Nancy Tshiaba: la ceinture noire en karaté qui a su s’imposer sur le tatami et au barreau

Avocate de formation, Nancy Tshiaba Landu s’est  illustrée aussi bien par ses prestations sur tatami qu’au barreau. La trentaine révolue, cette battante fait la fièrté de la République démocratique du Congo au regard de son parcours élogieux dans le domaine de sports.

Athlète de talent, ceinture noire 4ème dan de karaté, elle est à la fois entraineur adjoint de l’équipe nationale de karaté et arbitre au niveau continental dans cette discipline sportive. Habile, Nancy Tshiaba a su allier biceps et méninges, vie sportive et études. Elle se présente, dès lors, comme un modèle pour la jeunesse congolaise. Toute petite, elle caressait le rêve de devenir athlète. Stimulée par les images qu’elle visionnait sur le petit écran, c’est ainsi qu’elle va commencer sa carrière en tant qu’athlète à l’âge de 8 ans, carrière à laquelle elle a mis fin en 2021. Interview!

Mme Nancy Tshiaba, depuis quand pratiquez-vous le karaté?

J’ai commencé ma carrière en tant qu’athlète à l’âge de 8 ans. J’étais inspirée en regardant la télévision.C’est ainsi que j’ai commencé à pratiquer le sport. J’ai ainsi passé 18 ans à l’équipe nationale où j’ai eu l’occasion d’être médaillée au niveau africain. J’ai gravi au moins 4 podiums au niveau africain, dont 1 médaille en argent et 3 en bronze.

Je mesure 1,68. Actuellementn je pésè 89kg. Mais durant toute ma carrière, j’ai fait plus de 68 kg c’est-à-dire le lourd chez les dames.

Comment avez-vous su concilier à la fois les études et la vie sportive ?

J’ai commencé à concilier les deux dès le bas âge. Après l’école, j’allais m’entraîner. Je suis arrivée à l’équipe nationale en 2004 parce que je faisais déjà les compétitions au niveau local. Et en cette même année 2004, j’ai été sacrée championne du Congo. Je combinais et les études et ma vie sportive. Je suis allée à l’université. J’ai continué de la même façon. Je faisais même des voyages dans le cadre de sports tout en étant étudiante. Il m’est ariivé même en 2010, je devrais prendre mon vol à 20 h00. Mais j’avais mon dernier examen à l’Université. J’étais obligée de le faire et suivre les autres à l’aéroport. Ce n’était pas facile. Mais je suis arrivée jusqu’à lafin. J’ai fait 5 ans à l’université sans pour autant reprendre.

Le sport ne m’a pas empêché d’étudier. Je suis  dans la profession d’avocat depuis 2019.

En tant que femme, avez-vous fait face à certaines difficultés tout au long de votre carrière sportive?

Bien sur que oui. Il y a toujours des gens qui nous pointent du doigt pour dire que regarde celle-là. Elle fait le sport. Le karaté c’est masculin, les femmes ne peuvent pas le pratiquer. Mais j’étais concentrée sur mon objectif. Il y avait aussi ceux-la qui disaient que dans le sport il y a des fétiches. Parfois ça décourageait ma mère et mon entourage qui me soutenaient. Il avaient peur que je tombe dans les fétichismes.. Mais j’étais restée focus à ce que je faisais parce que j’avais mes ambitions. Je savais ce que je cherchais.

Que représente Tshaba Landu Nancy pour la femme congolaise ?

Je suis un modèle pour la jeune femme congolaise. Il y a une génération montante des jeunes qui se surnomme « Nancy Tshiaba » dans le karaté, c’est une fièrété pour nous. Nancy n’est pas seulement dans le karaté. J’ai mis en place une structure des femmes sportives qu’on appelle  » La Dynamyque des jeunes femmes sportives « . C’est une structure qui vise la promotion  et la formation du sport féminin, des jeunes filles  y compris aussi des jeunes garcons. Donc je suis un modèle parce que j’influence. J’ai inspiré plusieurs enfants. Je suis arbitre au niveau continental dans le karaté. Tout ce parcours joue à une très bonne moralité et image pour notre pays.

Avez-vous un message particulier à donner ?

Je dis aux mamans que le sport est bien pour la santé. Le sport a des beinfaits, des vertus pour notre corps humain. Il nous permet de nous maintenir jeune. Il nous épargne des stress, nous permet d’avoir un bon sommeil, le sport est très important pour les femmes ménauposées. Femmes : consacrez ne fût ce que  30 minutes chaque matin au sport, cela va vous permettre de garder toujours votre bonne santé. Et puis je demanderai aux femmes de ne pas etouffer les talents de leurs enfants. Les mamans ne veulent pas que leurs enfants, surout les filles pratiquent le sport sous pretexte que « muana na nga akokuba« , entendez « ma fille deviendra musculeuse« . J’ai fait 23 ans dans le monde de karaté. Si je ne dis pas à quelqu’un que je pratique le karaté, il doute. Je suis un témoignage parce que j’ai fait des entrainements très durs, mais qui n’ont pas apporté ce que les gens ont l’habititude de dire ;  » akokuba, akobeba « . Le sport n’influence à rien. Le sport n’empêche pas à une femme de concevoir. Le sport ne dévierge pas une femme comme on le pretend. Donc tout ce qu’on raconte autour du sport pour la femme n’a rien à avoir. Encouragez plutôt vos filles parce que moi je suis avocate, c’est grâce au sport aussi parce tout en étant athlète,  j’ai pu m’organiser. Donc je suis fière de ce que je fais comme sport, ce don de Dieu

Et un conseil aux jeunes filles?

 J’ai été marraine de la semaine de la science avec Raissa Malu et son équipe, que je remercie en passant. J’ai vu des jeunes filles m’apprecier, se poser des questions comment je suis en arrivée là. Je suis ceinture noire, c’est impressionnant. Je vois comment j’influence dans les bancs. Je conseille toujours sans limites aux gens de faire le sport. Le sport m’a appris des valeurs.  J’ai mon petit neveu que suis en train d’initier. Il est déjà ceinture jaune.  Je crois en l’avenir de la RDC. Elle  est capable de sortir des champions du monde, des championnes olympiques. C’est juste question d’encadrement.

Propos recueillis par Mbangu Mamiyound

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