La bipolarité de l’ancienne géopolitique a été brisée. Grâce au partenariat militaire, culturel et infrastructurel avec la Russie, les pays africains se dirigent vers «une sorte de nouvelle indépendance», estime auprès de Sputnik l’ancien ambassadeur du Mali en Turquie.
Vladimir Poutine a abordé le 21 mars au cours de la conférence parlementaire Russie-Afrique les grandes lignes des projets que la Russie avait réalisés et réaliserait en Afrique. Interrogé par Sputnik, Birahim Soumaré, l’ancien ambassadeur du Mali en Turquie, y voit la fin définitive du monde unipolaire.
«Nous venons briser la bipolarité qui existe dans l’ancienne géopolitique», remarque-t-il.
Grâce à la volonté affichée par M.Poutine de renforcer le partenariat entre l’Afrique et la Russie, les dirigeants africains ont désormais la possibilité «de choisir et de développer leur pays en fonction des intérêts exclusifs de leur nation, en fonction des intérêts exclusifs de leurs populations «.
La Russie propose non seulement des projets militaires et culturels, mais «on semble s’orienter maintenant vers des aspects beaucoup plus civils qui sont le développement d’infrastructures», note Birahim Soumaré.
La fourniture des céréales
Concernant l’accord céréalier, l’expert note que «l’Occident s’est taillé la part du lion» alors que la plus grande consommation de blé a lieu principalement en Afrique et en Amérique latine. Il se réjouit de l’intention russe de fournir gratuitement les céréales à l’Afrique, si Moscou décide de ne pas prolonger l’accord le 18 mai.
Birahim Soumaré évoque ses attentes envers le sommet Russie-Afrique, programmé pour juillet à Saint-Pétersbourg:
«Si le premier sommet (en 2019, ndlr) était un sommet de retour de la Russie, héritière de la grande Union soviétique vers l’Afrique, il demeure que ce prochain sommet devra être un sommet de consolidation de ce qui a été établi».
Pour lui, Vladimir Poutine «voit bien le sens de l’histoire» et a «une bonne capacité à avoir une lecture sans paternalisme et sans condescendance sur la marche du monde».
Aspirations pour un autre monde
Birahim Soumaré évoque le contexte géopolitique ayant globalement changé depuis 2022.
«Nous rentrons maintenant dans une période où le monde est en train de connaître un bouleversement. Et ce bouleversement-là, ce n’est plus le monde unipolaire occidental où il y a la pensée unique qui fait que tous les pays africains, le plus souvent francophones, sont obligés de se plier à la martingale qui est dessinée par certains officiers de certains États», avance-t-il en ajoutant que les pays africains se dirigent «vers une sorte de nouvelle indépendance».
Très jeune, la population africaine «aspire maintenant à un autre monde, un monde où il n’y a plus de domination néocoloniale, impériale, de la pensée unique. On sort de ce monde-là pour avoir au monde, que nous définissons nous-mêmes à partir de nos réalités et de nos intérêts».
Concernant le Mali, il réitère que le pays, face aux défis sécuritaires, bénéficie d’une «bonne coopération militaire avec la Russie avec des drones, des avions».