Enfin une ordonnance fort peu ordinaire ! Celle qui institue un jour férié en mémoire de Simon Kimbangu, l’un des hérauts de la dignité du peuple noir et grand héros africain. Plus de soixante ans après l’indépendance, voici un président de la République qui tord le cou à la citation- proverbe selon laquelle « nul n’est jamais prophète en son pays« .
On ne peut donc pas ne pas devoir une fière chandelle à Félix-Antoine Tshisekedi, à moins d’être antifatshiste primaire. On ne peut pas ne pas relever que, sur la tonne de promesses éditables en plusieurs tomes de « notre Fatshi national« , il y en a au moins une de notable qui est tenue. Matondo (merci en kikongo) Fatshi !
Reste qu’une chose est d’avoir institué un jour férié pour honorer Simon Kimbangu, une autre-plus importante encore- est de conférer de la substance historique à son combat, de manière à insérer ce héros dans le nécessaire « récit national« . Ce roman de « mythes fondateurs » de la nation congolaise qui reste à écrire. Ce vrai narratif national qui entretiendra la flamme du nationalisme -au sens noble du terme- à l’instar de ce qui caractérise tous les grands pays.
C’est le cas des Etats-Unis avec les Pères fondateurs parmi lesquels George Washington, Benjamin Franklin, John Adams, Thomas Jefferson. C’est aussi le cas de la Chine qui puise un Confucius dans ses cinq millénaires d’histoire et le légendaire Mao Zedong dans son combat de libération de l’occupation étrangère. La France avec la lointaine Jeanne d’Arc et le contemporain Général De Gaulle. La Turquie avec Mustafa Kemal dit Attaturk, fondateur de la Turquie moderne en 1923. En Afrique, une vieille nation pluriséculaire comme le Maroc honore ses ancêtres à travers ses sultans et le Roi Mohammed V, père de la Nation.
Il est donc plus que temps que la dimension mémorielle de tous nos grands hommes -femmes comprises- ne s’arrête pas au seul « folklore » observé le jour de la commémoration. Comme cela se passe, par exemple machinalement, mécaniquement et un tantinet théâtralement, lors des journées des 16 et 17 janvier. La symbolique que charrie le combat de Lumumba et de Mzee Kabila commande notamment à être enseignée dans les écoles de manière à perpétuer le récit national. Idem pour Kimpa Vita, Simon Kimbangu et tous les autres grands noms de la conscience nationale.
En ce moment où le spectre de la balkanisation plane sur la RDC, ce « roman national » peut s’avérer un antidote à ce projet méphistophélique. Le récit national n’est, cependant, pas à confondre avec le prosélytisme ou avec l’ode, façon « djalelo« , à la gloire d’un tel ou tel autre dirigeant dans laquelle excellent tous les « profito-situationnistes » qui peuplent le landerneau politique kinois. José NAWEJ