La Coalition des femmes leaders pour l’environnement et le développement durable (CFLEDD), organisation non gouvernementale, milite pour que les droits des femmes soient reconnus officiellement dans les organes de prise de décision. Cette structure rêve d’un monde où les femmes épanouies jouissent de leurs droits, se forment, mettent en œuvre leurs différentes compétences et participent activement dans les organes de prise de décision dans la gestion de l’environnement et le développement durable. En ce mois dédié aux droits de la femme, Forum des As s’est entretenu avec Chouchouna Lusale, vice-coordinatrice et chargée des programmes à la Cfledd. Au cours de cet entretien, elle a recommandé aux autorités congolaises de capitaliser le thème national de cette année (Education numérique égalitaire pour la paix et l’autonomisation des femmes et filles en RDC) afin que la fracture numérique se réduise en RDC. Interview.
Comment la femme peut-elle contribuer à la protection de l’environnement à travers le digital ?
A l’ère et à l’heure du numérique, la formation de la femme sur les nouvelles technologies occupe une place prioritaire dans la gestion de l’environnement. Dans notre ONG, nous avons organisé une formation pour nos membres aussi bien au niveau national, local que provincial à l’utilisation des outils numériques. Cette formation en leadership féminin a permis aux femmes de découvrir les réunions, pas seulement en présentielle mais aussi en ligne avec des applications telles que Zoom, Meet etc. Grâce à ces formations, les participantes en milieu rural savent comment donner des alertes face aux menaces, aux changements qu’elles constatent par rapport aux changements climatiques. Ces gardiennes de l’environnement peuvent prévenir les autorités en cas d’exploitation illégale de leurs forêts ou encore de la biodiversité.
A ce jour, trois promotions ont déjà été formées mais elles ne sont pas suffisantes. La RDC est tellement vaste que le gouvernement devrait capitaliser ces formations en appuyant ces femmes de notre organisation, celles de la société civile avec du matériel sans oublier les agents de l’administration publique pour qu’un grand travail se fasse dans la protection de la nature. Il faut dire aussi que l’arrivée du Coronavirus avec l’instauration du confinement nous a permis de nous intéresser davantage au digital.
Vous travaillez avec les femmes au sein de votre structure, quelle signification revêt la date du 8 mars pour vous ?
Pour nous à la CFLEDD, la journée du 8 mars nous donne l’occasion de nous évaluer. C’est-à-dire que nous demandons à nos membres de récapituler ce qu’elles ont pu faire durant l’année par rapport aux droits de la femme. Leur apport dans le développement du pays, de la communauté, du foyer ou de leur entourage et milieu professionnel.
C’est vraiment une date de réflexion pour nous. Nous rappelons à nos membres aussi l’histoire des pionnières dans la lutte pour les droits des femmes. Concrètement, dans le domaine de l’environnement, nous faisons en sorte que si la femme devient par exemple propriétaires des terres, qu’elle puisse contribuer aux engagements que le pays a pris pour lutter contre le changement climatique. Le pays respecte de ratifier plusieurs conventions en rapport avec la protection des forêts.
Pour arriver à respecter ces traités, cela demande l’adhésion de toutes les parties prenantes qui pourront permettre au gouvernement d’atteindre ses objectifs. Nous luttons pour que la place de la femme soit reconnue et respectée dans la gestion des ressources naturelles, que sa place soit reconnue par les autorités politico-administratives. Nous nous évertuons à conscientiser aussi bien la citadine que la femme rurale, en valorisant son savoir-faire, car celle-ci ignore souvent ses compétences.
Les femmes rurales ont beaucoup de connaissances dans la gestion de l’environnement sans pour autant aller à l’école. La Cfledd mène des activités de renfoncement des capacités de la femme, veille à la vulgarisation des lois et textes existants, et permet à la femme de mener des plaidoyers, de dénoncer s’il le faut, et l’incite à intégrer les organes de prise de décision. Un éveil de conscience de la Congolaise sur son rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique et dans la gestion des ressources naturelles de notre pays.
Quels moyens votre structure met en place pour faciliter la femme de sortir de la fracture numérique ?
Nous recourons souvent auprès des partenaires, nous avons installé des panneaux solaires dans les provinces concernées par les formations et les kits de réseau de communication permettant d’accéder à l’internet. Ce qui a permis à nos membres de différentes provinces de suivre des formations et de se familiariser avec le numérique. Bien que le nombre des femmes formées soit insignifiant, nous avons l’espoir que cette fracture numérique pourra se réduire. Toutefois, les autorités doivent d’abord fournir l’énergie à la population car sans elle on ne peut se former au numérique. Ce n’est qu’un début, si le gouvernement apporte les moyens conséquents, nous pouvons aller de l’avant vers des réalisations nobles. Propos recueillis par Fyfy Solange TANGAMU