Le député national Éric Tshikuma propose la modification de l’article 130 du Code du Travail pour garantir la totalité de la rémunération due à la femme salariée qui prend son congé de maternité. Pour ce faire, il a déposé hier lundi 20 mars courant au Bureau de l’Assemblée nationale, la proposition de Loi modifiant et complétant le Code du Travail en vigueur en République démocratique du Congo.
En ce mois de célébration des droits des femmes, cette initiative lui a été inspirée par une juriste, Mme Derthy Ekofo. Celle-ci a, quant à elle, bénéficié particulièrement du concours d’un autre juriste-analyste, Alain Engunda Ikala, apprend-on.
En effet, cette modification, précise-t-on, concerne particulièrement l’article 130 alinéa 2 du Code du Travail en y insérant le droit à la totalité de la rémunération due à la femme salariée durant son congé de maternité en lieu et place de seulement deux tiers comme c’est le cas actuellement.
NE PAS PERDRE SES DROITS EN ACCOUCHANT
Pour l’auteur de cette proposition de modification, la femme ne doit pas perdre ses droits dès lors qu’accoucher est une manière pour la femme d’accomplir sa mission sociale en donnant naissance.
« La réalité est telle que la salariée perd environ 34% de ses revenus en cette période considérée d’inactivité alors qu’elle n’en est pas une. Car, la femme accomplit sa mission sociale de donner vie pour peupler le sol congolais. C’est ce 1/3 de ces revenus perdus au regard de la loi que nous voulons, en tant que législateur, lui restituer afin qu’elle bénéficie de la totalité de sa rémunération pour assurer son entretien et celui de son enfant« , a expliqué Eric Tshikuma.
Pour l’initiateur de la démarche, inspirée par des Congolaises salariées et soutenue par des jeunes Congolais, elle ne vise d’après lui qu’à soutenir l’émancipation de la femme en lui permettant de concilier sa vie professionnelle, familiale et privée.
Le député national Eric Tshikuma réalise qu’il est temps de promouvoir les droits de la femme, en matière de grossesse et de maternité pour que cela ne soit pas une occasion de discriminer la femme.
« LA GROSSESSE NE DEVRAIT PAS ETRE UN DESAVANTAGE PROFESSIONNEL »
« Il est temps de faire évoluer le regard de notre société sur la maternité dans un élan de promotion des droits de la femme en RDC. La grossesse (et le congé de maternité) ne devrait pas être considérée comme un désavantage professionnel ouvrant une brèche à une discrimination indirecte fondée sur le sexe ou à un refus contraignant de peur pour la salariée de tomber enceinte. Nous pensons que la stabilité des revenus financiers de la femme salariée devrait être sécurisée pendant son congé de maternité « , a-t-il souhaité.
Il a, par ailleurs, précisé que cette pratique est loin d’être une invention congolaise. En effet, la plupart des Codes du Travail des pays de l’Afrique subsaharienne dont les voisins garantissent l’octroi à la femme de la totalité de la rémunération pour maintenir la stabilité de revenus au moment où elle en a le plus besoin.
Modifier le Code du travail, estime Eric Tshikuma, c’est rendre la valeur à la femme et au nouveau-né, d’autant plus que les présidents des deux chambres du Parlement ainsi que le président de la République sont sensibles aux droits de la femme.
« Cette modification permettra donc à la RDC non seulement de valoriser la femme et l’enfant nouveau-né mais aussi de s’aligner avec les pratiques régionales. Nous voulons d’un débat enrichissant afin d’y parvenir avant la fin de la session de mars en cours. Les Présidents Mboso et Bahati sont sensibles aux réflexions axées sur les droits de la femme tout comme le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, champion de la masculinité positive en Afrique« , a-t-il conclu. Kléber KUNGU