La Chine remet en cause le rapport
de l’IGF jugé non conforme à la réalité

La publication du rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) sur le contrat chinois a provoqué moult réactions. Aussi bien dans la partie chinoise que congolaise. Dans un communiqué rendu public, le vendredi 17 février, l’ambassade de Chine en RDC reproche à l’IGF d’avoir produit un rapport non conforme à la réalité, infondée, illusoire. Elle affirme que le contrat chinois constitue un bel exemple d’un partenariat gagnant-gagnant et il s’agit d’un fait indéniable.

En outre, l’ambassade atteste que plusieurs réalisations palpables prouvent que la partie congolaise a bénéficié de cette coopération. Tout en encourageant les entreprises chinoises à travailler avec leur partenaire congolais, la représentation chinoise va continuer à défendre les droits et intérêts légitimes de ses entreprises et riposter résolument à toute violation des droits et intérêts légitimes de ces dernières.

Au cours de cette même journée, dans une note, la Sicomines, conteste tant la compétence de l’IGF, que la procédure suivie, en violation des droits de la Sicomines, et le contenu de ces documents, lesquels font fi du mécanisme mis en place par la RDC au travers de la Convention de collaboration et les droits bénéficiés à la Sicomines, et en particulier du droit d’être entendu. De plus, les critiques et mesures injustifiées mises en œuvre contre la Sicomines nuisent au bon fonctionnement de cette entreprise et du Projet de coopération, portant atteinte en définitive aux intérêts du pays et du peuple congolais, peut-on lire dans ce communiqué. Toujours, face à ce fameux rapport de l’IGF, l’ancien chargé de communication du bureau de coordination des programmes sino-congolais, John Omombo, a réagi sur les antennes de la RTGA. En ce qui concerne les 12 milliards de dollars USD dont parle l’IGF, l’ex porte-parole souligne chiffres à l’appui, que ce montant est au-delà du chiffre d’affaires que devrait générer la Sicomines. Il a mis en exergue les profits dont a bénéficié la partie congolaise. Ci-dessous, l’intégralité des communiqués de l’Ambassade de Chine et de la Sicomines et l’intervention de John Omombo.

Ancien chargé de communication du bureau de coordination des programmes sino-congolais, John Omombo, a réagi à la publication du rapport de l’inspection générale des finances (IGF) qui a dénoncé le déséquilibre du contrat signé entre la RDC et la Chine pour l’exploitation des ressources naturelles.

Derick Katola : L’IGF critique sévèrement le contrat signé entre la RDC et la Chine. Vous en tant qu’ancien porte-parole du bureau de coordination des programmes sino-congolais, quelle lecture faites-vous du rapport publié par l’IGF ?

John Omombo : J’ai lu 16 exigences et 31 points de conclusion mais au niveau de la forme j’ai eu l’impression qu’il s’agit d’un rapport politique. Parce que déjà au cours de la réunion dont la communication était essentiellement destinée aux partis, j’ai vu que et les parties et la presse ont découvert le document au même moment, ce qui pose déjà un problème. En plus, j’ai eu l’impression qu’on n’a pas aussi accordé la parole aux parties. Mais ce que je vaudrais dire c’est qu’il ne faut pas confondre réserve certaine et réserve estimé. Les dix millions de tonne de cuivre dont on parle dans ce projet de coopération ce sont les estimations. Ce qui vaudrait dire que si dix millions de tonnes de cuivre représentent nonante milliards de dollars cela ne veut pas dire qu’on a remis nonante milliards de dollars aux Chinois. Simplement parce que ces réserves n’ont pas été cédé à la Chine. Ce sont des réserves mises à contribution pour une exploitation commune, c’est-à-dire la Chine à travers le groupement d’entreprises chinoises constituées des sociétés d’Etat en Chine et le groupe Gecamine, qui est la partie congolaise. Donc, les droits et titres sont une propriété de la République démocratique du Congo, tandis que les gages, les prêts au niveau de la banque c’est plutôt les entrepreneurs chinois qui ont apporté des garanties. Il nous faut comprendre que les gisements du Congo nous appartiennent et les dix millions de tonnes de cuivre sont à nous. Il est prévu qu’après le remboursement de tout l’argent que cet outil revienne à la RDC. Sur le plan de la production, j’ai aussi constaté qu’il y a des chiffres qui sont avancés et qui circulent sur les réseaux sociaux. On parle de douze milliards, il semble que les entreprises chinoises se sont payé neuf milliards les banques chinoises ont eu deux milliards et la RDC n’a obtenu que 850 millions à travers le financement de ses infrastructures. En fessant un petit calcul, si pour la première phase de la production de la Sicomines, il était prévu une production annuelle de 125 mille tonnes de cuivre et quand vous prenez les 125 mille tonnes de cuivre vous les multipliez par le prix de la tonne qui est 9 mille, ça nous donne 1125 mille. Et, lorsque vous multipliez ce chiffre par 6 qui représente six ans, ça vous donne 6 milliard sept cent-cinquante millions d’USD. Ce chiffre n’atteint pas dix milliards. Alors quand on parle de 9, 10 ou 12 milliards, je pense que ce sont des chiffres qui sont au-delà du chiffre d’affaires que devrait générer la Sicomines. Là, je ne parle pas de gain, mais les chiffres qu’on nous présente ici se sont des gains. Moi, je parle du chiffre d’affaires et ce que l’IGF ne peut pas nous présenter un tableau clair qui indique réellement qu’il y a eu cet argent qui a été généré comme gain, ça c’est très important.

