Delly Sesanga : «Le Kasaï a besoin de changement»

* »Ni Katende, ni la Miba, ni la route Kalamba-Mbuji, ni la route Kananga-Mbuji-Maji, rien de ce qui fait partie  des espérances de la population n’a été entrepris », dixit le leader d’Envol.

Le député national et président du parti politique Envol séjourne à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central depuis le samedi 29 juillet dans le cadre de la tournée de la Refondation du Congo, le projet de société d’Envol, qui met en lumière un autre Congo.

Dans cette ville où il a été élu député provincial, Delly Sesanga a échappé à un assassinat programmé. L’Exécutif provincial ayant juré de ne laisser personne venir parler contre le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, par ailleurs candidat à sa propre succession.

De l’aéroport jusqu’au centre-ville, le cortège de Sesanga a été caillassé par des jeunes «instrumentalisés par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS)», le parti présidentiel.

En dépit de la présence de la police qui l’escortait, Delly Sesanga a reçu un projectile qui l’a blessé à la tête.

Ces jeunes avaient barricadé le passage pour empêcher l’élu de Luiza de se rendre à l’espace Mukenge Shabantu où il devrait s’adresser à la population et plus particulièrement aux membres du parti Envol qui l’y attendaient en masse.

On doit à la vérité qu’au départ les autorités provinciales ont minimisé l’impact que la venue de Sesanga allait avoir sur la population. Elles savent que la population est fatiguée, et utilisent la peur et la violence pour forcer les citoyens à avoir une retenue. «Mais ils finissent par prendre peur là où ils pensaient que naturellement les gens les soutiennent. Il y a beaucoup de violence pour que les gens puissent être sur  la retenue. C’est en fait ça l’objectif, instiller la violence», déclare Delly Sesanga.

 «La violence que vous voyez est une violence organisée par l’UDPS et appuyée par le gouvernement, ça fait partie d’une stratégie», explique Delly Sesanga.

Malgré cette violence inouïe et la tentative d’assassinat, Sesanga ne se plaint pas, encore moins n’entend pas reculer. «Qu’ils ne pensent pas que la violence nous fera reculer. Ils avaient érigé des barrages, dissuadé nos soutiens qui devraient venir nombreux à l’aéroport, seuls les cascadeurs ont pu passer, nous sommes là et nous y restons», déclare Sesanga, à haute et intelligible voix.

En face,  ils ont fini par prendre peur là où ils pensaient que naturellement les gens les soutiennent. Il y a beaucoup de violence pour que les gens puissent être sur  la retenue. C’est en fait ça l’objectif, instiller la violence.

Le décompte fait beaucoup de dégâts, des dommages causés aux véhicules, à des biens. On dénombre également des blessés parmi les militants et cadres de l’Envol, des proches, ainsi que certains membres de la délégation qui accompagnent Delly Sesanga. Ce dernier et sa suite ont été escortés dans ce chaos jusqu’à sa résidence où il s’est adressé à ses partisans. Il fait un constat malheureux selon lequel «L’UDPS au Kasaï n’a que la violence pour exister».

«Un pouvoir de régression»

Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue hier dimanche 30 juillet en sa résidence, Delly Sesanga a déclaré que le Kasaï, à l’instar d’autres provinces du pays, a  besoin de changement.

Selon l’élu de Luiza,  «cinq ans après l’exercice du pouvoir par Félix Tshisekedi, son pouvoir brille par une rare impuissance à répondre aux attentes des Congolais,  partout. Et en particulier au Kasaï où ni Katende, ni la Miba, ni la route Kalamba Mbuji, ni la route Kananga Mbuji-Maji, rien de tout cela qui fait partie  des espérances de la population n’a été entrepris, y compris là où le pouvoir précédent a laissé à 60% des travaux comme ceux du barrage Katende, rien n’a été entrepris pour pouvoir continuer. C’est un pouvoir de la régression», constate le leader d’Envol.

