Denise Nyakeru invite les journalistes harcelées à dénoncer leurs harceleurs

Les professionnelles des médias de la RDC et de quelques pays francophones de l’Afrique réfléchissent à Kinshasa, sur l’état des lieux de la situation des femmes des médias en Afrique francophone, autour de l’épineuse question du harcèlement sexuel dans la sphère médiatique.

Cette conférence qui va se clôturer cet après-midi, a été ouverte hier lundi 20 mars courant par la Première dame de la République Denise Nyakeru Tshisekedi, marraine de cet événement. Les objectifs de cette conférence sont entre autres de porter à la connaissance des journalistes,  les formes ou types d’harcèlement afin de lutter contre ces pratiques dans la sphère médiatique; de faire de la dénonciation un devoir pour les journalistes féminins ; faire des femmes des médias des porte-voix de la lutte  ainsi que de fournir les informations sur la marche à suivre pour se protéger sans compromettre son avenir.

Dans son speech, la présidente de la Fondation qui porte son nom a souligné que les deux jours de travaux vont consister à trouver des solutions à la problématique du harcèlement sexuel dans le monde des médias en dénonçant, informant et accompagnant.

« Que les prédateurs sexuels soient mis hors d’Etat de nuire »

A cette occasion, Denise Nyakeru Tshisekedi, a invité les professionnelles des médias, à dénoncer le harcèlement sexuel qu’elles  subissent. «Parlez pour que l’aide vous soit apportée. Ce n’est que par cette façon de procéder que les prédateurs sexuels seront mis hors d’état de nuire», a martelé l’épouse du Chef de l’Etat.

En effet, la Première dame a déploré le fait que le harcèlement sexuel prend tristement un visage féminin. Peu importe le secteur socioprofessionnel, la femme ou la jeune fille subit encore une fois, très souvent impuissante, à l’avalanche des pratiques odieuses et tout aussi subtiles du harcèlement sexuel, a-t-elle évoqué. «Un compliment par-ci, un geste déplacé par-là, une blague, une menace, une remarque discriminatoire ou encore un chantage savamment placé dans une situation de prise de décision, où il n’est laissé que le choix du «OUI» sous la contrainte, telles sont ces formes et méthodes que nous devons dénoncer systématiquement car elles avilissent la femme et la rendent encore plus vulnérable. Elles l’exposent à d’autres maux et perpétuent ainsi le cycle interminable de la pauvreté. Encore faudrait-il que le harcèlement soit dénoncé! », a-t-elle fait remarquer.

« La loi du silence doit s’arrêter »

Elle a reconnu que les pesanteurs culturelles sont certes des facteurs aggravants mais l’omerta ou la loi du silence à laquelle les victimes sont soumises doit s’arrêter. Elle n’a pas manqué de souligner la nécessité  d’informer à toutes qu’il existe des instances auprès desquelles les victimes peuvent rapporter les faits qui leur arrivent et qu’elles ne sont surtout pas toutes seules. Il existe une brigade au sein de la Police nationale Congolaise, spécialisée sur les questions de lutte contre les violences et harcèlement sexuels. N’hésitez pas à dénoncer, a lancé Denise Nyakeru Tshisekedi.

Les influenceurs des réseaux sociaux interpellés

L’initiatrice de la FDNT a fait savoir que l’avènement d’internet et des nouvelles technologies de l’information présente plusieurs avantages mais apporte également son lot de malheurs. Selon elle, «les vecteurs du harcèlement sexuel sont à portée de nos mains et nous les amenons partout avec nous. Nous sommes tous exposés au cyberharcèlement et il est autant dévastateur que les propos, les regards et les attouchements physiques».

Denise Nyakeru a rappelé à ses interlocutrices leur obligation d’éduquer et d’être des modèles. «Ce n’est pas la recherche du buzz qui valorise. Communiquer est un art et également un métier. Prônons par conséquent l’éthique et le respect de la déontologie exigée par la profession. La vraie influence que vous aurez sera celle qui conduit à la construction de l’Homme, respectueux de soi-même, de son prochain et de son pays», a souligné l’épouse du Chef de l’Etat.

Aux TikTokeuses, Youtubeuses et autres influenceurs des médias sociaux. Denise Nyakeru s’est adressé en ces termes: «Être influenceur ou Influenceuse est une énorme responsabilité. Je vous exhorte à intégrer les valeurs et l’éthique dans les contenus de vos communications car notre société de demain ne se construira pas sans vous»,

«Lorsque vous êtes témoins d’un acte de violence sexuelle autour de vous, parlez-en et dénoncez ; trouvez le moyen d’accompagner la victime pour que la juste réparation lui soit accordée. Je suis convaincue que ce n’est que de cette manière que la blessure ou la plaie sera traitée et ce fléau éradiqué», a soutenu  la championne des NU pour  la lutte contre les VS liées aux  conflits.

La marraine de cette conférence est convaincue que ces recommandations de ses assises vont mettre l’accent notamment sur la création d’un nombre d’ambassadeurs et ambassadrices, porte-voix de la lutte contre le harcèlement sexuel dans le monde des médias.

L’engagement de la Première Dame salué

L’organisateur de cette conférence, Zacharie Bababaswe et président de la Fondation qui porte son nom a salué l’engagement de la Première dame Denise Nyakeru Tshisekedi dans la promotion et la défense des droits des femmes et de la jeune fille en RDC. Ce qui explique sa volonté exprimée à l’organisation de cette conférence qui a permis de mettre ensemble les professionnelles des médias de l’Afrique francophone pour  partager les expériences sur la question.

Le président de la Fozaba est d’avis que la tenue de cette conférence sur le harcèlement sexuel dans la sphère médiatique ne fait pas du sujet une exclusivité du secteur mais un outil de plaidoyer et un moyen de lutter contre ce fléau qui avilit la femme, la fragilise et réduit ses chances de compétir à arme égale avec son collègue homme. Parce que les actrices ici peuvent être les porte-voix, elles peuvent influencer les communautés, les avoir informées est une aubaine dans la lutte contre le harcèlement sexuel, a-t-il mentionné. Pour Zacharie Bababaswe, cette première édition a intégré une nouvelle composante : la réalisation d’une enquête portant sur la visibilité et les responsabilités des femmes dans les médias, incluant un focus sur les idées reçues, les préjugés et les différents types de harcèlement auxquels les femmes sont confrontées dans l’exercice de leurs métiers.

Pour sa part, le président du CSAC a, comme la First lady, invité les victimes de harcèlement sexuel à dénoncer leurs bourreaux pour faire reculer ce fléau.

Enfin, la directrice exécutive de l’Union congolaise des femmes des medias (Ucofem, Rose Masala, a présenté les statistiques faibles des femmes dans les medias malgré qu’elles sont nombreuses à l’Ifasic. Elle a indiqué que grâce à plusieurs plaidoyers, les femmes occupent des postes de responsabilité dans certaines rédactions  et certaines mêmes ont créé leurs propres medias. Si les femmes occupent des postes de responsabilité, il y aura moins de harcèlement sexuel dans la sphère médiatique. Il faut donc travailler pour que les femmes aient le pouvoir en milieu professionnel.

Cette conférence est organisée par la Fondation Zacharie Bababaswe en collaboration avec la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi et l’UNFPA. Mathy MUSAU

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