« Le Congo gagne et dans la rentabilité financière et dans la rentabilité économique parce que le Congo est actionnaire à travers la Gecamine et 32% lui reviennent »

CK : Pensez-vous qu’il soit nécessaire, impérieux à ce jour de revisiter ce contrat signé entre la RDC et les sociétés chinoises

JM : La négociation est une activité permanente, c’est pour ça qu’il y avait le bureau de coordination. Aujourd’hui il y a l’agence qui est là pour jouer le rôle d’interface et de facilitation parce qu’il faut rapprocher les parties c’est pour ça aussi qu’il y a des avenants. Il y a eu l’avenant numéro 1, 2, 3 aujourd’hui nous en sommes au 4ème. Donc ça ne sert à rien de s’attaquer aux compatriotes qui ont participé aux négociations avec la partie chinoise parce qu’ils l’ont fait en hommes respectables. Les gens ont oublié dans quel contexte ce contrat a été négocié. C’était au moment où le pays n’était pas fréquentable et où la Gecamine dans tous les autres partenariats n’avait pas 20% de participation. C’est ce projet qui a influencé les autres partenariats et la Gecamine a pu voir sa participation être relevée. Ça ne sert à rien de s’attaquer aux Chinois pour ce qui est du déséquilibre dans la participation au capital social. C’est un faux débat, parce que l’enjeu est ailleurs. Il faut plutôt qu’on relève le débat sur la rentabilité économique, la rentabilité financière. Et sur ces deux points, le Congo gagne et dans la rentabilité financière et dans la rentabilité économique parce que le Congo est actionnaire à travers la Gecamine et 32% lui reviennent. Au niveau de la rentabilité économique il y a toutes les externalités positives dont bénéficie la RDC. Entre autres, l’emploi de ces citoyens, l’impôt qu’il faut payer et ainsi de suite et quand vous regardez les études qui ont été menées dans les autres pays qui ont des partenariats miniers, ils n’ont pas 32% des parts comme la RDC. Au Pérou, par exemple, le pays a donné 100% aux Canadiens. Lorsqu’un investisseur vient s’installer dans un pays c’est avantageux pour le pays parce que ce dernier gagne à travers les impôts, la taxe, la douane etc. et l’emploi de ces citoyens. Ceci est le rôle de l’Anapi qui est d’assurer la promotion des investissements, veiller à l’amélioration du climat des affaires. Aujourd’hui, le pays, a besoin d’un investissement étranger pour se développer parce que notre budget n’est pas à la hauteur de nos ambitions et la Chine représente plus de 60% de l’investissement étranger de notre pays. Dois-je rappeler que la zone du boulevard Triomphal est devenue une zone sino-congolaise, avec des infrastructures un peu partout qui sont construites dans le cadre du programme sino-congolais. La construction de l’imposant Centre culturel qui est en face du Palais du peuple est un don de la Chine, le Congo n’a donné aucun rond. Sur base de tout ça, doit-on vraiment s’attaquer à des partenaires qui, chaque fois lorsque le pays est en détresse, sont là aux cotés de la RDC. Le Congo n’a meilleur ami que la Chine.     Fyfy Solange TANGAMU

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