Faute de moyens de transport et de routes qui sont fort délabrées, se déplacer entre Dekese et Ilebo, dans la province du Kasaï, c’est le parcours du combattant. Pour remédier à cette situation, le transport fluvial reste l’un des moyens les plus utilisés. Et en termes de moyens de transport, la population de ce coin est loin d’être la mieux lotie. En effet, elle se contente des embarcations de fortune, baptisées « Daka-Daka « , un nom qui dérive des bruits onomatopéiques des moteurs de ces baleinières. Les Daka-Daka reliant ces deux coins par le Sankuru et le Kasaï, transportent des passagers sans aucune garantie de sécurité.
Voyager en République démocratique du Congo est un casse-tête, voire un chemin de croix. Si dans les grandes villes le transport pose problème, la situation est beaucoup plus dramatique à l’intérieur du pays. Les routes ressemblent à des sentiers créés par des animaux sauvages ou à des trous qui se convertissent à des ravins.
Pour parer à cette situation, par route, des gens recourent, pour des longues distances, à des motos et des embarcations de fortune par voie fluviale. Ces deux moyens de transport font la loi à l’intérieur du pays, avec à la clé des services multiples de taxes et d’autres dispositifs administratifs et intensifs.
Une occasion de perte de vie
Un passager qui a requis l’anonymat et qui a vécu l’aventure des » Daka-Daka » raconte à Forum des As que dans la province du Kasaï, la situation s’empire davantage, surtout entre Ilebo et Dekese. Même si ces baleinières apportent tant soit peu un soulagement en matière de transport, ils n’en demeurent pas moins l’occasion de risque de perte de vie. » J’ai assisté à la noyade d’une baleinière au port de Bokila, sur Sankuru dans le territoire de Mweka au mois de mars dernier. Cette noyade a été causée, comme toujours, par la surcharge. Malgrè cet accident qui a provoquée mort d’hommes, le navire a continué son chemin sans la moindre inquiétude « , raconte-t-il, la mort dans l’âme
» Ces navires ne disposent d’aucun manifeste pour les voyageurs. Ils sont dans un état vétuste. Le tout ressemble aux navires de migrants de la Libye vers Lampedusa. Les plus exposés sont les femmes et les enfants qui n’attendent que le naufrage pour signer leur sort alors que les filles et garçons montent et descendent au-dessus de la baleinière comme si de rien n’était« , ajoute le témoin.
Selon ce dernier, » des embarcations se font au vu des services de migration, de Transport et Communication, bref, de tous les services étatiques qui n’attendent que les » mabonza » pour leurs poches « .
Faut-il que cela continue ainsi ?
« Faut-il que cela continue ainsi ? » s’interroge-t-il en tentant d’y répondre malgrè lui. » Les moyens de transport sont très difficiles. Entre Ilebo et Dekese, il n’y pas de véhicules. Pour le moment, il n’ya que des motos et des « Daka-Daka ». Mais ces baleinières de fortune demeurent le moyen de transport le plus utilisé. Les gens en profitent parce que la moto coûte extrêment cher. Pour le trajet Ilebo-Dekese (environ 320 Km), il faut déboursser entre 50 et 70 dollars américains. Ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais par ces bateaux de fortune, c’est moins coûteux. Le prix du trajet est fixé à 10.000 FC. Pour Dekese-Ilebo, on passe par Longa, le port de Manyuta et de Bambange « .
Faute de mieux, on se contente de ce qu’on a. « Malgrè que ce moyen de transport nous facilite la tâche, il ya un problème de sécurité qui se pose. Il y a la surcharge, le nombre de passagers n’est pas contôlé. On vous embarque sans inscrire votre nom. C’est en cours de route qu’on vous demande de l’argent sans connaître le nombre de passagers embarqué à bord. Parfois la baleinière bascule au moindre mouvement. Et tout le monde crie. Les risques de chavirement sont très imminents « , poursuit ce témoin.
« Faut-il continuer? Faut-il envisager d’autres solutions? D’où viendra cette solution étant donné que tout ce que je déplore est connu des autorités ? « , s’interroge en conclusion notre interlocuteur.
Les « Daka-Daka » de Dekese-Ilebo reflètent aussi bien le secteur de transport fluvial du pays, en même temps ils constituent le véritable échantillon des embarcations qui naviguent sur les cours d’eau congolais. Les baleinières en RDC ne remplissent pas souvent de conditions de sécurité requises (manque de bouées de sauvetage, sinon en nombre insuffisant, mêmement pour les gilets …) DB