Le 23 mars 2023, la partie chinoise représentée par l’ambassadeur Zhu Jing et la secrétaire générale de la Sicomines Diao Jing ont animé une conférence de presse dont la portée ne devrait pas laisser indifférente la partie congolaise. En effet, cette activité médiatique a eu lieu après la réunion de prise de contact organisée le 22 mars au Palais de la Nation à l’initiative du Directeur de cabinet Guylain Nyembo, instruit par le Président de la République qui tient absolument à entendre tous les sons de cloche des protagonistes avant de décider en conséquence…
Aussi, la position exprimée le 23 mars 2023 par la partie chinoise est-elle à considérer pour ce qu’elle est, à savoir une contribution à positiver.
DU MECANISME DE DIALOGUE
En effet, si au départ la mission de l’Igf déléguée en juin 2022 au Grand Katanga s’était comportée sans préjugés, les relations entre, d’une part, l’Inspection générale des finances et, de l’autre, la Direction générale de la Sicomines ne se seraient pas détériorées au point de frôler l’incident diplomatique.
Comme relevé du reste au cours de la conférence de presse précitée, à l’instar de tout contrat ou de toute convention respectant les principes de base, le contrat sino-congolais prévoit un mécanisme de dialogue. C’est son article 20 qui préconise, en cas de différend, une solution à l’amiable, à défaut d’un arbitrage international si, dans les six mois, les deux parties ne parviennent pas à se mettre d’accord.
Se passer de la première (comme) pour pousser le partenaire à recourir au second n’est pas une voie de sagesse. A moins d’être dans le schéma du défi et avoir l’assurance de triompher en amont. et en aval.
Quand, dans la culture judéo-chrétienne, le Droit dispensé à l’école déclare qu’il » vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès » et la Bible conseille « un arrangement pendant qu’on est en route pour chez le juge « , il faut avoir un esprit hautin pour penser gagner à tous les coups.
Il est vrai que du côté de la partie congolaise, il se trouve quelques esprits convaincus de la nécessité de » bouffer du chinois « .
Pensent-ils seulement qu’après l’avoir fait, ils auront la digestion facile au pays ou ailleurs ? Le croisement des intérêts caractérisant le fonctionnement de l’économie mondiale (en référence aux interrelations et interactions entre multinationales) les rattraperont fatalement. Et, comme le dit la Bible en Matthieu 7 :22 : » Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? « , ils s’entendront rétorquer comme en Matthieu 7 :21 : » Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux… « .
Remplacer Seigneur par une puissance occidentale ou par une multinationale occidentale, on connaît déjà la suite. Ceci de un.
De deux, des concessions généralement arrachées par défi n’ont jamais contribué au succès d’une affaire dans tout domaine de vie. En politique comme en affaire, voire en amour, ce type de concessions crée et entretient la méfiance. Elle ne contribue jamais au progrès.
Moralité : dès l’instant où les partie congolaise et chinoise ont fixé dans le contrat sino-congolais les mécanismes de règlement de tout différend, le bon sens commande d’y recourir.
A MEDITER
Maintenant que la Commission recommandée par le Président Félix Tshisekedi pour traiter de ce contrat est à pied d’œuvre sous l’autorité du Directeur de cabinet Guylain Nyembo, ce n’est plus utile, à proprement parler, de poursuivre la « guerre » par médias interposés.
Il y a plutôt lieu que ces derniers encouragent les deux parties à se concerter, à échanger, à préserver les intérêts réciproques. Sous l’ère de la mondialisation, c’est un impératif que de protéger les relations qu’on a su tisser à des moments difficiles. Après tout, dit-on, les vraies amitiés sont celles qu’on établit à cette période précise.
Aussi, c’est un non-sens que de développer de l’animosité à l’égard des Chinois lorsqu’on fréquente et on utilise les infrastructures aménagées dans le cadre du contrat sino-congolais.
Léon Kengo wa Dondo, aussitôt redevenu Premier ministre pour la dernière fois de sa vie (c’était en 1994 dans le cadre de la 3ème voie excluant les schémas de la Cns et du Conclave politique de Kinshasa), avait eu le courage de le déclarer à haute voix lors de sa première conférence de presse. « Apprenez, vous Zaïrois, que vous êtes pauvres tant que vous ne courbez pas pour extraire les richesses qui sont sous votre sous-sol « , avait-il dit, cité de mémoire.
Figurons-nous alors que les Occidentaux étant partis depuis 1990, les Chinois ne soient pas venus en 2008, 18 ans après ! Sur quelles infrastructures nous serions-nous basés pour rester debout et nous estimer capables de revendiquer quoi que ce soit ?
A méditer…
AN/Correspondance particulière