Vous avez dit  » bonne gouvernance  » ?

Comme l’amour, la bonne gouvernance n’existe pas. Il n’y a que des preuves de bonne gouvernance. Existent-elles par le temps qui court ? Pas sûr. Même pour les ayatollahs des chiffres rarement incarnés  que sont devenus les dirigeants rd congolais.

Longtemps cloisonné dans les limites du  » secret d’Etat « ,  le dépassement budgétaire s’est rebellé. Il a brisé le  halo du mystère ou du flou artistique -c’est selon- dans lequel on le maintenait pour justement farder le réel. Et revendiquer ainsi la palme de la bonne gouvernance. Les fameuses performances économico-financières à faire pâlir d’envie jusqu’à certaines économies autrement plus aguerries que la nôtre.  Croissance  et réserves de change en hausse, inflation maîtrisée, taux de change fixe …Bref, ces indicateurs du cadre macro-économique   invariablement brandis  et présentés comme étant au vert . Une embellie qui, très souvent,  contraste avec l’ordinaire du Congolais lambda.

Avec la rébellion à visage découvert du dépassement budgétaire, explose le narratif  de la bonne tenue des finances publiques. Difficile de continuer  à décliner  » les comptes sont bons  » lorsque  sa majesté le roi dollar asphyxie à ce point le franc congolais avec comme conséquence la valse  des étiquettes.

Déjà laminés par un pouvoir d’achat proverbialement famélique, les Congolais d’en bas, c’est-à-dire la majorité silencieuse, ne savent plus où donner de la tête. Et,  au pays à la religiosité ambiante, à quel saint ou à quel  faiseur de miracles se vouer.

L’autre effet secondaire comme suicidaire du dépassement budgétaire est ce retard dans le paiement des fonctionnaires et autres agents et personnel émargeant au budget de l’Etat . Double peine pour cette catégorie qui doit affronter la dépréciation de la monnaie nationale en étant sevrés ne serait-ce que du semblant d’amortisseur à leur portée.

 Du haut de son piédestal, le Président de la République a assisté en live à une auto-dérogation à la bonne vieille  tradition héritée des années Mobutu. Les femmes qui ont été conviées à la grand-messe au Palais du peuple à l’occasion du 8 mars ont, certes, perpétué la première béatitude   » heureux le peuple qui chante et qui danse « . Mais, elles ont aussi et surtout remixé une chanson qui n’a pas pour vertu de vanter les hauts faits réels, putatifs et supposés des dirigeants.  » Dollar ekita « . Que la devise américaine, véritable étalon de l’économie réelle, baisse. Ce qui peut se traduire par l’appréciation du franc congolais.

 A l’orée du marathon électoral dont le point d’orgue est la présidentielle, la petite musique entonnée a cappella par des centaines de femmes avait tout d’une fausse note. Illustration grandeur nature de l’onde de choc du  dépassement budgétaire dans le panier -déjà mué en sachet- de la ménagère.

 Pour sûr, on assiste à la revanche de l’économie réelle sur l’économie virtuelle. Celle des chiffres, des graphiques et des tableaux  qui vaut au pays cycliquement le satisfecit des institutions de Bretton Woods en particulier le FMI versus  celle du pays réel où vivent de vraies gens.   José NAWEJ

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