Ceux des Congolais qui ne pensaient même pas à la layette du bébé estampillé « cessez-le-feu » n’ont pas eu tort. Leur prémonition dubitative se justifie. Le cessez-le-feu dont le M23 a accouché est un mort-né! Bon pour l’enterrement. Et la dernière pelletée de terre sur le cercueil du « bébé » sans vie a été jetée quelques heures seulement après cette fausse couche.
Héraut et garant du cessez-le-feu, le président français en avait fait une espèce de ligne Maginot à ne point franchir. Ne pas respecter la cessation des hostilités qui devait intervenir le mardi 7 mars expose le contrevenant – quel qu’il soit- à des sanctions. Engagement d’Emmanuel Macron. La balle est donc dans le camp du maître de l’Élysée.
Sans se faire la moindre illusion sur la portée du traitement par voie des simples calmants de la maladie appelée « agression« , les Congolais dans leur large majorité savent que seul un remède de cheval susceptible de s’attaquer à l’agent causal du mal peut guérir l’Est du pays. Cette cure est à trouver du côté des forces de défense et de sécurité, gage de la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.
Cela fait un quart de siècle que le pays s’adonne à ce qu’Albert Camus décrit à travers Le mythe de Sisyphe. Pour simplifier, on dirait en kinois « toza ko rond-point« . Guerre d’agression – négociations- absolution des péchés des rebelles devenus qui ministre, qui honorable, qui officier général ou supérieur. Et le scénario reprend à la prochaine agression assortie de rébellion. Du RCD déjà succédané de l’Afdl au M23, le rite est invariablement le même.
Le drame c’est que le pays et tout un peuple payent au prix fort, – celui du sang et du pillage à vaste échelle-, cette tragédie qui tourne en boucle depuis la seconde moitié de la décennie 90.
Ce n’est assurément pas ces tranquillisants de plus ou même de trop que sont les processus de Luanda, de Nairobi ni le fameux cessez-le- feu – énième sédatif – qui mettront un terme au supplice des Congolais. Bâtissons un État régalien fort duquel découlera une armée tout aussi forte. Prenons-nous vraiment le chemin de cette responsabilité collective ? Telle est la question qui vaut toutes les ressources naturelles dont le coltan pillées par les agresseurs visibles et invisibles. José NAWEJ