*Balisant la voie à sa réélection à travers sa plateforme dont la sortie officielle est annoncée pour demain samedi 22 avril, le chef de l’Etat positionne en même temps ses négociateurs en cas d’un éventuel dialogue.
Considérée jusque-là comme une nébuleuse, l’Union sacrée de la Nation vient de se doter d’une charte. Adoptée à l’unanimité, cette charte de 76 articles, répartis en 9 chapitres, a été signée le mercredi 5 avril dernier par plus de 300 membres qui ont fini par dévoiler leurs identités au Salon Congo du Pullman Hôtel de Kinshasa où ils se sont rendus.
On y a retrouvé des Kabilistes de fraiche date, des Mobutistes de renom, des Tshisekedistes de l’ère CNS (Conférence nationale souveraine) et ceux qui ont rejoint les rangs des ‘‘combattants’’ avec l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir…
Pas seulement. L’ossature du présidium de ce regroupement se veut le reflet de cette diversité des courants politiques qui promet de donner à Fatshi sa majorité parlementaire et son triomphe électoral à l’issue du scrutin de décembre 2023. Au rang de ce présidium, six leaders politiques que d’aucuns qualifient de ‘‘poids lourds’’, au regard de leurs hautes fonctions au sein des institutions de la République et de l’ancrage de leurs partis sur l’échiquier national.
Il s’agit nommément du président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, du président de l’Assemblée nationale Mboso Nkodia Puanga, du Premier ministre Sama Lukonde, des Vice-Premiers ministres Jean-Pierre Bemba Gombo (Défense) et Vital Kamerhe (Economie)… Aux côtés de ces animateurs d’institutions publiques, on retrouve Augustin Kabuya, le Secrétaire général du parti présidentiel (UDPS).
Des remparts face à l’Opposition
Pour la plupart porte-étendards des partis politiques qui ont pignon sur rue, ces leaders constituent aujourd’hui pour Fatshi des remparts face à une opposition de plus en plus menaçante à son maintien au pouvoir à l’échéance 2023. Confronté à la fronde du PPRD de Joseph Kabila, d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, de Nouvel Elan d’Adolphe Muzito, d’Ecidé de Martin Fayulu, d’Envol de Delly Sessanga, le chef de l’Etat juge le moment propice pour consolider son sérail.
Ainsi, a-t-il tenu à positionner, sur le piédestal de l’Union sacrée de la Nation (USN), des poids lourds comme l’AFDC Bahati Lukwebo, l’UNC Vital Kamerhe, le MLC Jean-Pierre Bemba… qui alignent un nombre important de députés sur l’échiquier national et qui ont réellement un ancrage sur des pans importants du pays, au regard de la popularité de ces leaders.
Outre le Kivu et l’ex-Equateur où ces leaders s’avèrent populaires, Félix Tshisekedi a tenu à positionner d’autres ‘‘jokers’’ dans des zones où il est confronté à la concurrence de ses adversaires. Le cas de l’ex-province du Bandundu où il brandit Mboso Nkodia Puanga (Convention de la République pour la Démocratie) et l’ex-Katanga Sama Lukonde.
Selon des analystes, leur présence lui permettrait, si pas de gagner des voix, du moins d’émietter l’électorat de ses pourfendeurs en cas d’éventuelles élections fin 2023. Ces alliés pourront ainsi conforter son avantage dans les Kasaï où l’UDPS, le parti présidentiel, est assurée de la victoire électorale.
Mais, le présidium de l’Union sacrée de la Nation n’est pas qu’une locomotive de la machine électorale de Fatshi. Il pourrait aussi lui servir de fronde en cas de dialogue. Les six membres du présidium pourront aussi aider le chef de l’Etat à négocier avec l’opposition au cas où le délai du scrutin ne serait pas respecté et s’il faudrait dialoguer en cas de partage du pouvoir lors d’une probable Transition.
