Les BRICS commencent à devancer le G7, selon une étude de Refinitiv Datastream et Acorn Macro Consulting. La part dans le PIB mondial est à 31,5% contre 30,7% pour le G7. Un économiste malien livre à Sputnik sa vision des choses.
En 2022, le PIB par parité de pouvoir d’achat des BRICS (31,5% du PIB mondial) a dépassé celui des pays du G7 (30,7%) selon une étude de Refinitiv Datastream et Acorn Macro Consulting.
Les tendances de l’économie mondiale dans cette optique ont été commentées pour Sputnik par Modibo Mao Makalou, économiste et gestionnaire financier malien. Il estime que l’écart continuera de se creuser pour plusieurs raisons.
« D’abord en termes de population, de démographie, parce que c’est presque 40% de la population mondiale qui est contenue dans ces pays des BRICS. Mais aussi en termes de nouvelles adhésions, parce qu’il y a beaucoup de pays émergents qui sont en train de frapper à la porte des BRICS comme l’Arabie saoudite, l’Algérie, l’Argentine, l’Indonésie« , explique M.Makalou.
Changements démographiques
La tendance haussière en termes de membres au sein de cette organisation ira de pair avec une hausse des revenus et une croissance de la population.
« Il faut comprendre que c’est la démographie qui va surtout jouer parce qu’effectivement ce sont des zones de croissance économique. Ce sont ces zones au sein des BRICS qui tirent en général la croissance mondiale, surtout l’Inde et la Chine en ce moment. »
Cependant, la situation démographique est en train de changer dans le monde.
« Il y a un problème sérieux de démographie dans les pays industrialisés qu’on appelle communément le G7 et il y a une forte croissance de la population dans les pays que nous venons de mentionner« , fait remarquer M.Makalou.
Une des conséquences de ce recul démographique consiste dans le fait que « les pays industrialisés sont en train de se désindustrialiser« .
Selon l’économiste, le déclin des pays industrialisés est à prévoir, surtout des pays européens et des États-Unis.
L’inévitable déclin de l’Occident
A contrario, la partie du monde qualifiée souvent de Sud global (les pays asiatiques, l’Afrique, une partie du Moyen-Orient et une partie de l’Amérique latine) connaîtront un essor.
« Le déclin de l’Occident est inévitable. Il est même prévu qu’à l’horizon 2050 la donne va complètement changer parce que la plupart des BRICS actuels vont faire partie des 10 économies les plus performantes au monde. »
D’autant plus que le nombre de pays africains au sein des BRICS ira croissant.
« La Chine, puis les autres pays des BRICS, aimeraient qu’il y ait plus d’autres pays africains parce qu’il y a certaines grandes puissances africaines qui aimeraient intégrer les BRICS« , explique M.Makalou.
S’industrialiser pour ne pas être des pourvoyeurs de ressources
L’expert considère que l’Afrique amorcera sa transformation structurelle en travaillant avec ce groupe pour développer son industrie et cesser d’être le continent où les pays développés puisent leurs matières premières.
« Cela va nous permettre de nous industrialiser et ne pas être des pourvoyeurs de matières premières uniquement. Tout cela va faire que la donne va changer au niveau du commerce mondial et que les pays vont avoir le choix de commercer avec qui ils veulent.«
En résumé, l’économiste estime que pour intégrer une nouvelle donne au niveau de l’économie mondiale des réformes sont nécessaires pour les pays africains le plus rapidement possible.
« La démographie a changé, l’Afrique a changé, l’Asie a changé, l’Europe est en train de changer et même les États-Unis sont en train de changer. Il va falloir s’adapter à cette nouvelle donne, puis apporter un plus juste et équitable équilibre aux affaires économiques et financières du monde. »