**La publication de cet ouvrage a provoqué une levée de boucliers dans l’opinion. Scientifiques, politiciens et même citoyens lambda se sont exprimés pour soutenir le dernier arrêt de la Cour constitutionnelle se déclarant compétente pour juger le sénateur Matata. Un livre dont ils ont dit n’être qu’un réquisitoire qui défend les positions toujours soutenues par les avocats du Chef du gouvernement honoraire, au-delà de l’habillage artistique des théories de droit.
* Entre temps, à l’Assemblée provinciale de Kinshasa, la décision de la Cour d’appel de Kinshasa ayant réhabilité Godé Mpoyi est qualifiée par les députés provinciaux « de manœuvre politico-tribale activée par Godé Mpoyi (…) »
«Sous la houlette de la Cour constitutionnelle, une jurisprudence qui ne peut faire jurisprudence». C’est le titre du livre du professeur Auguste Mampuya, qui a été porté sur les fonts baptismaux le 20 juillet courant par le professeur Jean-Louis Esambo, doyen de la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa.
Un livre qui soulève aujourd’hui une vive controverse du fait de la question que son auteur, ce spécialiste de droit international, de surcroît, un professeur émérite de son état, a traité.
Selon des sources concordantes, dont un juriste constitutionnaliste, l’ouvrage du Pr Mampuya constitue un réquisitoire au-delà de l’habillage artistique des théories de droit que son auteur lui a fait porter. Un réquisitoire qui défend les positions toujours soutenues par les avocats d’Augustin Matata Ponyo dans l’affaire Bukanga Lonzo. Ces mêmes sources précisent que le Pr Auguste Mampuya n’est pas à sa première ingérence dans ce dossier.
A tout prendre, renchérit le juriste constitutionnaliste ayant requis l’anonymat, le livre « Sous la houlette de la Cour constitutionnelle, une jurisprudence qui ne peut faire jurisprudence ». n’est qu’une sorte de plaidoirie des avocats de ‘’l’Homme à la cravate rouge’’ dans cette affaire qui l’oppose à la justice. Et de relativiser que si l’on peut admettre les commentaires des.arrêts de hautes juridictions, il est cependant étonnant de constater qu’au-delà de la jurisprudence abondante de la Cour constitutionnelle, le livre a consacré une grande partie à l’analyse d’un seul dossier judiciaire qu’est l’affaire Bukanga Lonzo, du reste encore en instance devant la Haute Cour. Et les analyses sur cet ouvrage pleuvent.
REMISE EN CAUSE DES TRAVAUX DES SCIENTIFIQUES
Comme celle d’un avocat contacté qui a requis l’anonymat. Pour cet homme de droit, l’ouvrage du Pr Mampuya n’est respectueux d’aucune orthodoxie scientifique dans le style des commentaires des arrêts des hautes juridictions comme savent le faire les initiés et autres spécialistes en la matière sous d’autres cieux.
Par ailleurs, le livre du Pr Mampuya, analyse un Congolais lambda, a le mérite de ne pouvoir tenir compte de grandes préoccupations de la population sur la suite du grand projet de Bukanga Lonzo qui était pourtant porteur d’espoir de nombreux Congolais, particulièrement des Kinois. Et d’un coup’ il remet en cause le bien-fondé des travaux ou des recherches scientifiques des professeurs d’universités congolais et le sens de leur devoir patriotique. Cet homme trouve incompréhensible qu’un scientifique consacre tout un ouvrage rien que pour défendre une cause dans laquelle la majorité des Congolais attendent une issue favorable devant faire éclater la lumière sur l’utilisation des fonds du Trésor public. Et de faire foi au langage des Kinois qui selon lequel «Ba juristes nde babomi mboka oyo (Les juristes ont détruit ce pays, NDLR) il n’y a qu’un pas vite franchi par la majorité des habitants de la RDC.
BRADAGE DE LA SCIENCE POUR LE POUVOIR DE L’ARGENT
N’est-ce pas les mêmes juristes ont fait également parler d’eux en après s’être ’invités dans le débat dans la triste histoire de la tentative du troisième mandat de Joseph Kabila. En effet, scientifiques, juristes toujours et encore ont soutenu, ouvrages politiquement sponsorisés à l’appui, ont promis un déluge à la nation au cas où le Raïs n’obtenait pas un troisième mandat. A cette occasion, ils ont essayé de faire admettre des théories scientifiques à l’opinion, rappelle un politicien de l’opposition.
