* Avec le concours de la firme ARISE, 750.000 dollars ont déjà été mobilisés pour mener à bout ce projet d’ici août 2023, annonce le ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku.
Kinshasa et Lusaka sont déterminés à matérialiser leur projet de production locale des batteries et véhicules électriques. C’est dans cette optique que les délégués du Gouvernement congolais et zambien ont procédé, hier lundi 27 mars, à la signature d’un Accord-cadre pour le lancement de l’étude de préfaisabilité de la zone économique spéciale transfrontalière à aménager à cet effet dans la province du Haut Katanga, au Sud-Est de la RDC. La cérémonie s’est déroulée au ministère des Affaires étrangères, à Kinshasa, en présence du Premier ministre congolais, Sama Lukonde.
Pour la partie congolaise, l’Accord-Cadre a été signé notamment par le ministre de l’Industrie Julien Paluku, le ministre des Finances Nicolas Kazadi… Côté zambien, c’est le ministre de Commerce et Industrie qui a apposé sa signature. Aux côtés de ces signataires, sont intervenus les représentants d’AffreximBank et de CEA, des partenaires du projet. Avec le concours de la firme ARISE, 750.000 dollars ont déjà été mobilisés pour mener à bout cette étude d’ici août 2023, le début des travaux étant prévus dans deux semaines environs, indique le ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku.
Venu à Kinshasa avec la ministre du Travail de son pays, le ministre zambien de Commerce et Industrie a tenu à féliciter la ténacité de son collègue congolais, Julien Paluku, qui s’engage à fond pour la réussite de ce projet pilote, visant à faire de ces deux pays africains des locomotives de ce projet de chaîne de valeur des batteries et véhicules électriques. Ce, au regard de leur riche gisement en cobalt, lithium, manganèse, cuivre, fer, nickel, graphite… Minerais stratégiques essentiels pour développer cette chaîne de valeur.
La RDC, »un pays solution »
Aux dires de Julien Paluku, la RDC apparaît en ce jour comme »un pays solution » de l’humanité au regard de sa biodiversité et de ses minerais stratégiques qui entrent dans la fabrication des batteries électriques, des énergies renouvelables, des voitures électriques. C’est dans cette perspective que le Congo, au travers son Président Félix Tshisekedi, s’est donné comme ambition de développer une chaine de valeur régionale autour de l’industrie des batteries électriques et des véhicules électriques.
La dynamique enclenchée par Kinshasa et Lusaka pour sortir du cocon de simples producteurs de ces minerais bruts pour devenir des exportateurs des produits finis est bien apprécié par nombre de partenaires au développement qui se sont engagés à soutenir cette synergie. C’est le cas de la Banque arabe BADEA, d’AffreximBank, de la Banque africaine de Développement (BAD), de l’Union africaine, des Nations-Unies… Tous représentés lors de la cérémonie, à travers leurs représentants.
Brasser 8 milliards de dollars du marché
Selon Julien Paluku, l’enjeu est de taille pour la RDC et la Zambie en ce moment où le Parlement européen a levé l’option de mettre un terme à la production des batteries thermiques d’ici 2035. Or, argumente-t-il, le marché des batteries électriques, jugés plus écologiques, va brasser entre 7.000 et 48 milliards de dollars. « Si donc nous pouvons capter ne fût-ce que les 10% de ce marché d’ici 10 à 15 ans, notre pays pourrait profiter d’environ 8 milliards de dollars« , affirme Julien Paluku.
C’est dans cette perspective, soutient-il, que les deux grands pays producteurs de cobalt du continent ont convenu de baliser le terrain en aménageant un vaste espace hors taxe, exempté de douane. Cet espace, dénommé »Zone économique spéciale transfrontalière » pourra ainsi être l’aire propice pour faciliter la fabrication des produits compétitifs et à moindre coût.
Un modèle de Coopération Sud-Sud
Selon un dépliant diffusé par le ministère congolais de l’Industrie, la RDC a déjà mis à la disposition du projet 2.000 hectares de terre dans la province du Haut Katanga. Cet espace est réparti en 4 blocs de 500 hectares chacun. En plus, indique Julien Paluku, la RDC a innové en mettant sur pied un Conseil national de batterie, organe technique apolitique destiné à former des experts locaux en la matière. Mieux, le pays a même mis sur pied un Centre africain d’excellence qui est, pour le moment, logé à l’Université de Lubumbashi.
Fier de cette initiative, le Premier ministre congolais, Sama Lukonde, encourage « ce projet intégrateur de la région ». « C’est un modèle innovant de la Coopération Sud-Sud, destiné à nous aider à développer nos propres intelligences. Car, l’Union fait la force« , conclut-il. Yves KALIKAT