Le Pape François a utilisé 36 fois le mot  »paix » et 15 fois celui de  »pardon »

Lors de sa deuxième journée en terre congolaise, le pape François a dit une messe hier mercredi 1er février à l’aéroport de Ndolo à Kinshasa. Au cours de cette Sainte Messe centrée sur la paix, possible grâce à la force du pardon, à celle de la communauté, et à celle de la mission, devant plus d’un million de personnes, le Saint Père a utilisé 36 fois le mot  »paix » et 15 fois celui de  »pardon ». Preuve qu’il tenait à inculquer aux Congolais les notions de paix et de pardon dont il était porteur.

Dans son homélie, il a rassuré le peuple de Dieu que le Seigneur « nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond« .

 Pour ce Grand pasteur, « le mal n’emporte jamais Jésus, il n’a jamais le dernier mot. C’est lui, le Christ, qui est notre paix (Ep 2. 14) et sa paix est victorieuse. C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus. Il a répété, avec insistance, aux disciples : La paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) : et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique de paix« .

COMMENT GARDER ET CULTIVER LA PAIX DE JESUS

Au cours de cette homélie qui a rassemblé environ un million de personnes sous un soleil accablant, le Souverain pontife a montré comment garder et cultiver la paix de Jésus. « Lui-même, enseigne le Souverain pontife, nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont  « le pardon« , « la communauté » et « la mission« .

Jésus lui-même nous indique les « trois sources de paix » pour continuer à la cultiver, a souligné ensuite le pape François, c’est-à-dire « le pardon« , « la communauté » et « la mission« .

Le pardon. « Jésus connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre !, a souligné le pape François. Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver.  » Aujourd’hui également, a-t-il poursuivi, « nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi de trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! « . « Comme il est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! « , a encore proclamé le pape François en appelant les chrétiens du Congo à écrire  » dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : « Paix à vous ! ».

La communauté. « Quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même ? « , a-t-il interrogé. Et d’apporter cette réponse : « Le moyen, c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains. »

La mission. Le pape François a expliqué que « Nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix » (…)

Pour son homélie, il s’est inspiré de la parole de Jésus aux disciples: « La paix soit avec vous !  » (Jn 20, 19,21). Une parole répétée « avec insistance« , a-t-il indiqué, que « nous sommes appelés à faire nôtre » et cela afin de dire au monde « cette annonce inespérée et prophétique de paix« .

LA CIBLE : LES CONGOLAIS EN SOUFFRANCE

Reprenant les paroles de Jésus qui venait de ressusciter, « La paix soit avec vous« , le Saint Père a livré un message sur la paix qui arrive dans les cœurs « en ruines » des disciples. « Alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie », « la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y aucune lueur de paix« .

Un message qui a atteint bien la cible : les Congolais en souffrance en ce moment où d’autres compatriotes tombent sous les balles des terroristes du M23 soutenus par le Rwanda et autres ADF au Nord-Kivu et des groupes armés en Ituri.

Pour avoir répété 36 fois le mot  »paix » et 15 fois le mot  »pardon » ou  »pardonner » dans une homélie de près de 2 heures, le Saint Père a voulu insister sur des mots qui sont le soubassement de son message au peuple congolais meurtri par une crise multiforme vieille de plus de trois décennies. Sans la paix ni le pardon, il n’y a pas d’espérance ni d’avenir. Mais comment faire la paix avec quelqu’un qui n’est pas prêt à faire autant que vous ? Comment pardonner à votre bourreau, à celui qui est source de vos malheurs ? C’est investi de l’Esprit saint qu’on y parviendra. Il faudra s’inspirer de l’exemple de Jésus Christ qui, le premier, a fait la paix avec ceux qui l’ont crucifié innocemment, en leur pardonnant.

C’est devant le Chef de l’État Félix Tshisekedi, certaines personnalités politiques dont les deux présidents des chambres parlementaires, Modeste Bahati (Sénat) et Christophe Mboso (Assemblée nationale), le Premier ministre Sama Lukonde, ainsi que quelques membres de son Gouvernement, quelques opposants Moïse Katumbi, Martin Fayulu… Kléber KUNGU

Homélie du Pape François à l’aéroport de Ndolo

Bandeko, Bobóto [Frères et sœurs, paix] R/ Bondeko [Fraternité]

Bondéko [Fraternité] R/ Esengo [Joie]

 Esengo, joie : ma joie de vous voir et de vous rencontrer est grande : j’ai beaucoup désiré ce moment, merci d’être là !

