L’insécurité qui prévaut actuellement dans le Grand Katanga révolte plus d’un Congolais. C’est le cas de la sénatrice Francine Muyumba qui a suspendu sa participation à la plénière de la Chambre haute d’hier lundi 3 avril.
Plus de 25 jeunes de Lubumbashi ont, en effet, été tués par des hommes en armes. D’autres se sont noyés dans la rivière Naviundu, dans la commune de Kampemba, alors qu’ils tentaient d’échapper à cette tuerie. Plusieurs autres manifestants ont disparu… Une situation incompréhensible, d’autant plus qu’aucun officiel du Gouvernement central ne s’est prononcé sur ce drame.. «Ni le ministère de l’Intérieur, ni celui de la Défense, ni celui de la Justice, ni le Parquet général, ni l’Auditorat militaire, personne n’a communiqué sur cette situation», déplore «avec un profond regret et amertume» la sénatrice Francine Muyumba, à tribune du Sénat.
Silence radio
«Ça ne va pas au Grand Katanga. Ca fait trop mal et ça révolte. Trop c’est trop ! », se plaint la sénatrice en ce jour, qui ne peut pas s’expliquer le silence radio observé de la part des autorités nationales. Francine Muyumba se demande, dès lors, sous le commandement de quelle autorité ces éléments de l’armée congolaise ont agi.
«Avec véhémence, je condamne la barbarie qui a élu domicile au Haut-Katanga. Je condamne le silence du gouvernement et de ses tentacules. J’exige qu’une enquête soit immédiatement ouverte en vue d’établir les responsabilités de tout un chacun dans ces événements, qu’un procès équitable soit ouvert et que des sanctions sévères soient prises à l’encontre des autorités et des auteurs de ces exactions», a martelé Francine Muyumba.
UN ESCADRON ARME DANS LA RESIDENCE DE MGR MUTENA
Pour montrer que la capitale du cuivre est devenue depuis un certain moment une zone d’insécurité, la sénatrice Muyumba a rappelé le calvaire qu’a subi, le 24 février, l’évêque métropolitain de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba.
Sa résidence officielle a, en effet, été visitée par ce qu’elle appelle «un escadron lourdement armé» sur l’avenue Kapenda, au centre-ville de Lubumbashi, juste en face du bâtiment qui abrite le gouvernement provincial.
Ces éléments se sont permis «d’inspecter systématiquement la cathédrale Saint Pierre et Paul sans ordre de mission, parmi lesquels deux personnes de race blanche, ne s’exprimant qu’en anglais ont semé un climat de terreur, à l’archevêché et se sont mis à la recherche de l’archevêque. Manifestement, ils avaient une mission obscure».
«AUCUNE ENQUETE DILIGENTEE, AUCUNE CONDAMNATION DES AUTORITES»
Francine Muyumba a condamné avec fermeté cette double violation flagrante de domicile et de droits élémentaires de la personne humaine et de la liberté religieuse, reconnus par la Constitution de notre pays. Elle est surtout contraire à la lettre et à l’esprit de l’Accord-cadre sur la matière d’intérêts communs signés à la cité du Vatican le 20 mai 2016 entre le saint Siège et la RDC.
Fancine Muyumba déplore le fait que, depuis la survenance de ces événements, «aucune réponse claire ni éclaircissement n’est donné sur cet événement fâcheux, aucune enquête n’est diligentée, aucune condamnation ferme de la part des autorités établies sur cette opération militaire abusive et appropriée, aucune sanction à l’encontre des hommes de ces troupes dont nous avons besoin dans l’Est du pays pour combattre les agresseurs de la RDC »
«Pour marquer mon indignation face à toute cette situation évoquée inacceptable de barbarie sur le sang de mes frères et sœurs, de mes compatriotes qui coule inutilement dans le Haut-Katanga, je décide donc de suspendre ma participation à la plénière de ce jour», a lâché Francine Muyumba. Kléber KUNGU