Réaménagement du gouvernement sur fond de jeu des chaises musicales. Ça se voit. On prend les mêmes et…on recommence. Ça saute aux yeux. On ne change pas l’équipe qui gagne ou qui perd, c’est selon. Sama II en est une illustration parfaite.
A l’évidence, dans un pays où la loyauté politique s’entretient au prix fort, le chef de l’Etat semble avoir fait le choix de la continuité. Question sans doute de ne pas créer beaucoup de mécontents et s’aliéner ainsi leur soutien à l’approche des élections ou des pourparlers politiques.
Pas sûr, cependant, que cette prime généralisée aux sortants soit du goût de tous ceux qui n’en peuvent plus de ronger leurs freins en attendant » le jour de gloire « . En particulier, tous ces gardiens du temple tshisekediste et les transhumants de la première heure qui n’avaient pas eu la » grâce » de figurer dans le premier gouvernement post-divorce FCC-CACH et qui pensaient avoir fini de manger leur pain noir.
Sama II aurait rimé avec non- événement si le Président n’y avait pas intégré trois poids lourds longtemps en réserve de la République ou de la Fatshisphère. En l’occurrence Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Antipas Bussa Nyamwisi. Trois nominations à forte saveur politique et…politicienne.
A quelques mois des élections dont la présidentielle ou des négociations à la congolaise, le tiercé de Fatshi a valeur de joker. Le Président-candidat entend adresser un message fort aux Kivutiens du sud et du nord et aux » Equatoriens » en intégrant trois de leaders emblématiques de ces ensembles au gouvernement. Dans l’hypothèse non moins vraisemblable où les élections ne se tiendraient pas dans le délai constitutionnel, faire chorus avec le fin connaisseur de la classe politique doublé de négociateur expérimenté qu’est Vital Kamerhe constitue, à n’en point douter, un atout. S’afficher avec Antipas Mbusa, l’une des icônes du peuple Nande ayant la parfaite connaissance des enjeux sécuritaires du Grand nord est une corde supplémentaire à son arc. Aligner Jean-Pierre Bemba peut s’avérer un gage pour cet Equateur nostalgique du Maréchal et plus généralement comme contrepoids aux leaders de l’Ouest qui se positionnent dans l’opposition.
D’avoir » embarqué » les trois mandarins du Pouvoir au sein du Gouvernement charrie aussi le côté politicien de la manœuvre. Impossible ou presque pour les » heureux » promus d’exiger le droit d’inventaire d’une action gouvernementale dont ils seront totalement comptables. Impossible surtout de se jeter dans la bataille électorale autrement que sous la bannière du chef de l’Etat, déjà candidat à sa propre succession. En clair, tout en » récompensant » ses partenaires, Fatshi les enferme habilement dans le rôle de soutien à sa candidature à la présidentielle. En plus, il sait se servir de son levier de « magistrat suprême » pour protéger les très ambitieux » VK » et » JPB » encore fragiles … judiciairement.
Echange de bons procédés, se tenir par la barbichette , entente cordiale …il y a un peu de tout de cela dans cet événement dans le non-événement qu’est la reconduction de Sama avec quasiment toute son équipe. José NAWEJ