Le Président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Paul Nsapu Mukulu, s’est entretenu hier mercredi 15 mars, avec une délégation de Human Rights Watch (HRW), composée de deputy director Carine Nantulya, Assistant chercheur senior Venance Kalenga Mudiango et chercheur junior Carine Dikiefu de HRW-RDC.
Les échanges ont porté sur 4 points. Premièrement, des crimes et de l’exacerbation des conflits intercommunautaires, ayant comme cause le discours de la haine et les propos discriminatoires à l’égard de certains acteurs politiques. HRW aimerait tirer la sonnette d’alarme, surtout que la RDC se trouve actuellement dans un contexte électoral.
Deuxièmement, HRW constate une sorte de rétrécissement de l’espace politique et des libertés publiques. Ce qui constitue une préoccupation pour cette organisation.
Troisièmement, HRW souhaiterait une intensification du monitoring dans les lieux de détention.
Et quatrièmement, la justice transitionnelle pour appliquer la justice, la redevabilité et la réparation en faveur des victimes afin d’aboutir à une paix durable et éviter la répétition des crimes.
Dans sa réponse, le Président de la CNDH a globalement parlé de la vision qui sortira du « plan stratégique » après le séminaire d’imprégnation que la CNDH va organiser sous peu. Néanmoins, la nouvelle équipe de la CNDH a déjà commencé à mener des actions.
S’agissant de l’érosion de l’espace politique et de libertés fondamentales, « nous sommes très regardants, et nous tenons à ce que tous les droits de l’homme soient respectés en RDC« .
La CNDH va mettre en place « un programme d’éducation sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales en faveur des exécutants de la loi au niveau de l’Agence nationale des renseignements (ANR), de la police et de l’armée et d’autres services de l’État concernés par la question des droits de l’homme« .
Dans tous les cas, chaque fois qu’une allégation de violation des droits et libertés fondamentaux de l’homme est portée à notre connaissance, nous diligentons une équipe de monitoring sur le terrain en vue de mener des enquêtes qui nous permettent de faire des avis et recommandations au Gouvernement pour améliorer la situation des droits de l’homme. C’est dans ce sens que le mécanisme dénommé « Comité permanent de prévention de la torture » (CPPT) est déjà opérationnel au sein de la CNDH et effectue chaque semaine des descentes dans les lieux de détention pour enquêter sur les allégations des cas de torture et de non respect du délai de garde à vue ou de la détention préventive.
Il faut toujours faire très attention aux dénonciations qui sont faites dans la presse, car, à ma connaissance, je sais que pendant la période électorale, il y a des provocations de part et d’autre.
S’agissant de la nécessité d’appliquer la justice transitionnelle en RDC, je voudrais vous rappeler que son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, a parlé, dans son discours à la 52ème session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies à Genève en Suisse, du début de l’implémentation de la justice transitionnelle en ce qui concerne les massacres de Kamwena Nsapu, au Kasaï.
C’est juste un début qui doit être encouragé par un soutien au niveau national et international. Mais pour les crimes commis dans l’Est de la RDC par les différents groupes armés et le M23, avec le soutien du Rwanda, nous devons utiliser toutes nos énergies pour faire un plaidoyer en faveur de la justice transitionnelle pour que tous les auteurs des crimes soient sanctionnés et que les victimes obtiennent réparation. Cela permettra, à n’en point douter, de mettre fin à l’agression actuelle du Rwanda à travers son proxy M23. DK