L’Évangile vient juste de nous dire que la joie des disciples aussi était grande le soir de Pâques, et que cette joie avait jailli  » en voyant le Seigneur  » (Jn 20, 20). Dans cette atmosphère de joie et de stupeur, le Ressuscité s’adresse aux siens. Et qu’est-ce qu’il leur dit? D’abord, trois mots :  » La paix soit avec vous !  » (v. 19). C’est une salutation, mais c’est plus qu’une salutation : c’est un don. Parce que la paix, cette paix annoncée par les anges la nuit de Bethléem (cf. Lc 2, 14), cette paix que Jésus a promise aux siens (cf. Jn 14, 27), elle est maintenant, pour la première fois, solennellement donnée aux disciples. La paix de Jésus, qui nous est également donnée en chaque Messe, est pascale : elle vient avec la résurrection parce que le Seigneur devait d’abord vaincre nos ennemis, le péché et la mort, et réconcilier le monde avec le Père ; il devait éprouver notre solitude et notre abandon, nos enfers, embrasser et combler les distances qui nous séparaient de la vie et de l’espérance. Maintenant, les distances entre le Ciel et la terre, entre Dieu et l’homme étant annulées, la paix de Jésus est donnée aux disciples.

Mettons-nous de leur côté. Ils étaient ce jour-là complètement abasourdis par le scandale de la croix, blessés intérieurement d’avoir abandonné Jésus en fuyant, déçus de l’issue de son histoire, craignant de finir comme lui. Il y avait en eux de la culpabilité, de la frustration, de la tristesse, de la peur… Eh bien, alors que dans le cœur des disciples ce sont des ruines, Jésus proclame la paix ; alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie. En d’autres termes, la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y a aucune lueur de paix. Ainsi fait le Seigneur : il nous étonne, il nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond. Frères et sœurs, avec Jésus, le mal ne l’emporte jamais, il n’a jamais le dernier mot.  » C’est lui, le Christ, qui est notre paix  » (Ep 2, 14) et sa paix est victorieuse. C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus. Il a répété, avec insistance, aux disciples : La paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) ; et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique de paix.

Mais, nous demandons nous, comment garder et cultiver la paix de Jésus ? Lui-même nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont le pardon, la communauté et la mission.

Voyons la première source : le pardon. Jésus dit aux siens :  » À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis  » (v. 23). Cependant, avant de donner aux apôtres le pouvoir de pardonner, il leur pardonne ; non pas avec des mots, mais avec un geste, le premier que le Ressuscité accomplit devant eux. L’Évangile dit :  » Il leur montra ses mains et son côté  » (v. 20). C’est-à-dire qu’il leur montre ses plaies, il les leur offre, parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Les fragilités deviennent alors des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix. Il ne s’agit pas de tout laisser derrière soi comme si de rien n’était, mais d’ouvrir son cœur aux autres avec amour. C’est ce que fait Jésus : face à la misère de ceux qui l’ont renié et abandonné, il montre ses plaies et ouvre la source de la miséricorde. Il n’utilise pas beaucoup de mots, mais il ouvre grand son cœur blessé pour nous dire qu’il est toujours blessé d’amour pour nous.

Frères et sœurs, lorsque la culpabilité et la tristesse nous oppressent, lorsque les choses ne vont pas bien, nous savons où regarder : vers les plaies de Jésus, prêt à nous pardonner avec son amour blessé et infini. Il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre ! Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver. Frère et sœur, Jésus souffre avec toi, il voit les blessures que tu portes en toi et désire te consoler et te guérir, en te présentant son Cœur blessé. Dieu répète à ton cœur les paroles qu’il a prononcées aujourd’hui par le prophète Isaïe :  » Je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations  » (Is 57, 18).

Ensemble, aujourd’hui, nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! C’est ce que le Christ veut : nous oindre de son pardon pour nous donner la paix et le courage de pardonner à notre tour, le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur. Comme il nous est bon de purifier nos cœurs de la colère, des remords, de tout ressentiment et de toute rancœur ! Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! Qu’il soit l’occasion pour toi, qui portes un lourd fardeau dans ton cœur dont tu as besoin de te débarrasser, de recommencer à respirer. Et qu’il soit un moment propice pour toi, qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences. À toi le Seigneur dit : « Dépose tes armes, embrasse la miséricorde ». Et à tous les blessés et opprimés de ce peuple, il dit : « N’ayez pas peur de mettre vos blessures dans les miennes, vos plaies dans mes plaies. Faisons-le, frères et sœurs; n’ayez pas peur de sortir le Crucifix de votre col et de vos poches, de le prendre dans les mains et de le porter sur le cœur pour partager vos blessures avec celles de Jésus. De retour à la maison, prenez le Crucifix que vous avez et embrassez-le. Donnons au Christ la possibilité de guérir nos cœurs, jetons en Lui le passé, toutes les peurs, toutes les angoisses. Comme c’est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! Et pourquoi ne pas écrire dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : Paix à vous ! Exhibez-la, elle sera une prophétie pour le pays, une bénédiction du Seigneur sur ceux que vous rencontrez. Paix à vous: laissons-nous pardonner par Dieu et pardonnons-nous les uns les autres!

