« La justice dans un pays est le pilier du développement. Le chef de l’Etat a dit : l’injustice dans ce pays détruit la nation. Lorsque la justice ne permet pas d’être le pilier du développement, lorsque la justice ne permet plus d’harmoniser les relations dans la société, lorsque la justice ne permet plus de sécuriser des gens qui vivent dans la société, de les tranquilliser, elle détruit en lieu et place d’élever la nation. Donc, l’injustice détruit la nation. Un pays où la justice se négocie, c’est l’insécurité », a relevé le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu. Et pour aider la population à dénoncer la mauvaise conduite des magistrats, le Procureur général près la Cour de cassation a rendu publics les deux numéros verts 151 et 153 qui seront fonctionnels à partir de ce mardi 8 août courant.
Il l’a déclaré en marge du Congrès national électif de la jeunesse de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) au cours d’un panel qu’il a animé le vendredi 04 août courant sous le thème: «La justice élève une nation : que faire pour redorer l’image de la justice congolaise ? » au centre d’accueil Mgr Shaumba dans la commune de la Gombe à l’invitation du président national de l’ECC, le Révérend André Gédéon Bokundoa Bo-Likabe.
C’est à une assistance composée de responsables nationaux et provinciaux de 95 communautés membres de l’ECC, des délégués venus de 26 provinces du pays, ainsi que des jeunes Kinois, tous des justiciables potentiels que le Haut magistrat s’est adressé pour leur parler de la justice congolaise ainsi que des voies et moyens pour redorer son image ternie par de mauvaises pratiques des magistrats véreux.
En chrétien pratiquant, Firmin Mvonde a circonscrit le rôle de la justice dans la société en appuyant son intervention tout intéressante par des versets bibliques étant donné que la justice est un concept qui vient de la bible, a-t-il justifié.
LE MAGISTRAT, LE PREMIER RESPONSABLE DE L’INJUSTICE
«La justice est le régulateur de la société dans laquelle il y a des lois sans lesquelles la société ressemblerait à la jungle. Elle joue aussi un rôle curatif dans la mesure où elle soigne les blessures. Si le pays devient une jungle, c’est qu’il n’obéit plus aux lois. C’est la justice qui fait que le vivre dans la société devient agréable. La justice est le dernier rempart auquel on recourt. Si elle ne fait pas son travail, c’est la dégringolade», a fait remarquer le Procureur général près la Cour de cassation, qui a renchéri que la justice apporte la paix sociale. En ce moment, elle élève une nation.
Toutefois, il y a des méfaits lorsque cette justice n’est pas bien rendue, a expliqué le chef de tous les parquetiers congolais. Le magistrat est le premier responsable de l’injustice ; il devrait se considérer comme un serviteur, un bénévole ; il devrait considérer son travail comme un apostolat. Pour l’orateur, les responsabilités de la déliquescence de la justice congolaise restent partagées entre le magistrat et la société.
«Je suis d’avis que le magistrat est avili par le justiciable. Nulle part on ne jette des fleurs à la justice. On est premier à solliciter les faveurs d’un magistrat lorsque ce sont vos proches. Vous êtes de ceux qui concourent pour que l’injustice demeure. Le magistrat en lui-même est fautif. La société aussi», a fait remarquer Firmin Mvonde Mambu. Qui a, par ailleurs, relativisé la responsabilité du magistrat dans la mesure où «les conditions dans lesquelles vit le magistrat ne lui permettent pas de rendre une justice distributive».
« MON PREMIER CHEF C’EST LA LOI, PUIS LE MAGISTRAT SUPREME »
Comment redorer l’image de la justice congolaise ? Firmin Mvonde puise les réponses dans Proverbes 9 :11 et Psaumes 111 :10 en dressant un tableau dans lequel le magistrat a sa part, la société également. De nombreux Congolais estiment que la justice dans leur pays est instrumentalisée. A ce sujet, pour remédier à cette situation, un train de mesures ont été prises. A l’occasion, le Procureur général près la Cour de cassation a rappelé les principales mesures qu’il a eu à prendre en ce qui concerne la discipline et la sanction. Ces mesures visent à contrôler le comportement des magistrats que Firmin Mvonde peut arrêter pour les sanctionner. «Ils doivent être les plus sévèrement sanctionnés, a-t-il déclaré, parce qu’ils sont sensés mieux connaître la loi que tous les autres justiciables».
Très respectueux de la loi, il a affirmé: «Mon premier chef, c’est la loi et puis le Magistrat suprême». Le numéro un du Parquet général près la Cour de cassation, du haut de ses 12 mois déjà passés à la tête de cette institution a affirmé être celui qui arrête tous les magistrats s’ils enfreignent la loi et que c’est son adjoint qui est sensé l’arrêter s’il se comporte mal.
NUMEROS VERTS: 151 ET 153
«Nous avons donc besoin d’une institution judiciaire forte, animée par des compétences avérées, des personnes avec moralité certaine, des personnes soucieuses de rendre la justice au nom du peuple et que la décision prise s’exécutera au nom du chef de l’Etat, puisqu’on ne peut pas souiller le nom prestigieux du chef de l’Etat en exécutant une décision de justice mal rendue. Ce genre de magistrat n’a pas sa place dans le corps. Nous allons tout faire pour que la discipline soit de mise dans le corps pour que désormais nous quittions la période des carottes, nous avons saisi le bâton pour sanctionner pour amener la discipline dans le corps et d’autres mesures dont j’ai parlé ici seront de stricte application»,a annoncé Firmin Mvonde.
Par ailleurs, il a appelé l’assistance à l’aider à bien faire le travail en l’informant des cas avérés de mauvaise justice, de mauvaise conduite des magistrats.
«Nous allons ainsi accompagner le chef de l’Etat dans la lourde tâche qu’il a de conduire la nation vers un Etat de droit pour que la nation congolaise soit forte et pour dire enfin que la justice peut élever une nation», a conclu le Haut magistrat Firmin Mvonde. Kléber KUNGU