Programme alternatif

Sesanga estime que cette population qui a été abusée par des mensonges d’Etat, des promesses non tenues, veut désormais voir comme toutes les provinces du Congo, les choses changer.

C’est ainsi que dans l’optique de ce changement, l’Envol a proposé un programme alternatif, «la Refondation du Congo» pour lequel Delly Sesanga est candidat à l’élection présidentielle de 2023.

A l’occasion, le leader d’Envol rappelle que la tenue régulière des élections fait partie des rituels normaux dans le cadre d’une démocratie et que la liberté de chacun est de mise.

«Je peux très bien comprendre que Félix Tshisekedi qui a dit à Mbuji-Maji qu’il réprimerait sans égards aux droits de l’homme, ait par son discours donné une licence à ses partisans de s’en prendre par la violence à ceux qui ont un discours différent. Mais le Président Tshisekedi ne doit pas oublier qu’il est un citoyen comme tous les autres. Et que notre constitution a érigé en haute trahison le fait de vouloir imposer sur l’étendue du pays un pouvoir unique qui serait une marche en arrière.»

«Le Kasaï n’est pas un pays»

 Sesanga poursuit : «Aujourd’hui, à vouloir trop faire du Kasaï une zone à part, le Kasaï n’est pas un pays, le Kasaï est une province», fait-il remarquer.

Et de rappeler sa mission christique en tant qu’élu de cette province. «Je suis élu de cette ville de Kananga comme député provincial, je suis élu dans cette province dans le territoire de Luiza comme député national. J’ai donc la mission christique de défendre les intérêts de mon peuple, de mes électeurs, de la population congolaise tout entière et de ceux des circonscriptions qui m’ont élu. Je peux dire aujourd’hui à l’opinion nationale et internationale que ce peuple souffre… Il n’y a pas d’emplois, il n’y a pas de relance agricole, il n’y a pas de routes. Et donc face à tout cela, la population du Kasaï a démontré qu’elle n’est plus dupe et qu’elle ne recule pas devant les intimidations, les violences, qui sont orchestrées par le pouvoir

Appelant le chat par son nom, Sesanga dit : «les violences dont nous sommes victimes sont orchestrées par les pouvoirs publics, en vue de réduire au silence un peuple à qui ce pouvoir n’a rien eu à donner pendant cinq ans, en dépit de ce que le Kasaï Central, le Kasaï Occidental ont voté à plus de 98% pour Félix Tshisekedi lors de la dernière élection. Et donc nous sommes là pour assurer la défense des intérêts des Congolais, nous ne reculerons devant rien: ni la violence, ni la force qu’ils utilisent indûment ne nous fera reculer», affirme-t-il.

Et de préciser à l’intention de tous : «je ne construis pas ma candidature sur la victimisation. Je ne suis pas un acteur politique qui pleure, je ne mendie ni la liberté, parce qu’elle nous est donnée dans la constitution, ni la protection de qui que ce soit, j’exige que tous les droits des Congolais, que l’égale protection des droits soit observée à l’endroit de tout un chacun y compris à notre endroit. Et le fait d’être candidat à l’élection présidentielle ne constitue nullement un crime. Nous avons le droit de dire aux Congolais ce que nous pensons de ce pouvoir et de la nécessité qu’il y a à avoir une alternance…»

Ce n’est pas tout : «Ils doivent se rappeler que beaucoup d’autres plus puissants qu’eux ont mal fini. Quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils entreprennent, ce pouvoir aura une fin. Et justice sera toujours réclamée pour les nombreuses victimes que ce pouvoir est en train de provoquer. Nous ne reculerons devant rien. Nous sommes au Kasaï pour 10 jours et nous allons y rester. S’ils pensent que nous avons peur d’eux, nous les attendons», a dit Sesanga devant une assemblée de gens dont certains se disent prêts à accompagner le leader d’Envol jusqu’au bout. Didier KEBONGO, depuis Kananga

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