REORGANISER LE FONCTIONNEMENT DE L’UNION SACREE
Au cours de la cérémonie d’adoption et de signature de la charte de l’Union sacrée de la Nation intervenue mercredi à Kinshasa, Kamerhe, Bahati, Bemba, Kabuya, Mboso et Sama Lukonde se sont accordés à huis clos, avec les chefs des partis, sur certaines questions relatives à la charte de leur organisation.
«C’est le résultat d’un examen minutieux de plusieurs séances de travail. La charte peut être entendue comme un ensemble de règles, de principes que les signataires s’engagent à respecter et à faire respecter», a fait savoir Christophe Mboso, le président de l’Assemblée nationale, qui a reconnu que cette charte reste une œuvre humaine, et donc perfectible.
Face aux enjeux politiques, a-t-il renchéri, il y avait nécessité de réorganiser le fonctionnement de l’Union sacrée. Selon le président de l’Assemblée nationale, la coalition est placée sous l’autorité du président Tshisekedi lui-même. Il est secondé par un présidium.
«Dès que nous aurons signé la charte, nous allons nous mettre au travail. Nous nous sommes retrouvés ici entre les camarades du présidium et les camarades chefs des partis politiques. Il va falloir que nous sortions officiellement pour que le monde entier et le peuple congolais sachent qu’il existe réellement, dans les faits et dans les actes l’Union sacrée qui nous conduira comme membre d’une plateforme politique et électorale aux élections. Et pour la sortie officielle, sauf cas de force majeure, nous estimons que nous pouvons nous produire officiellement le 22 avril», a promis Christophe Mboso dans son intervention. Et d’ajouter : «Nous invitons les présidents des partis politiques à sensibiliser nos membres des partis politiques, y compris les associations qui sont avec nous».
EXHORTATION D’AUGUSTIN KABUYA
Augustin Kabuya interpelle les sociétaires de l’Union sacrée de la Nation quant à l’attitude à adopter par rapport à l’adhésion des nouvelles arrivées dans la plateforme présidentielle.
Le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi) est intervenu ce mercredi 5 avril à la cérémonie d’adoption et de signature solennelle de la charte de l’Union sacrée. Occasion pour le numéro un du parti présidentiel de prévenir et d’exhorter ses camarades.
«Aujourd’hui, le monde entier nous regarde et la population nous fait confiance. Chaque œuvre humaine ne manque pas des imperfections. C’est aujourd’hui que les problèmes vont commencer, mais ayons la sagesse de les résoudre entre nous», a dit Augustin Kabuya.
« LE CHEF DE L’ETAT A BESOIN DE TOUT LE MONDE »
«(…) A chaque fois qu’il y a un grand nombre de gens qui s’ajoutent, les problèmes également suivent. Faisons un effort pour nous supporter mutuellement. Quand d’autres veulent rejoindre l’Union sacrée, il ne faut pas que nous puissions dire que tel ou tel vient de tel coin. Le chef de l’État a besoin de tout le monde pour reconstruire ce pays», a-t-il exhorté le présidium et les chefs des partis réunis au Salon Congo de Pullman Hôtel.
Tous ont décidé de faire bloc derrière le président Tshisekedi pour atteindre les objectifs de son mandat. Et ils se sont soumis à plusieurs règles, notamment l’interdiction de tenir des déclarations contre la coalition ou encore tout acte de nature à nuire à Félix Tshisekedi, sous peine de sanctions.
Cependant, la charte ne désigne pas Tshisekedi comme candidat à la prochaine présidentielle, mais le texte impose à tous les membres de soutenir le candidat qui sera désigné et de lui assurer une majorité parlementaire stable.
Le défi majeur pour la coalition sera de garder son unité avec des alliés qui n’ont pas officiellement renoncé à leurs ambitions présidentielles en dépit du fait qu’ils ont même intégré le gouvernement. YKM et Rachidi MABANDU