*L’Ambassadeur de Chine à Kinshasa, Zhu Jing, confie que les entreprises chinoises sont encore déficitaires sur les 4 milliards USD investis dans l’exploitation des mines. »
Le contrat sino-congolais (infrastructures contre mines) signé en 2008, entre la RDC et le groupement des entreprises chinoises, fait toujours parler de lui. Après 15 ans d’exploitation, la partie congolaise via le rapport de l’IGF, dénonce un certain déséquilibre, soutenant que le volet mines a été favorisé au détriment du volet infrastructures. Ce que n’admet pas la partie chinoise qui a affirmé, au cours d’une conférence de presse de la Sicomines, le vendredi 24 mars à Kinshasa, a affirmé avoir pris d’énormes risques et incertitudes, pour créer une joint-venture avec la RDC afin de promouvoir le projet minier et le projet d’infrastructures.
Selon la secrétaire du conseil d’administration de Sicomines, Diao Ying, au cours du lancement de la production minière, les entreprises chinoises ont dû surmonter de nombreuses difficultés telles que l’insuffisance d’électricité, le manque de matériels, les difficultés de transport. « Les deux mines étaient inondées d’eau d’une profondeur de 134 mètres et 169 mètres, ce qui a dissuadé tous les investisseurs étrangers pendant plusieurs décennies. Seules les entreprises chinoises n’ont pas reculé devant les défis. Elles ont drainé 120 millions de mètres cubes d’eau, préparant ainsi les conditions préalables de la production ultérieure« , raconte-t-elle.
Pour Diao Ying, « c’est une fierté que depuis sa création en 2008, grâce aux efforts déployés par les employés de nos deux pays, la Sicomines est devenue l’une des sociétés minières locales avec le plus haut niveau d’automatisation et de modernisation, les meilleures conditions de travail, les technologies de production les plus respectueuses de l’environnement, contribuant ainsi de manière significative à la modernisation et à la mise à niveau du secteur minier congolais. »
Pour l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhu Jing, le rapport de l’IGF ne correspond pas à la réalité et souffrirait également d’absence de « preuves solides ». Le chef de la mission diplomatique chinoise en RDC a confié à l’assistance que, contrairement aux allégations contenues dans le rapport de l’IGF, les bénéfices tirés, jusque-là, de l’exploitation minière sont encore très loin des 4 milliards de dollars investis par les entreprises chinoises.
« Est-ce qu’avec cette réalité, on peut encore dire que la Sicomines est une société prédatrice qui gagne beaucoup d’argent, sans donner aucun bénéfice à nos amis congolais ? « , s’est interrogé le diplomate.
Diao Ying, secrétaire du Conseil d’administration de la Sicomines, explique que sur les 10 millions de réserve estimés dans le projet Sicomines, au stade actuel, seulement 10% des gisements ont déjà été exploités, contre 30% des investissements des infrastructures. « On a exploité jusque-là 10 % des gisements estimés, mais on a déjà fait à peu près 30 millions d’investissement d’infrastructures. Comment vous pouvez dire que les gens sont venus ici pour prendre de l’argent « , réagit-elle face aux allégations de l’IG.
Répondant à la question sur la surfacturation des infrastructures, la partie chinoise rappelle que le rôle de la Sicomines se limite à financer les projets sélectionnés et présentés par le gouvernement congolais. « C’est l’ACGT qui surveille et organise les travaux. Elle est mieux placée pour répondre à cette question. Tous les projets et tous les coûts des projets des infrastructures sont décidés par le gouvernement congolais« , précise Diao Ying.
Ouvert au dialogue avec la partie congolaise
A l’heure où côté congolais on s’active pour réclamer la renégociation de cette convention, la partie chinoise affirme qu’elle n’est pas encore notifiée officiellement en ce sens. Même alors, elle dit être ouverte à tout dialogue, soutient l’ambassadeur Zhu Jing. Le diplomate rappelle que la convention elle-même prévoit des mécanismes de discussion.
Par ailleurs, la partie chinoise travaille sur ses chiffres, qu’elle promet de communiquer ultérieurement.
La secrétaire du Conseil d’administration, Diao Ying, réitère l’engagement de la Sicomines de continuer d’accompagner le développement de la RDC.
Elle explique que la Sicomines, une joint-venture sino-congolaise créée par la Société générale des carrières et des mines (Gécamines) et le groupement d’entreprises chinoises, est un projet de coopération qui, depuis le début, témoigne de la persévérance des peuples chinois et congolais qui a permis d’obtenir des résultats palpables partagés entre les deux pays.
Plus de 20.000 emplois créés en RDC
« Le Projet de coopération sino-congolais a créé plus de 20.000 emplois en RDC, et a permis une vie décente à plus de 100.000 habitants locaux de manière directe ou indirecte« , indique Diao Ying.
A ce jour, 43 projets d’infrastructures ont été réalisés par la Sicomines, dont le boulevard du 30 Juin, principale artère de la capitale.
Ce n’est pas tout. La Sicomines a activement fait écho aux demandes de soutien du gouvernorat et suivi de près les besoins et observations de la population locale. « Elle a rempli ainsi ses responsabilités sociales tout en versant d’énormes fonds dans les projets d’action sociale qui couvrent de nombreux secteurs tels que l’éducation, les soins médicaux, l’agriculture, l’environnement, l’alimentation en eau potable et en électricité, la construction de voiries communautaires à Kinshasa tout comme dans la province du Lualaba, à Kolwezi et au quartier Kapata. Elle participe à la dotation sociale et scolaire, la lutte contre la pandémie et le secours aux sinistrés, l’amélioration de l’habitat de la population et du bien-être du peuple« , fait savoir la secrétaire du Conseil d’administration.
A travers ses projets, « la Sicomines a dynamisé le développement économique de Kinshasa ainsi que d’une dizaine de provinces congolaises« , a-t-elle indiqué, réaffirmant la « bonne foi » de la Sicomines pour honorer ses engagements.
Selon l’ambassadeur Zhu Jing, la Sicomines constitue un « projet stratégique » bilatéral, qui reflète les liens étroits entre Pékin et Kinshasa. Selon les statistiques fournies par Diao Ying, « pendant les 20 dernières années, le volume du commerce bilatéral a été multiplié par 450, les investissements directs cumulés des entreprises chinoises en RDC s’élèvent à plus de 10 milliards de dollars. La RDC est devenue un partenaire, une destination d’investissement et un marché de services d’ingérie importants de la Chine en Afrique, et ses ressources abondantes, sous la stimulation de la coopération sino-congolaise, deviennent un moteur pour le développement de la RDC. »
En un mot comme en cent, ce projet « gagnant-gagnant » vise simplement à sortir le peuple congolais de la difficulté et à faire bénéficier les foyers sino-congolais, a affirmé l’ambassadeur chinois Zhu Jing. Didier KEBONGO