*Les militaires de l’EAC sont sommés de quitter le sol congolais s’ils refusent de combattre aux côtés des FARDC.
Ce sont des scènes de chaos que la ville de Goma a vécues hier lundi 6 février 2023 matin. Des barricades de grosses pierres jonchant les principales artères de la ville pour empêcher la circulation des véhicules, excepté quelques motos circulant, se faufilant entre les barricades, des boutiques et autres commerces clos… Goma a été une ville morte en cette journée de début de semaine. La population du chef-lieu du Nord-Kivu a exprimé sa colère dans les rues contre la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) qui est restée très inactive face aux terroristes du Mouvement du 23 mars (M23) depuis qu’elle a été déployée dans cette région voilà plus de trois mois.
Toutes les rues de la ville étaient barricadées. Des jeunes, élèves pour la plupart, ont manifesté leur colère face à l’inaction complice de la Force régionale de l’EAC, alors que les terroristes du M23 avancent, aidés par l’armée rwandaise. La ville suffoque et la vie devient intenable. Goma était paralysée. La population a placé de grosses pierres, partout pour exiger le départ de la Force régionale
Ces manifestations ont débuté timidement le week-end, avant de prendre de l’ampleur hier lundi matin à Goma. Les quartiers Katoyi, Majengo, Katindo, Mabanga et Campus de Goma notamment sont bloqués par des manifestants. Une vive tension y règne. Ce qui a nécessité l’intervention des autorités militaires de la province. Le gouverneur militaire Ndima et le Commissaire principal provincial de la police sont descendus sur le terrain pour tenter de dissuader les manifestants sans vraiment y parvenir. Les manifestants en colère ont exprimé ainsi leur ras-le-bol face à des troupes kényanes complices du Rwanda. Une seule revendication dans la bouche des manifestants : que la Force régionale aille au front.
DES COMMERCES PARALYSES
C’est ce que les manifestants ont dit au gouverneur militaire du Nord-Kivu qui a entamé un dialogue avec les manifestants en pleine rue de Goma pour écouter leurs revendications, rapporte Ouragan.cd. « Que font les Kényans ici? « , ont répliqué les manifestants surexcités. Le cortège du gouverneur avait du mal à se frayer un chemin sur une carrière de caillasses qui jonchaient les rues. » Que l’EAC aille combattre le M23 sur la ligne de front « , ont déclaré des jeunes élèves en colère face au chef de la police locale.
Les manifestants ont ciblé quelques commerces et établissements des personnalités soupçonnées de jouer le jeu de l’ennemi. Boutiques, églises et quelques compagnies d’obédience rwandaise ont été légèrement saccagées.
Auparavant, les mouvements citoyens avaient globalement appelé à la désobéissance civile. Veranda Mutshanga, affirmait la détermination de la population de ce coin à faire partir l’EAC et la Monusco qui appuient les terroristes du M23-Rwanda. » Mais aussi faire pression sur Kinshasa qui gère avec légèreté cette nouvelle guerre « , avait averti cette structure citoyenne. Les mouvements pro-démocratie accusent quelques composantes de la Société civile de chercher à protéger l’EAC et la Monusco. » Nous mettons au défi la Société civile de Goma financée par la Monusco et le Comité de la Société civile du Nord-Kivu corrompue par l’EAC lors de leur rencontre pour qu’ils désorientent la population pour leurs intérêts égoïstes. Toute la population sait déjà pour qui vous jouez », avait prévenu la Véranda Mutshanga citée par la source.
FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES CONGOLAIS
L’organisation tient à faire entendre la voix des Congolais qui s’opposent au plan de balkanisation de la RDC sous toutes ses formes par le Rwanda avec l’appui, dit-elle, des États-Unis d’Amérique, de l’Allemagne, de la France et de l’Angleterre. Ce lundi, aucune activité n’a fonctionné dans la ville. Véhicules, motos, boutiques et marchés sont restés fermés. » La population sait comment sanctionner les récalcitrants et les médiocres au service de l’argent et leurs familles au détriment des intérêts du Congo et des Congolais « , a conclu la cellule de communication de la Véranda Mutshanga.
