Ir Christian Basunga plaide pour une loi « forte » pour faire face aux incendies à répétion en RDC

Christian Basunga est ingénieur civil des constructions de l’Ecole polytechnique (faculté des sciences appliquées) de l’Université Libre de Bruxelles, en Belgique. Ayant été touché par l’incendie de Matadi Kibala, qui selon lui pouvait être évité, ce belge d’origine congolaise fait de la lutte contre les incendies reccurrents, particulèrement des cas des bâtiments, en République démocratique du Congo son cheval de bataille. Pour faire face à des cas des sinistres à répétition, il estime que le pays devrait se doter d’une loi «forte» et des organismes de certification dans ce domaine. De Bruxelles où il réside, Forum des As l’a contacté pour savoir son intérêt sur des cas des incendies en RDC. Interview.

Christian Basunga, vous êtes membre expert du conseil supérieur belge de l’incendie. Vous portez un intérêt particulier à la lutte contre des incendies récurrents en RDC. Pourquoi cet engagement ?

Je voudrais commencer d’abord par vous dire que j’ai fait mon premier cycle universitaire à la faculté polytechnique de Mons et mon deuxième cycle à l’école polytechnique (faculté des sciences appliquées) de l’Université libre de Bruxelles où j’ai été diplômé ingénieur civil des constructions.

Après mes études, j’ai travaillé dans un bureau d’études en tant qu’ingénieur de stabilité et j’ai été confronté au quotidien à la législation sécurité à l’incendie.

Depuis 2007, après un concours, j’ai intégré le Service public fédéral (SPF) économie, dans la division de qualité et sécurité dans la construction. Et depuis là je suis devenu l’expert qui représente le SPF économie au sein des plusieurs commissions de normalisation et aussi au conseil supérieur belge de l’incendie.

L’incendie de Matadi Kibala m’avait beaucoup interpellé, sachant qu’il pouvait être évité. C’est à ce moment que j’ai eu le vrai déclic et je me suis décidé à me battre pour la sécurité à l’incendie des bâtiments.

Selon vous qu’est-ce qui peut être la cause des cas d’incendies récurrents en RDC?

D’après beaucoup de sources on parle d’une cause électrique. Ceci me paraît justifiable compte tenu d’instabilité de l’électricité distribuée dans le réseau et aussi de l’état des circuits électriques dans les bâtiments (échauffement dû à la vétusté ou à des surcharges électriques, faux contacts de câbles dénudés).

Dans un des documents que vous avez publiés, vous préconisez une législation en cette matière. Pensez-vous qu’une loi peut arrêter des incendies fréquents ?

Une loi seule ne peut pas arrêter les incendies, mais peut sensiblement faire baisser le nombre.

Bien évidemment, cela ne pourra être possible que s’il y a une législation forte qui doit établir des règles de sécurité à l’incendie des bâtiments en RDC. J’ai utilisé l’adjectif «forte» pour qualifier la législation, c’est juste pour dire qu’il en existe une en RDC. Mais qui, à mon avis, est faible et malheureusement méconnue même par des experts congolais en construction. Il faut ajouter à cette législation le développement des organismes de certification dans ce domaine. Il s’agit de l’Ordonnance-loi n°61-185 du 4 juin 1957 (Règlement sur les mesures préventives à prendre contre l’incendie dans les immeubles à logements multiples ou à usage de bureaux ou de commerce, cabines haute-tension, salles de spectacles, foires et expositions) en moins qu’il en existe une autre.

Je voudrais aussi insister que l’esprit de la législation dans ce domaine est de contrôler l’incendie. Par contrôle il y a deux volets. L’incendie évitable: par exemple pour celui qui est dû à un problème électrique, il suffit juste d’avoir un circuit conforme, il n’y aurait même pas d’incendie. Le 2ème c’est l’incendie inévitable : par exemple un mégot de cigarette mal éteint qui provoque un incendie à ce moment il faudrait maîtriser sa propagation grâce à certaines règles de conception. Tout ça ne peut être possible qu’avec le soutien des autorités.

En attendant la loi en la matière, comme vous le souhaitez, qu’est-ce que les autorités peuvent faire dans le court terme ?

Il faut que les autorités compétentes en la matière fassent appliquer déjà les textes existants.

Dans une des vos analyses, vous avez répertorié près de 20 cas d’incendies depuis le début de l’année en cours sur l’ensemble du territoire national, dont les derniers en date sont ceux qui ont ravagé le dépôt de la CENI à Bukavu et l’hôpital général de référence de Kikwit. Estimez-vous que ce soit trop pour un si grand pays qu’est la RDC ?

Personnellement je trouve ce nombre très élevé d’autant plus il y a pas mal d’incendies qui peuvent être évités. Et aussi quand je vois les dégâts causés, c’est terrible. Quand je compare avec l’Europe, je me rends compte que nous avons un vrai souci en RDC. En Europe, une grande partie d’incendie est causée par le gaz et moins par l’électricité. Que Dieu soit loué que nos bâtiments ne soient pas alimentés en gaz, sinon nos villes seraient des bombes à ciel ouvert.

Je tiens à rappeler que la liste que j’avais faite n’est pas exhaustive, il y a des provinces que je n’ai pas reprises, pour celles que j’ai reprises je n’ai pas toutes les données.

Qu’est-ce qui se fait dans d’autres pays par exemple?

En Belgique par exemple, il y a le conseil supérieur de l’incendie, l’organe présidé par le ministère de l’Intérieur, qui a comme vocation de légiférer en matière d’incendie dans le bâtiment. Parmi les membres qui composent cet organe, il y a notamment deux agents du Service public fédéral Economie, deux agents du Service public fédéral Emploi, un représentant de la Régie des Bâtiments, des représentant des Gouvernement des différentes régions et  des laboratoires spécialisés dans l’étude du comportement au feu des matériaux et éléments de construction.

Avez-vous un message pour conclure ?

J’aimerais donner quelques conseils en cas d’incendie. Il faudra arrêter directement de travailler. Il faut éteindre les appareils électriques. Fermer les fenêtres, ces dernières peuvent faire un appel d’air pouvant attiser davantage le feu. Il faut aussi rester calme et se conformer aux instructions d’évacuation et du service de secours. Se baisser, car l’air frais se trouve généralement près du sol. Ne jamais utiliser les ascenseurs et les monte-charges. Propors recueillis par Mbangu Mamiyound

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