Un réaménagement crépusculaire du Gouvernement fait naturellement penser au compte à rebours. C’est le cas de Sama II. A quelque dix mois de la fin du quinquennat, seul l’horizon électoral est en vue.
Aucun prévisionniste sérieux ne saurait, en effet, attendre de miracle en termes de résultats sur le front de l’amélioration de l’ordinaire -fort peu enviable- des Congolais. Tout au plus pourrait-on assister à des saupoudrages avec des réalisations cosmétiques, façon nzombo le soir. Une hirondelle ne faisant pas le printemps. Ce ne sera assurément pas à coup et coût de deux ou trois actions gadgets que le Gouvernement pourra combler le déficit social abyssal !
Idem par rapport à la sempiternelle crise dans l’Est consécutive à la guerre d’agression. A moins d’un coup de Trafalgar -ce qui comblerait de joie les Congolais-, un alignement des planètes dans cet Est de la RDC où tous les acteurs de la tragédie ne sont visibles à l’œil nu est difficilement envisageable. Le scénario le plus optimiste étant celui non d’une vraie paix, mais d’une trêve obtenue par… des négociations.
Or, la jurisprudence vieille d’un quart de siècle renseigne qu’en l’occurrence négocier la paix avec le Rwanda et ses supplétifs équivaut à mettre la poussière sous le tapis. On imagine la suite à l’aune des expériences passées survenues dans les mêmes conditions.
Alors, est-ce à dire que ce réaménagement gouvernemental compterait pour du beurre ? Pas forcément.
Par cette opération, le Président réussit le tour de force de récompenser deux ou trois de ses partenaires – Kamerhe, Bemba et Nyamwisi- susceptibles de chercher à devenir khalifes à la place du khalife. Ce, tout en les assignant au soutien à sa candidature à la présidentielle en cas d’élections. En somme, une récompense assortie d’un piège. Du grand art en politique !
Ce n’est pas tout. Félix-Antoine Tshisekedi est mieux placé que quiconque pour savoir qu’organiser les élections dans le délai n’est pas une sinécure. Quantité d’hypothèques planent encore sur le chronogramme de la CENI.
Pour avoir été en première ligne en 2016 -année de la fin du mandat de son prédécesseur- comme opposant, Fatshi peut simuler les scénarii post-décembre 2023 en cas de non tenue d’élections. Il n’a aucune peine à deviner la suite événements. En particulier, « à quelle sauce de la surenchère politique et surtout politicienne il sera mangé« . La même à laquelle lui et ses compagnons d’alors de l’opposition concoctaient contre Kabila. Retour de la manivelle ? Ça risque d’en avoir l’air.
D’ores et déjà, à quasiment la veille de cette échéance, l’on assiste à l’esquisse de la répétition générale. Le synopsis étant le même ou presque. Sauf que le pilori a changé de « client » : JKK a fait place à Fatshi.
La présence de deux ou trois poids lourds de la mouvance présidentielle au Gouvernement va-t-elle permettre au Président de déjouer le pronostic de ses adversaires visibles et invisibles? Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Antipas Mbusa vont-ils suffire à conférer au Cabinet Sama cette colonne vertébrale politique si nécessaire à la lisière de l’inévitable zone des turbulences généralisées ?
Ce réaménagement sonne aussi comme l’ébauche du… coup d’après. José NAWEJ