Auparavant, quelques leaders – l’avocat du peuple, Me Jimmy Nzialy Lumangabo et le soldat du peuple, Éric Mumbere Bwanapuwa – ont préparé l’opinion en appelant les Gomatraciens à ne pas sortir de chez eux pour quatre raisons. Primo, pour observer une journée sans travail le lundi 06 février 2023 afin de dire » non à la léthargie et l’inefficacité de l’EAC ; secundo pour exiger le départ de cette force si elle ne peut pas aller au front combattre aux côtés des FARDC, tertio pour dire non aux zones tampons qui prouvent la complicité de l’EAC aux côtés du M23 et quarto pour exiger la libération de toutes les agglomérations occupées par les terroristes du M23 « .
D’autres mouvements citoyens voudraient durcir le ton en souhaitant voir ces manifestations s’étendre sur toute la semaine. » À partir de ce lundi 06 février, la ville de Goma restera sans aucune moindre activité jusqu’au dimanche 12 février 2023. Une manière forte d’exiger la récupération de nos territoires sous occupation des terroristes du M23 « , a alerté un activiste des mouvements pro-démocratie à Goma. Aussi des consignes claires ont-elles été communiquées à savoir : » les casques bleus de la Monusco et les militaires de l’EAC doivent rejoindre les FARDC sur toutes les lignes de front à partir de ce lundi, l’EAC et les casques bleus devront être invisibles dans la ville de Goma; aucun nganda, bistrot, buvette et autres endroits de vente de boissons ne devront ouvrir à partir de ce lundi quand nos compatriotes sont en train d’être tués à Masisi, Rutshuru et Beni par les terroristes « , signale la coordination des mouvements citoyens.
» LE PEUPLE DE LA RDC VEUT LA PAIX «
Pour la population de Goma, si les militaires de l’EAC ne veulent pas combattre aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo, ils devront quitter le territoire congolais sans délai. Les mouvements citoyens demandent aux parents de prendre des dispositions qui s’imposent en s’approvisionnant déjà en nourritures et autres denrées alimentaires de première nécessité. Ce qui signifie que les jours qui viennent seront déterminants sur l’avenir de la Force régionale de l’EAC accusée de faire le jeu de l’ennemi, mieux d’être complice du M23.
Kinshasa, accusé par les manifestants de gérer à la légère la guerre, est appelé bien gérer la situation de Goma pour qu’elle n’embrasse pas tout le pays.
C’est en septembre 2022 que l’EAC et la RDC ont signé un accord pour le déploiement de Cette Force régionale conjointe. Cet accord appuyait la mise en œuvre de la décision du 22ème sommet des chefs d’Etat de l’EAC de déployer une Force régionale conjointe pour combattre les forces négatives en RDC. Au cours de la cérémonie de signature de l’accord portant statut de la Force régionale de l’EAC, plusieurs personnalités ont fait des déclarations qui, aujourd’hui, sont restées lettre morte. C’est le cas notamment de Peter Mathuki, secrétaire général de l’EAC, qui avait déclaré: « Le peuple de la RDC veut la paix. Tous les pays se sont mis d’accord pour monter cette force. Le peuple doit vivre en paix. Tous les pays ont démontré leur volonté politique de se mettre ensemble et de se rassurer qu’il y a la paix en RDC et dans la région
A ce jour, la paix reste encore et toujours une denrée rare pour les Congolais. Tellement, ils estiment que pour l’avoir, pour être en paix, il faut recourir à l’aide des autres et non à ses propres forces. Où est cette paix dont le secrétaire général de l’EAC disait pour plaire aux Congolais : » Le peuple de la RDC veut la paix (…). Le peuple doit vivre en paix » ? Kléber KUNGU