*Aux dires de Lucy Tamlyn, les Etats-Unis encouragent à cet effet un processus électoral intègre.
Nous sommes dans l’année électorale. A près de neuf mois du scrutin, prévu en décembre 2023, l’incertitude plane encore sur l’effectivité des élections et sur leur fiabilité. En ce moment où le Gouvernement congolais s’attèle à rassurer l’opinion, l’Opposition fustige ce qu’elle estime être des manigances pour préparer la fraude électorale.
A l’instar de l’épiscopat catholique du Congo et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), les opposants au régime doutent de la neutralité de la Centrale électorale, de par sa constitution jugée non représentative. Ils réclament, dès lors, une révisitation.
Et comme si cela ne suffisait pas, la réactivation du débat sur la »congolité » soulève une levée des boucliers aussi bien dans la classe politique qu’au sein de principales confessions religieuses. Elles décrient en bloc cette proposition de loi, visiblement diligentée, d’après elles, pour verrouiller certains postes régaliens, la Présidence en premier lieu. Une manœuvre conçue expressément pour écarter Moïse Katumbi de la course à la présidentielle.
C’est donc comme en écho à cette vive polémique que Washington se prononce, par le biais de Lucy Tamlyn, sa nouvelle ambassadeure en République démocratique du Congo. « Les Etats-Unis estiment que les citoyens ont droit à des élections libres et équitables au Congo… En tant qu’ami et partenaire de la RDC, nous soutenons les efforts visant à rendre ces élections inclusives et à assurer l’intégrité du processus« , tranche la diplomate américaine, intervenant lors d’une interview, dans le cadre du Podcast « Loba USA/Sema na USA« . Interview.
Vous êtes la deuxième femme ambassadeur des Etats-Unis en RDC, après Melissa Wells qui a exercé ses fonctions durant la phase de démocratisation de l’ex-Zaïre. Et de manière similaire aujourd’hui, nous sommes en 2023, c’est une année électorale et vous exercez votre mandat en RDC. Est-ce un challenge de représenter les Etats-Unis durant cette période critique au Congo ?
Les élections sont des périodes cruciales pour les citoyens de faire entendre leurs voix, d’avoir le mot à dire pour l’avenir de leurs pays. Les Etats-Unis estiment que les citoyens ont droit à des élections libres et équitables au Congo et partout dans le monde. En tant qu’ami et partenaire de la RDC, nous soutenons les efforts visant à rendre ces élections inclusives et à assurer l’intégrité du processus.
Avez-vous connu l’ambassadeur Wells ? Vous a-t-elle influencée dans votre carrière ?
Oui, j’ai eu à travailler avec l’ambassadeur Melissa Wells lorsque j’étais diplomate au Mozambique où elle a été ambassadeure avant d’aller au Zaïre. Elle a été une source d’inspiration extraordinaire, alors que la guerre civile touchait à sa fin au Mozambique. Elle s’est concentrée sur la fourniture d’un soutien psycho-social à la génération d’enfants qui avait grandi pendant une période de brutalité. Elle était une diplomate brillante, mais aussi quelqu’un qui dirigeait avec son cœur et ses principes.
Dans les vidéos que l’ambassade a produites et dans laquelle vous vous êtes présentée, il y a un hashtag assez spécial « bâtir l’avenir ». Quelle est votre vision en tant qu’ambassadeur des relations bilatérales entre les Etats-Unis et la RDC ?
Ma vision est de poursuivre le bon travail de notre mission, en prônant le partenariat privilégié pour la prospérité, la paix et la préservation de l’environnement. Mais, je veux aller un peu plus loin. C’est pourquoi vous nous entendrez parler de bâtir l’avenir. Pourquoi bâtir l’avenir ? Parce qu’il décrit des actions nécessaires au changement. Vous êtes prêt ? Je suis prêt, nous pouvons construire ensemble. Nous sommes prêts à investir dans l’avenir des Congolais. Que ce soit à travers les entreprises américaines, à travers l’éducation, à travers l’aide au développement. Nous vous demandons d’être également prêts à créer l’environnement propice à la réussite de ces activités.
Après avoir vécu dans plus de cinq pays d’Afrique, vous êtes devenue plus Africaine que la plupart des jeunes Congolais. En tant qu’ambassadeur, quel est le chemin à emprunter pour les jeunes congolais ou Africains en général ?
Je dirais aux jeunes en général et aux filles en particulier de travailler dur et de rester à l’école. Le monde est compétitif. Nous devons tous être alphabétisés dans l’économie numérique. Mais, n’oubliez pas non plus vos fondements moraux et vos repères éthiques pour un monde en croissance et en évolution rapide.
A propos de la nourriture et de la musique qui font partie de la culture congolaise, avez-vous déjà gouté à de nouveaux plats?
J’ai essayé un plat de mfumbwa avec du poisson fumé. C’est délicieux. Quand j’étais à Bangui, on avait l’habitude de manger les papillotes de poisson frais. Mais, on disait toujours qu’il fallait aller à Kinshasa pour déguster de la vraie papillote (Maboke).
Par rapport à la musique congolaise, êtes-vous familière avec des musiciens?
Je cherche des suggestions. Je connais des classiques comme Papa Wemba. Mais, j’ai hâte d’entendre des sons de la nouvelle génération. Interview décryptée par Fyfy Solange TANGAMU