Voyons maintenant la deuxième source de paix : la communauté. Jésus ressuscité ne s’adresse pas à des disciples individuellement, mais il les rencontre ensemble. Il leur parle au pluriel et il donne sa paix à la première communauté. Il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Mais en tant que communauté, où marcher, où aller pour trouver la paix ? Regardons à nouveau les disciples. Avant Pâques, ils suivaient Jésus mais ils raisonnaient encore de manière trop humaine. Ils espéraient un Messie conquérant qui aurait chassé les ennemis, qui aurait accompli des prodiges et des miracles, qui aurait augmenté leur prestige et leur succès. Mais ces désirs mondains les ont laissés les mains vides, pire, ils ont retiré à la communauté la paix en générant des discussions et des oppositions (cf. Lc 9, 46 ; 22, 24). Pour nous aussi, il y a ce risque : être ensemble mais avancer seul en cherchant dans la société – mais aussi dans l’Église – le pouvoir, la carrière, les ambitions… Or de cette manière, l’on suit son propre moi au lieu du vrai Dieu, et l’on finit comme les disciples : enfermé chez soi, vide d’espérance et rempli de peur et de désillusions. Mais voici qu’à Pâques ils retrouvent le chemin de la paix grâce à Jésus qui souffle sur eux et dit :  » Recevez l’Esprit Saint  » (Jn 20, 22). Grâce à l’Esprit Saint ils ne considèreront plus ce qui les divise mais ce qui les unit ; ils iront dans le monde non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres ; non pas pour avoir de la visibilité mais pour donner de l’espérance; non pas pour gagner l’approbation mais pour dépenser leur vie avec joie pour le Seigneur et pour les autres.

Frères et sœurs, le danger pour nous est de suivre l’esprit du monde plutôt que celui du Christ. Et quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même? Le Seigneur nous le suggère à nouveau par l’intermédiaire du prophète Isaïe, en disant :  » Je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés  » (Is 57, 15). Le moyen c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains. Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter car ils sont des membres de notre communauté, et non pas des étrangers à ôter de notre vue et de notre conscience. Ouvrir notre cœur aux autres, au lieu de le fermer sur nos problèmes ou sur nos vanités. Repartons des pauvres et nous découvrirons que nous partageons tous une pauvreté intérieure ; que nous avons tous besoin de l’Esprit de Dieu pour nous libérer de l’esprit du monde ; que l’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse. Croyons en la communauté et, avec l’aide de Dieu, édifions une Église vide d’esprit mondain mais remplie d’Esprit Saint, libre de toute richesse pour soi-même et pleine d’amour fraternel!

Enfin, nous en arrivons à la troisième source de la paix : la mission. Jésus dit aux disciples :  » De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie  » (Jn 20, 21). Il nous envoie comme le Père l’a envoyé. Et comment le Père l’a-t-il envoyé dans le monde ? Il l’a envoyé pour servir et donner sa vie pour l’humanité (cf. Mc 10, 45), pour manifester sa miséricorde pour chacun (cf. Lc 15), pour chercher ceux qui sont loin (cf. Mt 9, 13). En un mot, il l’a envoyé pour tous : pas seulement pour les justes, mais pour tous. En ce sens, les paroles d’Isaïe résonnent à nouveau :  » Paix ! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche ! – dit le Seigneur  » (Is 57, 19). À ceux qui sont loin d’abord, et aux proches : pas seulement aux « nôtres », mais à tous.

Frères et sœurs, nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix. C’est un choix : c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après et ne sont pas des obstacles ; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus. C’est croire que nous, chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec tous, à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine. Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, sont appelés par définition à être la conscience de paix du monde : non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ; non pas ceux qui revendiquent leurs droits mais à ceux de l’Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ; non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’amour fou que Dieu a pour chaque être humain.

Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays : la Paix soit avec vous. La Paix soit avec vous : que ces paroles de notre Seigneur résonnent dans nos cœurs, en silence. Sentons qu’elles s’adressent à nous et choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde.

Moto azalí na matói ma koyóka [Celui qui a des oreilles pour entendre]

R/Ayoka [Qu’il entende]

Moto azalí na motéma mwa kondima [Celui qui a le cœur pour consentir]

R/Andima [Qu’il consente]

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