorer l’alimentation des enfants de moins de 5 ans, car, ils constituent la cible la plus exposée à la maladie. A entendre le chef de division de la communication au Pronanut, ces recherches menées sur les habitudes alimentaires ont été réalisées dans les quatre régions linguistiques de la RDC à savoir les régions de l’Ouest où on parle le lingala et le kikongo ; les régions de l’Est où on parle le swahili ; les régions du Sud, où on parle le tshiluba.
Damien Kambale Sabuni a fait savoir que ces recherches ont permis d’identifier cent vingt-deux recettes alimentaires locales qui sont données couramment aux enfants à travers le pays. De ces recettes, a-t-il poursuivi, vingt-et-une ont été sélectionnées et améliorées. Ces vingt-et-une recettes sont constituées d’aliments produits localement au pays et facilement accessibles aux marchés et a un prix abordable.
« Nous avons ajouté à ces vingt-et-une recettes, les éléments nutritifs qui manquaient pour satisfaire tous les besoins nutritionnels des enfants de moins de cinq ans« , a mentionné Damien Sabuni.
Pour le Pronanut, ces recettes sont constituées de légumineuses, de protéines animales, d’aliments énergétiques et de vitamines comme les fruits et légumes. Cet expert en nutrition est d’avis qu’une recette locale améliorée doit contenir quatre catégories d’aliments. Il s’agit des aliments de base qui donnent l’énergie comme le maïs, le riz, le manioc, le millet, le sorgho, la patate douce, … ; les aliments riches en protéines animales tels que la viande, les poissons, les œufs, les chenilles ; il y a également les aliments riches en protéines végétales notamment les arachides, le soja, les graines de courge, le niébé, le petit pois, … ; les aliments riches en vitamines et en sels minéraux pour la protection contre les maladies tels que les fruits et les légumes.
Pour éclairer la lanterne de certaines mamans, Damien Kambale a fait allusion à une recette locale prisée par ces dernières qu’elles peuvent améliorer. Il s’agit de la bouillie préparée avec de la farine de maïs, dans laquelle on ajoute du sucre, un peu d’arachide et du lait. Dans cette recette, on peut ajouter les fruits qui contiennent des vitamines tel que le jus d’orange.
Par ailleurs, le Pronanut et l’Unicef ont souligné la nécessité de mener une vaste campagne de sensibilisation des ménages pour faire la promotion de ces recettes locales améliorées. Pour cette première phase, trois provinces ont été ciblées à savoir le Kongo Central, la Tshopo et Kinshasa.
A Kinshasa, des professionnels de santé et relais communautaires ont été mis à contribution dans deux zones de santé à savoir Bumbu et N’sele, a fait remarquer Damien Kambala. Après avoir été formés, ils ont reçu la mission de vulgariser ces recettes auprès de différents ménages. Des séances de démonstration culinaires au cours de cette campagne de sensibilisation ont été même organisées pour montrer aux mères et aux femmes enceintes comment bien préparer ces recettes.
Ainsi, cette campagne de vulgarisation de vingt-et-une recettes améliorées va se poursuivre dans un proche avenir dans les autres provinces du pays avec l’appui du Programme multisectoriel de nutrition et santé (PMNS), financé par la Banque mondiale.
Pour rappel, le Pronanut a réalisé une étude récente sur la malnutrition. Cette étude a démontré que 42% d’enfants de moins de cinq ans, soit près d’un enfant sur deux, souffrent de malnutrition chronique. Aussi, au moins neuf millions d’enfants de moins de cinq ans sont touchés par ce fléau.
C’est pourquoi, le Pronanut et l’Unicef recommandent l’allaitement maternel exclusif de l’enfant jusqu’à l’âge de six mois. Au-delà de six mois, l’enfant doit bénéficier d’une alimentation de complément, a souligné ce fonctionnaire du ministère de la Santé. Mathy MUSAU