Ce politicien rappelle qu’il s’agissait à l’époque de l’ouvrage d’un grand constitutionnaliste et professeur de droit public de renom. Le livre porte le titre de «Entre la Révision de la Constitution et l’inanition de la Nation». Plus loin que la mémoire puisse piocher dans les archives, même ie professeur Mampuya était au premier rang de ceux qui condamnaient les pratiques des scientifiques politiciens. Le voir défendre aujourd’hui ce qu’il a combattu avec acharnement hier parait tout simplement incompréhensible et nous fait crainte que cette attitude puisse être qualifiée de bradage de la science pour le pouvoir de l’argent.
PIQURE DE L’HISTOIRE
On rappelle qu’aujourd’hui les poursuites judiciaires contre l’ancien Premier ministre Matata Ponyo portent sur l’affaire du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo dans lequel le Gouvernement avait investi plus de 250 millions de dollars américains, alors qu’il était Premier ministre. La gestion de ce gigantesque projet a été telle que les résultats se sont révélés un fiasco et des soupçons de détournement de ce fonds ont été toujours dénoncés, selon un rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF).
Selon son arrêt, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente il y a une année, avant que cette même Haute cour ne se déclare aujourd’hui compétente pour juger le sénateur Matata, au nom du droit à l’égalité de tous devant la loi et du droit à un juge naturel reconnu à tous les citoyens. Une démarche visant à ne pas consacrer l’impunité dans le pays. Aiinsi, à ce jour, le Parquet près la Cour constitutionnelle sollicite à nouveau une fixation de l’affaire contre le Premier ministre honoraire.
A ce moment, apprend-on une synergie d’ONG de lutte contre l’impunité militant pour la promotion de la bonne gouvernance est en voie d’organiser une série de sit-in devant la Cour constitutionnelle pour lui exiger la tenue du procès Bukanga Lonzo dont la population attend impatiemment l’issue.
Alors que la justice a bien rempli sa mission dans ce dossier de Bukanga Lonzo en convoquant de nouveau Matata Ponyo pour le juger, dans le dossier de la réhabilitation de Godé Mpoyi, président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa démis de ses fonctions, il y a quelques jours, par les députés provinciaux, ceux-ci ont fait une déclaration tout à fait incompréhensible. En effet, le 20 juillet courant, ils ont qualifié cette réhabilitation de «manœuvre politico-tribale activée par Godé Mpoyi pour qu’il soit enfin réhabilité par une décision judiciaire».
LE POUVOIR JUDICIAIRE EXEMPT DE TOUTE INFLUENCE
Ces élus agissent comme si un justiciable n’a pas le droit d’introduire un recours devant la justice dès lors qu’il estime une décision injuste à ses yeux. C’est ce que le désormais réhabilité speaker de l’Assemblée provinciale de Kinshasa a fait en introduisant deux recours : l’un devant la Cour d’appel de Kinshasa et l’autre à la Cour constitutionnelle.
Les députés provinciaux de Kinshasa n’ont pas attendu mieux pour qualifier la décision de la Cour d’appel de Kinshasa de «manœuvre politico-tribale activée par Godé Mpoyi pour qu’il soit enfin réhabilité par une décision judiciaire». Eux qui font les lois, ignorent que le pouvoir judiciaire est exempt de toute influence qui peut même s’exprimer dans une déclaration politique avec une forte dose de chantage contre le pouvoir judiciaire. Accuser la décision de la Cour de « manœuvre politico-tribale activée par Godé Mpoyi (…) », n’est-ce pas une manière d’insinuer que ce dernier a tiré sur la fibre politico-tribale. Ce qui est très grave car cherchant à opposer les tribus dans la ville de Kinshasa.
Les signataires de la déclaration en question ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Ils vont plus loin en proférant des menaces sur fond de chantage en déclarant que réhabiliter Godé Mpoyi aura des conséquences néfastes. Lesquelles ? Pourquoi eux qui sont du pouvoir législatif, s’estimant avoir fait correctement leur travail, ne laisseraient-ils pas à un autre pouvoir, en l’occurrence judiciaire le droit de procéder au contrôle de l’action ou acte qu’ils ont faite en destituant Godé Mpoyi ? C’est aussi une démarche tout à fait démocratique.
Il y a lieu de conclure que dans cette affaire, les honorables députés ont perdu leur honneur et leur raison. En se plaignant beaucoup, ils e arrivent à perdre le contrôle du travail pour lequel ils ont été élus. F.K.K.