A Bulungu, Muzito: «un propriétaire foncier doit avoir un titre de concession perpétuelle de sa terre»

Adolphe Muzito poursuit sa tournée dans le grand Bandundu avec pour thématique principale la titrisation des terres ancestrales qui a focalisé le clair de son adresse à Bulungu où il est arrivé le samedi 11 mars. Ce, après Kolokoso, Fatundu, Kikwit, Idiofa et  Gungu. A la tribune maman Mayuma, le Premier ministre honoraire s’est adressé à une foule compacte composée de militants et sympathisants de Nouvel Elan, portant des drapeaux aux couleurs du parti. «Parmi les thématiques pour lesquelles je fais ma tournée, la  plus grande, c’est le conflit intercommunautaire qui s’est produit entre les Teke et les Yaka à Kwamouth pour laquelle je me déplace. Nous devons chercher comment éviter que cela ne se reproduise plus», a annoncé Adolphe Muzito dont le message était précédé par des cris scandés par la population « Muzito banda okenda dollars emata». (en lingala, ‘’depuis que tu es parti, le dollar a pris l’ascenseur’’, NDLR.)

Le chef du gouvernement honoraire a consacré le clair de son adresse sur le sujet ayant trait à la titrisation des terres ancestrales. Question de bien sensibiliser les filles et fils de Bulungu à ce sujet ayant provoqué un conflit intercommunautaire meurtrier entre les Teke et les Yaka qui a entraîné la mort de plusieurs centaines de personnes et le déplacement des centaines d’autres dans le territoire de Kwamaouth.

«Nous devons dialoguer avec les chefs de village, les propriétaires fonciers, les chefs coutumiers, les chefs de groupement. Entre eux, il existe des conflits, entre chefs de terre et chefs de groupement, entre chefs de terre et les chefs de secteur», a-t-il fait savoir.

Et en économiste chevronné, Adolphe Muzito s’est offert une partie de calculs avec ses interlocuteurs dans le domaine de la densité de la population. Question de leur montrer l’importance de la terre.

« NOUS SOMMES 50 HABITANTS AU KM2 »

«Au Congo, nous sommes 120 millions d’habitants avec une superficie de 2 345 000km2. Si nous divisons le nombre d’habitants par cette superficie, nous aurons 50 habitants au km2. Si nous divisons par hectare, un Congolais a deux hectares. Donc, nous aurons 100 habitants au km2. Nous sommes au-dessus de la moyenne. Nos frères du Kwango nous dépassent en superficie de la terre. Ils ont plus ou moins 90 000 km2, tandis que nous au Kwilu nous avons plus ou moins 78 000 km2. Ils nous dépassent au moins de la moitié : ils ont plus ou moins 25 habitants au km2, mais nous on est à 100hbaitants au km2. Donc,  conclut-il,  nous n’avons plus assez de terre. Les chefs de village doivent savoir que nous faisons face à la pression démographique ».

Il a précisé en ajoutant qu’à Bulungu, il y a l’avantage d’avoir de la terre fertile car composée essentiellement de la savane par rapport à Gungu, Feshi. Par conséquent, a-t-il conclu, là où il y a de la terre fertile, beaucoup de personnes y vont. Par conséquent « Dans 20 ans, la population va doubler ainsi que la population mondiale », a alerté Adolphe Muzito.

Et le problème est beaucoup plus complexe car il est loin d’être seulement local. «Alors, si nous ajoutons les problèmes que nous apportent les Blancs car ils n’ont pas assez de terre avec 300 habitants au km2 et les Rwandais sont 500 habitants au km2, bientôt ils seront 1 000 habitants/km2. Alors, ça sera encore très grave tel que nous nous battons pour la terre. Par conséquent, préparons-nous-y. D’où ma thématique de la titrisation des terres ancestrales».

REDUIRE AU MAXIMUM LES CONFLITS FONCIERS

Le leader de Nouvel Elan a par conséquent appelé les Bulungoises et Bulungois à disposer d’un titre de propriété pour tout bien dont ils peuvent disposer. Et comme on doit avoir une carte rose pour son véhicule, un propriétaire terrien doit avoir un titre de concession perpétuelle de sa terre.

Il se demande comment actuellement un propriétaire foncier ne peut pas négocier avec un investisseur, seul que seul l’Etat peut négocier et céder autant d’espace de terre qui appartient au propriétaire terrien, que celle-ci renferme des ressources naturelles ou pas. Ainsi, dit-il, le propriétaire foncier doit être sécurisé avant que les investisseurs n’arrivent.

Il préconise de réduire au maximum les conflits liés à la terre entre les membres de famille, l’Etat, les exploitants éventuels en respectant les redevances, les impôts, les taxes foncières ainsi que la part de l’Etat, des propriétaires fonciers car, redoute-t-il, «cette situation risque de nous conduire à une guerre civile les années à venir ». Il estime que pour acquérir la terre, il doit signer non avec l’Etat, mais avec le propriétaire foncier. «Je voudrais que les anciens propriétaires terriens, fonciers, miniers, forestiers deviennent aussi des capitalistes en prenant des actions dans des sociétés qui se créent sur leur terre».

PAS DE CHEQUE BLANC AUX POLITICIENS

Dès le début de son adresse, «Mfumu Mpa», qui était accompagné d’une forte délégation dont son épouse, Chantal Ngalula Ntumba, a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas de la campagne électorale, tout en rappelant  le parcours déjà effectué depuis qu’il a commencé cette tournée :Maindombe, Kwango,, Kenge, Popokabaka, Kasongo Lunda, Kolokoso, Fatundu,, Masimbanimba, Kikwit, Idiofa, Gungu et maintenant Bulungu.. Tout en promettant de poursuivre par la suite sa tournée dans d’autres provinces.

Dans son adresse, l’ancien locataire de la Primature a demandé aux Bulungoises et Bulungois de se méfier des promesses et de ne pas accorder de chèque en blanc aux politiciens lors des prochains scrutins, mais plutôt exiger des programmes ou offres politiques susceptibles de booster leur développement. Ce qui n’est pas le cas pour lui et son parti politique. «C’est pourquoi, je dis que les candidatures de mon parti politique à tous les échelons, annonce-t-il, ne se feront pas dans un bureau, mais en contact avec la population. Que pense la population ? Je dois vérifier sur le terrain. Car, ayant déjà dirigé déjà dans ce pays, je sais qu’au cours de la campagne ce que je dois promettre doit correspondre avec la réalité de vos priorités.  Et de préciser : « Avant d’élaborer mon programme, je dois vous consulter sur ce que je dois faire au cours de cette tournée»

Au cours de ce meeting, Adolphe Muzito a évoqué plusieurs sujets liés à l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), les routes…

A Bulungu, celui qui est affectueusement surnommé le Visionnaire du Congo ou l’Homme des chiffres ainsi que sa délégation ont eu droit à un accueil très délirant. En atteste la foule qui est venue écouter son offre politique. Preuve que sa popularité ainsi que l’ancrage de sa formation politique sur le plan national ne sont plus à démontrer. Kléber KUNGU

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