*La Coordonatrice de la Fondation Pakadjuma Résilience ambitionne de redorer l’image ternie de la femme de « Pakacity ».
Avocat au Barreau de Kinshasa, Eliane Kibubi est également Coordonnatrice de la Fondation Pakadjuma Résilience. Son leitmotiv, à travers sa Fondation, est de redorer l’image ternie de « Pakacity« , et surtout celle de la femme de la contrée. « Pakadjuma est l’antre de la drogue, du vol, du commerce de sexe dit la prostitution, etc « , reconnaît-elle. Pour Me Kibubi, la journée du 8 mars n’est pas l’affaire seule de la femme. « Les femmes et les hommes doivent se mobiliser de concert pour l’égalité des droits des femmes qui, du reste, sont les droits humains« .
Quels sont les mobiles qui vous ont poussée à la création de la Fondation Pakadjuma ?
La Fondation Pakadjuma a été créée depuis 2021 et œuvre principalement dans le secteur de l’éducation. Nelson Mandela a dit: « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde« . Et nous considérons que l’automisation des femmes comme des hommes passe inéluctablement par le savoir écrire et parler. Notre objectif est de leur donner les armes nécessaires pour qu’elles deviennent de réelles actrices de développement.
Quelle est votre cible?
Notre première cible, ce sont des enfants. Néanmoins, nous travaillons en amont dans la capitalisation des femmes afin qu’elles acquièrent une indépendance morale et financière pour soutenir et motiver leurs enfants.
L’éducation permet de réduire aussi la pauvreté, un des leviers indispensables pour le développement de notre pays.
Quels sont les objectifs poursuivis par la Fondation Pakadjuma ?
Nous avons entre autres comme objectifs la réinsertion des enfants qui ont eu un décrochage scolaire dans le système dit classique, l’alphabétisation fonctionnelle pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’accéder à l’éducation de base. Nous visons aussi l’assistance et l’accompagnement juridique des violences sexuelles et basées sur le genre et les formations professionnelles. Et enfin, nous organisons des sessions d’informations sur la santé sexuelle et le bien-vivre. Pakadjuma Résilience a placé ses bagages dans la ville de Kinshasa et plus précisément au quartier de fortune qu’on appelle « Pakadjuma« . Bien évidemment, notre fondation nourrit l’ambition de se déployer dans d’autres coins de la capitale et couvrir également les autres provinces de la RDC.
Pourquoi avoir ciblé le site Pakadjuma à Kinshasa?
Pakadjuma est l’antre de la drogue, du vol, du commerce de sexe dit la prostitution et a un taux d’analphabétisme qui avoisine les 80%. Et face à tous ces maux, on ne peut rester sans mot. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous nous sentons dans l’obligation et le devoir d’apporter à nos sœurs, mamans des solutions, afin de redorer l’image de la cité et surtout de la femme, trop longtemps ternie par le stéréotype et préjugé. Et au finish, de faire renaître en elles l’espoir que les choses peuvent changer et que la femme a un rôle très capital à jouer au sein de la société.
Que représente pour vous la journée du 8 mars?
Pour moi, le 8 mars, est une journée commémorative de la lutte des droits de la femme. Ainsi, les femmes et les hommes doivent se mobiliser de concert pour l’égalité des droits des femmes qui, du reste, sont les droits humains.
L’édition 2023 a porté sur le thème: « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologie pour l’égalité des sexes ». Quel est l’apport de la Fondation Pakadjuma aux jeunes filles par rapport à ce thème ?
Comme, je l’ai dit ci-haut, 80 % de la population féminine à Pakacity ne sait ni lire, ni écrire. Il sied de relever que la RDC compte au moins 50,3% de la population féminine contre 49,7 % de la population masculine. D’après un rapport de l’Unesco, bon nombre de femmes en Afrique sont analphabètes. En outre, 19% seulement des femmes en RDC ont accès au numérique contre 31 % des hommes. Beaucoup de travail reste encore à faire dans ce domaine. Et face à cette évidence, la Fondation Pakadjuma Résilience travaille pour relever ce défi énorme lié à l’accès aux connaissances de base d’abord dont l' »alphabétisation fonctionnelle« , et travaillons aussi sur l’apprentissage des jeunes filles aux STEM à savoir : informatique et autres bien qu’il revienne de souligner que la fracture numérique est énorme. Cela est dû aux inégalités dans l’accès aux technologies de l’information et aussi du fait que l’internet reste encore un luxe. Ceci constitue un frein au développement du pays. Donc la responsabilité revient aux autorités et à nous autres d’y travailler afin de relever ce défi.
Avec l’appui et le soutien des uns et des autres, la Fondation mènera à bien ces actions tendant à la capitalisation de la jeune fille et de la femme non pas seulement de « Pakacity » mais aussi de Kinshasa et d’ailleurs.
Quel message avez-vous à adresser aux Congolaises en général, et en particulier aux jeunes filles en ce mois leur dédié?
Aux femmes, jeunes filles et aux enfants de la RDC en général et ceux du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, au-delà des atrocités nous sommes de cœur avec eux. Nous sommes appelés tous, hommes et femmes, à travailler de concert pour une paix durable et l’autonomisation de la femme. Et à la femme maraichère, institutrice etc, des héroïnes de l’ombre, je demande de continuer d’assurer pleinement leur rôle dans la société. Propos recueillis par Dina BUHAKE